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Géraldine, 20 ans, choquée par un parc animalier en Wallonie: "Enclos ridiculement petits, une prison pour animaux"

Pourtant, ce parc animalier respecte les normes en vigueur. Des règles qui sont "durcies" année après année, comme on nous l'ont confié les autorités wallonnes en charge du Bien-être animal. Du côté du zoo en question, on regrette que les gens "parlent sans connaître les animaux et leurs besoins", et on conseille aux gens qui ne supportent pas voir des animaux en captivité "de ne pas venir".

Géraldine a récemment visité un parc animalier de la province du Luxembourg, en région wallonne. Cette jeune fille de 20 ans, étudiante à l'université de Namur, n'a pas apprécié cette sortie effectuée en famille lors de ces premiers beaux jours de l'année. "Nous avons visité un parc animalier. Nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir non pas un parc mais une prison pour animaux: des enclos ridiculement petits, un jaguar qui tournait en rond dans une cage minuscule, des chouettes n'ayant même pas assez d'espace que pour ouvrir leurs ailes, un porc-épic sur du tarmac et j'en passe... Sans compter l'absence totale d'herbe dans tous les enclos, l'absence de point d'eau ou si présent, une eau noirâtre, nauséabonde et odorante...", a dénoncé Géraldine via notre bouton orange Alertez-nous.

En effectuant quelques recherches sur les réseaux sociaux, nous avons rapidement découvert d'autres témoignages similaires à celui de Géraldine. Y a-t-il dès lors maltraitance des animaux dans ce parc ? La législation wallonne n'impose-t-elle pas certaines règles qui visent à assurer le bien-être de ces animaux en captivité ?

"On a toujours respecté les normes"

En tout cas, du côté du parc en question, on est au courant que des messages peu flatteurs circulent sur les réseaux sociaux. Et les visiteurs, lorsqu'ils viennent y passer une journée, font-ils aussi part de ces vives critiques ? "Mais non, on n'a jamais personne qui vient nous dire quelque-chose en face. C'est bien plus facile planqué derrière son PC et en crachant sa haine sur les réseaux sociaux. C'est malheureux, parce qu'il y a des soigneurs dans le parc et des gens à l'accueil qui connaissent leur métier et pourraient expliquer les choses. Parce que souvent, les remarques montrent que les gens ne connaissent pas les animaux en question, ni leurs besoins", regrette la responsable presse de la société.

Et si, au parc en question, on reconnaît que tout n'est pas parfait, il y a un point essentiel sur lequel ils souhaitent insister: "On a toujours respecté les normes. Lors de contrôles, on n'a jamais été en infraction", nous assure-ton, ce qui a d'ailleurs été confirmé par les autorités wallonnes. "Maintenant il y a parfois des remarques, mais ça c'est normal. On nous dit que ce serait bien de faire ceci, de faire cela. Mais ça se limite toujours à des recommandations. De toute façon vous savez, quand on veut accueillir une nouvelle espèce, ont doit respecter un cahier des charges très précis. Et les contrôles sont réguliers. Donc ne pas être aux normes est quasi impossible".


Comment se déroulent ces contrôles ?

Géraldine, notre témoin, n'en revient pas. Si ce parc respecte les normes en vigueur, "il serait temps de les revoir. Honnêtement, chez nous, toute la famille a été choquée. On ne pensait pas voir ça en Belgique. On est quand-même dans un pays développé, où l'animal a sa place, le bien-être animal est pris en compte", s'interroge-t-elle. "Le pire, c'est le jaguar. Cet animal est là, seul, et il a une plus petite cage que mon salon", ajoute-t-elle.

"Le cas du Jaguar est particulier. Il est vrai qu'il n'a que 20 à 25 mètres carrés de plus que ce que nous imposent les normes", avoue-t-on au parc. "Mais il faut aussi comprendre que c'est un animal dangereux et que cet enclos doit être parfaitement sécurisé. Faire des grands enclos pour ce type d'animal, ce n'est pas évident, donc parfois on est un peu forcé de se contenter des normes requises, d'être à peine au-delà, mais c'est parce qu'il y a d'autres impératifs qui nous empêchent de faire plus", justifie-t-on.

Du côté du du ministre du Bien-être animal en région wallonne, Carlo Di Antonio, on tempère aussi et prévient que les apparences peuvent être trompeuses. "Il faut faire attention parce que parfois on peut avoir l'impression qu'il y a une maltraitance, or ce n'est pas le cas. Un exemple récurrent est celui d'animaux qui ont des poils gelés en hiver. Des gens dénoncent le fait qu'il est scandaleux de les laisser dehors, or ces animaux supportent le froid et ces poils gelés forment une couche d'isolation pour l'animal", prévient Marie Minet, sa porte-parole.

Cela étant, des règles existent et il est impératif de s'y conformer. "C'est comme pour la police. Des vétérinaires font des contrôles, avec des sanctions en cas de manquement aux règles en vigueur. La fréquence des contrôles est aléatoire. On ne peut donc pas dire exactement quand ils ont ou auront lieu. Mais en tout cas, ces contrôles sont réguliers", ajoute Marie Minet, précisant que les cas de non-respect des normes dans les zoos ou parcs animaliers étaient extrêmement rares. "C'est plus lors de contrôles qui se font dans la sphère privée que l'on découvre vraiment des choses qui ne vont pas, que ce soit avec des NAC (Nouveaux animaux de compagnie) ou même des animaux plus courants".


Comment un contrôleur rend-il son verdict ?

La plupart des cas de maltraitance sont découverts grâce à des dénonciations. La région wallonne a d'ailleurs mis en place un site internet via lequel tout citoyen peut alerter les autorités d'une situation qui lui paraît contraire au bien-être animal. Encore une fois, la quasi totalité des cas de maltraitance dénoncés relèvent de la sphère privée.

Dans les parcs animaliers, des vétérinaires et spécialistes de certaines espèces vont à la rencontre des animaux détenus en captivité. Ils les auscultent, et analysent aussi leurs conditions de vie. "Tout doit être pris en compte. L'espace dont jouit l'animal, la nourriture qui lui est donnée, le fait qu'il ait accès à un abri, le fait qu'il ne peut pas être attaché en permanence...", confie Marie Minet.

Au terme des inspections, le vétérinaire adresse ses remarques. Ou pire: il dresse un PV pour maltraitance animale et contraint l'établissement à procéder à des changements immédiats. "Il n'y a pas de bulletin, avec des notes de 0 à 10. Ce n'est pas comme ça que cela fonctionne. Soit l'établissement respecte les normes en vigueur, soit il y a des modifications à faire", conclut Marie Minet.


Les clients "jamais contents" ?

Dans le parc animalier pointé du doigt par Géraldine et d'autres visiteurs via les réseaux sociaux, on s'interroge sur les raisons qui poussent certains clients à se plaindre et leur réelle volonté d'améliorer les choses. "On a des chats sauvages qui ont un enclos de 30 mètres carrés. Une fois, quelqu'un a fait remarquer qu'il leur fallait 3 kilomètres carrés. Alors déjà ce n'est pas vrai, mais en plus personne ne les verrait et alors les gens viendraient se plaindre de ne pas les apercevoir. On a l'inverse avec les loups. Ils sont trois et les normes imposent un enclos de 1.200 mètres carrés. Chez nous, ils en ont 2.500. Eh bien, quand ils sont à l'autre bout, les visiteurs râlent parce qu'ils ne les voient pas bien", nous explique-t-on.

Par ailleurs, la responsable presse de l'établissement reconnait qu'il est impératif de rester à l'écoute des clients, mais de préférence en face à face plutôt que via des messages qui ne leur sont pas directement adressés sur internet. "Bien entendu, les remarques positives, qu'elles viennent du public ou des vétérinaires lors de contrôles, on les écoute, on s'y intéresse, et on essaie d'en tenir compte pour améliorer les choses. C'est dans l'intérêt de tout le monde", nous dit-on.


"On a tendance à serrer la vis"

Quant à Géraldine, son expérience ne lui aura pas laissé un bon souvenir. Désormais, elle porte un autre regard sur les zoos, où il est évident qu'un animal n'aura de toute façon pas la liberté dont il jouit dans la nature. "Loin d'être vegan ou autres types de personnes avec des idées assez "extrêmes" sur le sujet, je m'interroge tout de même sur la condition de vie de ces animaux. Mais par dessus tout, ne serait-il pas temps que les citoyens prennent conscience de ces horreurs et changent leur mentalité ? Le respect mutuel que nous demandons ne passerait-il pas d'abord par le respect des autres races et la conscience que ces animaux sont autres choses que du divertissement ?", s'interroge-t-elle.

De son côté, les autorités affirment que les règles relatives au bien-être des animaux étaient régulièrement adaptées. "La réglementation sur le bien-être animal évolue au fur et à mesure. De manière générale, on serre la vis car le rapport aux animaux a changé et les normes ont été durcies".

A parc animalier, on préfère déplacer le débat. "On comprend que certaines personnes n'aiment pas voir des animaux en captivité. Et on peut les comprendre, sans aucun souci. Mais alors, elles ne doivent pas venir. Vous savez, vous pouvez prendre le plus beau parc animalier au monde, un animal y sera toujours en captivité. Si on n'aime pas voir cela, alors je ne comprends pas qu'on vienne passer une journée ici", nous a-t-on déclaré.

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