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Ce conducteur de la STIB n'en peut plus des camions de livraison qui stationnent sur la bande des bus: "35 minutes perdues"

Mohammed est chauffeur de bus depuis 10 ans à Bruxelles et chaque jour, il perd beaucoup de temps, car la bande qui lui est normalement réservée est occupée: "Les embouteillages sont causés par tous ces camions de livraison n’importe où et spécialement sur les bandes bus ! 35 minutes perdues à De Brouckère, non pas à cause des travaux du piétonnier. Résultat: des clients mécontents qui manquent de respect aux chauffeurs", nous explique-t-il via le bouton orange Alertez-nous.


"Je pourrais vous en envoyer tous les jours"

Pour preuve, il nous a envoyé ces quelques photos qui illustrent bien la situation: sur la bande de circulation réservée au bus, rue de l’Ecuyer, au centre de Bruxelles, impossible de circuler: des camions de livraison déchargent pour fournir les établissements de la rue. "Je pourrais vous en envoyer tous les jours tellement le problème est récurrent ! Malheureusement je dois garder mes mains sur le volant...", plaisante le chauffeur de la STIB.


 
 
Ce problème est évidemment connu de la société de transports en commun. "On sait que ça arrive fréquemment et que ça impacte soit nos bus soit nos trams. Le bus peut encore faire un écart et doubler la voiture mal stationnée, mais ce n’est pas le cas partout. Et si c’est un tram qui se retrouve coincé derrière, lui ne peut pas faire d’écart. Le problème de mauvais stationnement a un impact sur la vitesse commerciale de nos bus et nos trams, les clients, mais aussi le reste du trafic", réagit Cindy Arents, porte-parole.



Une pénalité de la STIB...

Si cela arrive, que doit faire le conducteur ? Il doit prévenir le dispatching, qui prévient à son tour la police pour faire enlever le véhicule. De son côté, la STIB peut émettre une amende: "Toutes les minutes de retard, ce sont des minutes de pénalité. On compte les minutes de retard, si c’est un tram, ou plusieurs lignes… le risque est que l’amende peut grimper assez rapidement. C’est parce que ça nuit au transport public : si le tram bloque une rue qui est étroite, ça n’impacte pas que les voyageurs dans le tram, mais celui derrière et les automobilistes. Le respect du code de la route, ça sert à tout le monde", ajoute la porte-parole.


... mais aussi une amende

Il y a donc la pénalité infligée par la STIB, mais également l’amende pour l’infraction au code de la route: "Stationner sur une bande de bus est une infraction du 1er degré qui vaut une amende de 58 euros", nous dit Benoît Godart, porte-parole de Vias. Il nous indique qu’en 2016, plus de 171.000 véhicules ont été verbalisés pour stationnement illicite en Région bruxelloise, mais que cela comprend aussi le stationnement sur les trottoirs, les pistes cyclables, etc. L’institut ne dispose pas de chiffres spécifiques pour les véhicules garés sur une bande de bus.


Les camions de livraison n'ont pas vraiment le choix

Quelle serait la solution pour enrayer ce phénomène? D’autres situations où les voitures empruntaient les bandes réservées au bus ont bien été évitées dans certaines zones, grâce aux écluses, ces bacs larges qui piègent les véhicules mais laissent passer les transports en commun. Ici non plus, pas de chiffre exact, mais il y en aurait une vingtaine en région bruxelloise. Elles seraient une solution efficace, selon la STIB.

Mais comment empêcher que les camions de livraison stationnent sur les bandes de bus ? A observer la photo prise par notre chauffeur, on constate bien que ceux-ci n’avaient pas vraiment d’autre choix.


Pourquoi ça bloque ?

Le chauffeur nous explique que dans cette rue, le changement de sens de la circulation, avec l’arrivée du piétonnier, a augmenté le phénomène: "Avant le piétonnier, cette rue était en descente et la bande bus sur le côté gauche (actuel) les camions ne dérangeaient pas plus que ça car ils se mettaient sur la bande réservé aux voitures. Depuis que la rue est dans le sens de la montée (vers gare centrale), la bande réservée aux voitures est pleine et notre bande bus est squattée par les camions de livraison".

"Les PV ne servent à rien"

Quelle sera la solution selon lui ? "Définir des heures de livraison pour les restos situés dans toutes ces petites rues où les camions ne peuvent passer, créer une zone de livraison afin que ces camions n’obstruent plus la circulation (surtout aux heures de pointe), et dépanner immédiatement tous les véhicules qui se mettraient sur cette zone. Les PV ne servent à rien, ils ne fluidifient pas la circulation. Et le lendemain, c’est un autre qui viendrait se garer..."


Bientôt des caméras automatiques

Bruxelles Mobilité envisage de placer des caméras automatiques afin de contrôler et sanctionner les véhicules qui empruntent des voiries qui ne leur sont pas destinées: "C’est un projet qui va être lancé et concrétisé en premier lieu au niveau des 2 nouveaux aménagements de la chaussée d’Ixelles et de la chaussée de Louvain, qui seront des rues réservées aux bus et taxis entre 7h et 19h, avec livraisons autorisées jusque 11h sur des aires dédiées. Les caméras permettront de reconnaître les véhicules qui peuvent ou non circuler dans ces voiries, avec système de sanction à l’appui", détaille Camille Thiry.


"Les livreurs ne feront jamais de longues distances chargés de dizaines ou de centaines de kilos"

Si la gestion de la rue empruntée par le chauffeur de bus n'incombe pas à Bruxelles Mobilité - la rue de l'Ecuyer est une voirie communale, non régionale - nous avons demandé à l'administration bruxelloise son avis sur ce phénomène qui se rencontre aussi ailleurs dans la capitale, et plus précisément sur les suggestions du chauffeur: "Vu les établissements à proximité et les besoins en livraisons (boissons ou matériel de cuisine), les livreurs ne feront jamais de longues distances chargés de dizaines ou de centaines de kilos dans une rue en pente. Changer les heures de livraison peut se révéler compliqué, idem pour l’enlèvement des véhicules…".

La porte-parole avance une piste: "Faire un peu comme au goulet Louise, et autoriser les livreurs à s’arrêter sur la chaussée en dehors des heures de pointe mais du côté gauche, de façon à ce que ce soient les automobilistes qui doivent se déporter et non les bus, taxis et vélos".

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