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Prof, un métier pénible? Martine, 33 ans de carrière, l'affirme: "Quand j'ai débuté, mes collègues prenaient leur pension à 50 ans"

Les profs du nord et du sud du pays main dans la main ce mercredi pour dire non à la réforme de leurs pensions. Une rencontre nationale est organisée à Bruxelles car ils souhaitent tous que leur métier soit reconnu comme pénible. C'est le cas de Martine, institutrice maternelle depuis 33 ans en région liégeoise, qui ne veut pas travailler plus longtemps.

Martine fait partie des institutrices qui sont opposées à l'allongement de la durée de carrière. Pour elle qui a vécu un burn-out de 2 ans, il est inconcevable de travailler jusqu'à 65 ou 67 ans.

"Pour moi, ce n'est pas possible, ni 62 non plus. Quand j'ai débuté, mes collègues prenaient leur pension, pas pré-pension mais leur pension, à 50 ans. On l'a mise à 55, puis c'est passé à 58, 62, puis maintenant on veut nous faire aller à 67, lance-t-elle ce matin sur Bel RTL au micro de Samuel Ledoux. Il y a 17 ans d'écart, imaginez, c'est quasiment une demi-carrière en plus. Moi, je dis que c'est impossible. On va aller vers des dépressions, vers des burn-out, vers des fatigues physiques, psychologiques, ça ne va pas être possible."


Les difficultés physiques

Le métier d'institutrice maternelle est très physique. Martine le vit au quotidien. "Constamment courbé, on est tout le temps debout. On n'est quasiment jamais assis, tout le temps sollicités aussi", explique-t-elle.

Et c'est sans compter le nombre d'enfants à gérer et le bruit dans la classe : "Les enfants sont de plus en plus bruyants, de plus en plus difficiles, ils ne savent plus rester en place, et il y a un bruit constant."


"Les parents en demandent de plus en plus"

Malgré l'amour de son métier, toutes ces difficultés ont mené Martine au burn-out durant 2 années, car la charge émotionnelle est aussi un facteur de pénibilité.

"C'est stressant parce qu'on a évidemment un peu le poids de la société : les parents qui en demandent de plus en plus à l'école", ajoute l'institutrice.

Aujourd'hui, il n'y a pas que l'apprentissage, les enseignants ont de nombreux rôles à jouer.

"Je peux vous affirmer que dans la carrière d'enseignant, ce ne sera pas possible pour de plus en plus de monde d'aller jusqu'à 65 ou 67 ans, estime Luc Toussaint, secrétaire régional enseignement CGSP. Ce qu'on affirme, c'est qu'il y a nécessité d'avoir la possibilité de quitter la carrière à un âge moins avancé que ce qui est envisagé pour le moment."


Rencontre nationale ce mercredi

Les syndicats enseignants du nord et du sud du pays unissent leurs forces pour obtenir la reconnaissance de la pénibilité de leur métier dans le cadre de la réforme fédérale des pensions. Ils le feront savoir ce mercredi puisque 400 enseignants francophones et néerlandophones sont attendus pour cette rencontre nationale.  

Les syndicats réclament que le métier d'enseignant soit reconnu comme métier pénible. Ce qui n'est pas garanti dans l'actuel projet. Une non reconnaissance comme métier lourd aura comme conséquence que les enseignants devront travailler plus longtemps et que le montant de leur pension sera amputé, estiment les syndicats. Ils n'excluent pas de passer à des actions plus rudes, s'ils n'obtiennent pas gain de cause.

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