Accueil Actu

A Grenoble, Casanova et Venise relient peinture du XVIIIe et BD

Quel point commun entre Canaletto et Manara ? Une Venise à travers le temps, lumineuse et industrieuse pour le peintre du XVIIIe, sensuelle et mystérieuse pour le dessinateur de bande dessinée, un double regard présenté à Grenoble.

Ce n'est pas la première fois que la Fondation Glénat initie un dialogue entre les époques. Il s'agit "de montrer que la BD est un art contemporain et que ses artistes ont le même talent que ceux du XVIIIe siècle", plaide Jacques Glénat, patron éponyme des éditions.

Des "vedute" -- vues de Venise, exaltant sa beauté -- rappellent qu'au siècle des Lumières, les jeunes gens des bonnes familles européennes entreprenaient un "Grand Tour" des villes emblématiques dont l'incontournable Venise.

Ces tableaux de formats réduits, "cartes postales" avant l'heure, étaient particulièrement prisés des Britanniques, principaux clients de Canaletto. L'exposition dévoile des œuvres du maître et de son école, qui quittent rarement leur musée, comme Le Louvre et Jaquemart-André.

Ce XVIIIe siècle fut aussi celui de Giacomo Casanova, l'aventurier, espion, écrivain et libertin. Et c'est sur ses pas, dans une Cité des Doges plus noctambule et interlope, que la Fondation Glénat a envoyé six auteurs de bande dessinée en juin et septembre. Pour en revenir avec des œuvres inédites, exposées en écho aux "vedute".

Les Français Loustal et François Avril, le Belge Griffo, l'Américain Miles Hyman, le Sud-coréen Kim Jung Gi, les Italiens Manara et Liberatore et le Suisse Zep ont arpenté les dédales de la Sérénissime.

Griffo, qui avait déjà illustré 15 albums de Giacomo C. (scénarisés par Dufaux) sans s'être jamais rendu à Venise, personnage central de l'épopée, avait "peur d'y aller, d'être déçu" en découvrant enfin cette "ville imaginée", dessinée à partir d'une documentation.

Par crainte de la foule, il s'est levé à 4h00 tous les matins "pour avoir une ville vide, avec juste les ouvriers, les boulangers", et finalement c'était "mieux que ce que j'avais imaginé".

"C'est vraiment une pièce de théâtre ! Avec deux visages, un côté de grandeur avec des perspectives et puis vous prenez une ruelle et vous accédez aux intestins de la ville", raconte-t-il à l'AFP.

Pour Liberatore, venu à Venise dès l'âge de 10 ans en voyage scolaire, la surprise ne fut pas la même. Cet artiste estampillé "dessinateur de corps" a pris un malin plaisir à ne faire apparaître aucun personnage. Il a conjugué Venise au passé -- un portique vénitien avec une flaque de sang --, au présent -- une porte cochère rongée par la montée des eaux -- et au futur -- une cité en ruine à moitié engloutie où naviguent encore des paquebots géants.

(Exposition jusqu'au 16 juin au Couvent Sainte-Cécile. www.couventsaintececile)

À lire aussi

Sélectionné pour vous