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Un torrent de boue a ravagé le jardin de Christophe et Kelly à Dison en juin 2016, mais ils n'ont pas encore été indemnisés: pourquoi?

Christophe et Kelly ont vu leur jardin être ravagé par un torrent de boue en juin 2016. Ils habitent a Dison, la commune où, le 6 juin, de fortes pluies ont causé d'importantes inondations. Depuis, ces mauvaises conditions météo ont été reconnues calamité publique, mais le couple attend toujours d'être indemnisés.

Le 6 juin 2016, une partie de la Belgique est touchée par des pluies diluviennes qui causent d’importantes inondations. C’est notamment le cas de la commune de Dison où un torrent d’eau et de boue envahit les rues, emportant tout sur son passage, même un imposant conteneur. Christophe et Kelly vivent à 400 mètres de la place du village et ils se souviennent encore très bien de ce jour particulier. "Il y a eu un gros orage avec de la grêle et ça a tourné en grosse drache. Il y a un petit ruisseau qui passe juste derrière chez moi, il est sorti de son lit, a commencé à monter à une hauteur quand même assez impressionnante. Du coup, tout ce qui était dans mon jardin est parti. On a tout retrouvé dans les rues un peu plus bas", nous raconte Christophe.

 
"La puissance de l’eau, il faut le voir pour le croire"

Quand la pluie commence à tomber, Christophe se trouve à Liège où il suit une formation. Paniquée par la montée très rapide des eaux, Kelly lui téléphone et lui demande de revenir au plus vite. Quand il arrive chez lui, le Disonais a de l’eau jusqu'à la taille. "La puissance de l’eau, il faut le voir pour le croire. Ça fait 17 ans que j’habite ici, c’est la première fois que ça arrivait. La vitesse à laquelle c’est monté, ça s’est passé sur 1/2h-1h et puis c’était comme si de rien n’était. Il restait les dégâts, mais l’eau était partie", se rappelle-t-il.


Leur assurance ne couvre pas ce qui se trouve dans le jardin

Ces inondations sont assez rapidement reconnues calamité publique par le Gouvernement wallon. C’est une bonne nouvelle pour Christophe et Kelly qui ne savaient pas que leur assurance ne couvre pas ce qui se trouve dans leur jardin et qui peuvent donc prétendre à une indemnité de réparation. "Je venais de terminer mon jardin, j’avais mis des palissades qui coûtent une fortune, +/- une centaine d’euros/pièce et j’en avais mis +/- une quarantaine. J’avais un module de jeu en bois pour enfants que j’avais acheté pour 700€. Il y avait les vélos des enfants, tous les jouets, une piscine. Il y avait quand même pas mal de choses qui sont parties avec l’eau", détaille-t-il.


 
À l’occasion de ces inondations, le couple de Dison apprend également que les murets qui se trouvent de part et d'autre du ruisseau qui coule entre leur maison et leur jardin leur appartiennent également. Avec la montée des eaux, ils se sont effondrés, tout comme le petit pont qui traverse le ruisseau, et c’est à Christophe et Kelly de les faire reconstruire.

 
Ils rentrent un dossier extrêmement détaillé

Plusieurs semaines après les inondations, les Disonais reçoivent par courrier la confirmation qu’il s’agit bien d’une calamité publique et participent à une réunion générale durant le mois de janvier. Après cette réunion, ils introduisent leur dossier de demande d’indemnisation. Pour ce faire, ils remplissent plusieurs formulaires et détaillent de manière très précise tous les dégâts subis et tout ce qu’ils ont perdu. Ils joignent également factures, photos, actes, etc, qui servent de preuves, estimation du préjudice, composition de ménage, certificat de propriété, copie du contrat de mariage et copies des contrats d’assurance.

Tout est donc fait comme demandé par l’administration, mais près de deux ans plus tard, ils n’ont toujours rien reçu. Si Christophe a pris contact avec notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous, c’est pour nous faire part de son mécontentement. "Le Fonds des Calamités m’a affirmé que j'aurais une indemnité vu que cette catastrophe a été reconnue et à l'heure actuelle, je n'ai toujours rien. Je trouve que ça fait longtemps et j'imagine que je n'aurai jamais rien. Je ne sais pas quoi faire", nous écrit-il.


  
"Nous comptons 27 dossiers pour la commune de Dison, 7 sont encore en cours d’instruction"

Depuis l’introduction de sa demande d’indemnisation, Christophe téléphone régulièrement au Fonds des Calamités, mais il obtient toujours la même réponse : "Ils me disent qu’ils n’ont pas d’expert pour venir voir et pour dédommager les gens". En effet, tous les dossiers introduits par les Disonais pour ces inondations n’ont pas encore été clôturés. "Nous comptons 27 dossiers pour la commune de Dison. Sur ces 27 dossiers, 7 sont encore en cours d’instruction", nous répond Nicolas Yernaux, porte-parole du service public de Wallonie.

Christophe et Kelly peuvent cependant espérer, M. Yernaux nous informe que tous les dossiers devraient être traités avant la fin de l’été au plus tard. En tout, pour les inondations du 6 juin 2016, toutes régions confondues, 655 dossiers ont été introduits et 485 décisions ont, pour l'instant, été rendues par le Fonds de Calamités.


Quelle indemnisation vont-ils recevoir?

Christophe et Kelly ne savent pas encore à combien ils auront droit. Leurs pertes sont de l’ordre de plusieurs milliers d’euros. Au Service Public de Wallonie, on nous explique que l’indemnité de réparation est calculée de la façon suivante :

  • L’expert régional évalue tout d’abord le coût normal de réparation ou de remplacement des biens sinistrés. Il s’agit du montant brut des dommages ;
  • Ce montant brut est éventuellement diminué de la valeur des matériaux récupérables. L’expert tient également compte d’une éventuelle diminution de valeur due à la vétusté matérielle ou économique (par ex. pour un ancien hangar qui n’est plus utilisé).
    On obtient ainsi le montant net des dommages ;
  • Si ce montant net dépasse 250 euros (la franchise,) l’indemnité est alors calculée par tranches, auxquelles est appliqué un coefficient :


S'ils ont pu fournir les preuves de matériels neufs, Christophe et Kelly devraient recevoir une belle indemnisation.

     

Le Fonds des Calamités a été créé en 2014 par la Région wallonne suite à la décision prise dans la 6e réforme de l’État de transférer la matière des calamités naturelles (publiques et agricoles) aux régions. Depuis la régionalisation, le Gouvernement wallon a reconnu 13 phénomènes naturels comme calamités naturelles publiques. Le Fonds wallon des calamités est alimenté par le budget régional (dotation annuelle).

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