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"Transformé en torche" à 10 ans, Loïc s’est retrouvé en chaise roulante: "J’ai connu beaucoup de malheurs dans ma vie mais je viens de réaliser mon rêve"

Brûlé sur la majorité de son corps à l’âge de 10 ans, Loïc a perdu l’usage de ses jambes. Il a ensuite dû affronter d’autres difficultés. Malgré cette douleur accumulée, il vient de concrétiser un projet qui lui tenait à cœur. Il se dit aujourd’hui heureux. Un témoignage poignant chargé d’espoir.

"Certains pensent que quand on est handicapé, la vie s’arrête. Mais ce n’est pas le cas. Il faut croire en ses rêves et ses espoirs. On peut y arriver", assure Loïc, un jeune homme de 27 ans. Il nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour partager "l’histoire de sa vie douloureuse". "Aujourd’hui, je suis très heureux malgré mon fauteuil roulant", assure-t-il.


"J’ai mis une allumette dedans et le bidon a explosé"

Sa vie bascule fin mai 1999. Loïc est alors âgé de 10 ans. Il vit avec ses parents, son frère et sa sœur dans une maison à Marche-en-Fammenne, en province de Luxembourg. Un jour, le garçon commet un acte irréparable."J’étais un gamin un peu fou fou. J’ai joué avec un bidon d’essence qui se trouvait dans la cabane du jardin. J’ai mis une allumette dedans et le bidon a explosé. Je suis sorti de la cabane en courant, en flambant comme une torche", raconte Loïc.

En le voyant, son père prend une couverture et se jette sur lui pour essayer d’éteindre les flammes. Il appelle ensuite les secours qui arrivent rapidement sur les lieux. Après avoir reçu les premiers soins, le garçon est emmené à l’hôpital de Marche, avant d’être transféré en urgence vers le CHU de Liège, capable de gérer des brûlures aussi graves.


Plongé dans un coma pendant quatre mois

"J’ai été brûlé sur plus de 83% de la surface de mon corps", indique Loïc."Comme mes brûlures étaient trop conséquentes et que les médecins avaient peur que je souffre, ils m’ont placé dans un coma prolongé pendant quatre mois", précise-t-il.

Le jeune homme n’a plus de souvenir après son premier transfert à l’hôpital. Mais l’accident en lui-même est ancré dans sa mémoire. Un drame qui le hante toujours."J’en fait encore des cauchemars pendant la nuit. Cela fait déjà 17 ans et j’y pense encore."

Pendant son séjour à l’hôpital, Loïc subit plusieurs greffes de peau."J’ai failli perdre mon bras gauche, sur lequel j’ai une grande cicatrice" Le garçon de 10 ans reçoit aussi pas mal de médicaments."On m’a donné beaucoup de calmants. Donc je me souviens juste de mon réveil après quatre mois de coma. J’étais dans le cirage, un peu inconscient", relate-t-il.


"On a annoncé à mes parents que je ne pourrai plus marcher"

Fragilisé par son état, l’enfant est touché par des infections."Ce n’est pas à cause de mes brûlures que je ne peux plus marcher. J’ai eu des microbes à la clinique qui ont provoqué un arrêt cardiaque pendant quelques secondes. Mon cerveau n’a pas été assez oxygéné", assure-t-il. "On a donc annoncé à mes parents que je ne pourrai plus marcher. Ils étaient en larmes."

Loïc passe ensuite de longs mois en revalidation, toujours à Liège. "Je devais tout réapprendre, à lire, à écrire, à calculer, à me servir d’un ordinateur. Je ne savais plus manger tout seul, ni aller aux toilettes. Ma vie a été chamboulée par ce drame. Heureusement, mes parents étaient très présents et ont payé tous les suppléments pour mes traitements."

Le garçon a ensuite pu continuer sa scolarité à l’école spécialisée de Marloie. Un établissement scolaire primaire et secondaire qui offre un enseignement spécialisé.

Depuis la fin de ses études, Loïc ne travaille pas mais bénéficie d’une allocation de l’AWIP (agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées) pour subvenir à ses besoins. Depuis son admission au centre de revalidation, il consulte notamment un kinésithérapeute tous les jours pour améliorer sa mobilité.


Nouvelle tragédie: la mort de sa maman 

En 2007, une nouvelle tragédie assombrit sa vie. Sa mère perd la vie. "Touchée par un cancer du sein, elle a fait des chimiothérapies et passait beaucoup de temps à l’hôpital. Puis elle a été mieux et elle voulait faire une reconstruction mammaire. Mais elle n’a pas eu le temps… Des métastases se sont installées dans le foie", indique Loïc avec chagrin. Après seulement quelques mois, sa mère décède. "J’ai vu ma maman partir. Je l’ai vue jusqu’à son dernier souffle. J’étais très proche d’elle. Dix ans plus tard, c’est encore difficile pour moi d’en parler car ça me rend triste."

Cadet de la famille, Loïc se retrouve seul avec son père dans leur maison. "Mon frère et ma sœur étaient partis pour leurs études." En 2009, un événement va fortement marquer le jeune homme. "Mon père buvait énormément. Un jour il m’a frappé. Il s’est défoulé sur moi. Après ça, j’ai décidé de quitter la maison. J’avais 19 ans", confie-t-il. Depuis ce jour-là, il n’a plus de contact avec lui.

Il trouve alors refuge chez son oncle à Bruxelles. Mais ce dernier éprouve des difficultés à s’occuper de son neveu. "J’ai habité deux mois chez lui. C’était trop lourd pour lui parce que je n’étais pas 100% autonome comme aujourd’hui. Je ne savais pas m’habiller tout seul ni me laver. J’ai donc dû trouver en catastrophe un centre pour personnes handicapées", se souvient-il.


Un séjour de 7 ans dans un centre spécialisé 

Loïc trouve une place en tant que résident chez "Les Elfes", un centre situé à Libramont qui accueille 35 personnes en situation de de grande dépendance. "J’ai vécu là-bas pendant sept ans. C’est une bonne partie de la vie. Il y avait beaucoup de personnes au handicap vraiment lourd. Donc j’étais plus ami avec les éducateurs qu’avec les autres résidents du centre."

Récemment, le jeune homme a réalisé son rêve et celui de sa mère: revenir vivre dans un appartement à Marche-en-Famenne, sa ville natale. "J’y suis arrivé par ma détermination et mon envie", se réjouit-il. 


Une volonté et une ténacité qui portent ses fruits

Pour concrétiser son projet, Loïc a bénéficié du soutien du personnel du centre."Pendant son séjour ici, il a travaillé pour acquérir plus d’autonomie. Et c’est grâce à sa volonté et sa ténacité qu’il y est parvenu. Lorsqu’il nous a parlé de son projet, nous l’avons donc encouragé", indique Jacqueline Aarts, directrice de l’asbl "Les Elfes". 

Loïc a également reçu de l’aide du service d’accompagnement "Sésame" dont la mission est de promouvoir les capacités des personnes handicapées en recherche d’autonomie et de mieux-être."Ils m’ont beaucoup aidé dans les démarches", explique le Wallon.

La première étape a lieu en décembre 2016. Un test d’un mois dans un appartement à Libramont, en collaboration avec le CPAS."C’était une façon pour nous de défendre la demande de Loïc en démontrant qu’il possède bien le potentiel nécessaire, que ce n’était pas une lubie de sa part. Surtout qu’il existait des craintes au niveau familial. Il fallait donc rassurer son entourage", explique Jacqueline Aarts. 


"C’est un combat de tous les jours" 

Depuis deux mois, Loïc vit dans un appartement adapté à Marche-en-Famenne."Je me débrouille comme je peux. La cuisine c’est un peu délicat. Je ne sais pas prendre une casserole d’eau bouillante parce que c’est trop dangereux. J’ai des aides familiales qui viennent donc m’aider", explique-t-il. 

Son meilleur ami et son frère, qui habitent la région, viennent régulièrement lui rendre visite. Il a également gardé contact avec sa sœur. "Elle habite à Charleroi, donc elle vient de temps en temps parce que c’est loin."

De nature positive et déterminé, Loïc est motivé pour garder son sentiment actuel de bonheur."C’est un combat de tous les jours pour essayer de pouvoir rester dans mon appartement. Je prends toujours un médicament pour détendre mes muscles. Malgré tout, je suis aujourd’hui comblé", assure le Wallon, qui voue également une passion pour la musique électronique. "Mon autre rêve est de pouvoir aller un jour au festival Tomorrowland."

Il nous confie également avoir couché sur papier son histoire. Un livre qu’il espère publier un jour.

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