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Présidentielle au Venezuela: les tentes rouges de la discorde

La musique s'échappe d'une tente rouge installée dans une favela de Caracas par le PSUV, le parti au pouvoir. Après avoir voté, les partisans de Nicolas Maduro viennent s'y inscrire, espérant recevoir la récompense promise par le président sortant, également candidat.

Mais ces "points rouges", situés parfois à quelques dizaines de mètres à peine des bureaux de vote, a constaté l'AFP, étaient au cœur d'une controverse dimanche. Dans la soirée, Nicolas Maduro a été déclaré vainqueur de la présidentielle par l'autorité électorale.

L'opposition et les adversaires du chef de l’État, Henri Falcon et Javier Bertucci, ont accusé le camp présidentiel d'exercer un "chantage" au vote et un "contrôle social" sur les citoyens à travers ce dispositif.

"Dans les points rouges on est en train de manipuler gravement le vote", a dénoncé M. Bertucci.

"C'est jouer avec la faim de nos compatriotes", a déclaré dimanche soir M. Falcon.

Tout au long de la campagne, le chef de l’État a promis des primes au vote aux détenteurs de "carnets de la patrie", un objet au format de carte de crédit qui permet de bénéficier des programmes sociaux.

Mais samedi, à la veille du vote, la présidente du Conseil national électoral (CNE), Tibisay Lucena, a exclu toute prime aux électeurs.

"Il n'y aura pas de versement de bonus ou de prime dans les points politiques" installés par les partis, a affirmé Tibisay Lucena lors d'une conférence de presse, assurant que ces sites ne pouvaient pas se trouver à moins de 200 mètres des bureaux de vote.

"Je suis chaviste 100% et qu'il y ait à manger ou pas, je continue d'être chaviste", déclare à l'AFP Magalis Torres, 51 ans, levée à l'aube pour tenir ce "point rouge" qui attend les électeurs.

Officiellement ouverts à tous les Vénézuéliens dans le besoin, les "carnets de la patrie" sont essentiellement distribués dans les quartiers populaires du Venezuela, où se trouve l'électorat traditionnellement chaviste, la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013.

- Tout dans un QR code -

Malgré l'annonce de l'autorité électorale, les électeurs présents dans ces "points rouges", interrogés par l'AFP, s'attendaient à recevoir la prime promise par le chef de l’État.

"Je suis à la recherche des aides (du gouvernement), tout le monde veut les primes", a déclaré Maximino Ramos après s'être enregistré dans le quartier de Petare, dans une tente située à 50 mètres à peine du bureau de vote.

Si le "carnet de la patrie" n'est pas exigé pour voter, les électeurs chavistes, lors de leur inscription dans les "points rouges", se faisaient scanner le QR code apposé sur cette carte par des militants du PSUV.

Ce QR code contient, outre la photo du titulaire, ses informations personnelles: nom, prénom, numéro de carte d'identité, lieu de résidence, s'il milite ou non et les programmes sociaux dont il bénéficie.

Feliciano Tovar, 62 ans, assure que personne ne l'a obligé à venir s'inscrire. "Je suis venu volontairement. La dernière aide (de 1,5 millions de bolivars, soit 1,5 dollars au marché noir, qui fait référence) je l'ai reçue en mai pour la fête du travail".

Avec son vote, il espère que "le pays va remonter la pente", alors qu'il explique que la situation "critique" a conduit une de ses trois filles à quitter le pays. "Les deux autres veulent partir aussi, je vais rester seul", se plaint-il.

Dans une des files d'attente, Luis Rojas, retraité de 66 ans reçoit également des aides du gouvernement.

Il attribue la crise à "une guerre économique" menée par un groupe de pays. "Je soutiens Maduro car c'est quelqu'un qui travaille durement", explique Luis Rojas.

Ailleurs, Manuel Rodriguez, un avocat de 67 ans, soutient aussi le camp au pouvoir et estime que l'opposition a boycotté cette élection à cause des rivalités internes.

"Dans l'opposition, les ambitions personnelles ont primé sur un véritable désir de sortir Maduro et ça, les gens le voient".

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