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"La mort de la petite Mawda a ému beaucoup de monde": des centaines de manifestants ont réclamé justice pour la fillette de 2 ans

Environ 600 personnes, selon l'estimation finale de la police de Bruxelles-Ixelles sur place, se sont rassemblées mercredi de 17h30 à 19h00 devant le Palais de justice de Bruxelles pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement fédéral, au nom de Mawda, l'enfant de 2 ans tuée par balle dans une camionnette transportant des migrants kurdes prise en chasse par la police.

"La mort de la petite Mawda a ému beaucoup de monde", constate notre journaliste Nathanael Pauly, en direct devant le Palais de Justice de Bruxelles, où se tient actuellement un rassemblement de plusieurs centaines de personnes. "Les participants sont invités à accrocher des vêtements d’enfants et des nounours, sur une corde à linge. C’est un rassemblement symbolique pour lui rendre hommage".

"Tout d’abord, c’est un moment de deuil, on a proposé un deuil national, le gouvernement ne faisant pas grand-chose, on a proposé un moment de tristesse, de recueillement, entre tous les citoyens qui sont très émus de cette situation, de tristesse adressée à la famille, qui est touchée par ce que nous faisons", explique Mathieu Bietlot, l'un des organisateurs du rassemblement. 

L’organisateur estime qu’il s’agit aussi d’un moment de colère: "C’est anormal, aujourd’hui, en 2018, que la police tire par balles sur une enfant, sur des migrants, qui ne sont pas armés, qui ne sont pas dangereux, on a vraiment une colère contre ce qui s’est passé, et contre la façon dont le gouvernement a essayé de minimiser les faits".


Rappel des faits

Jeudi, entre 2H00 et 3H00 du matin, des policiers ont pris en chasse une camionnette suspecte pendant un long moment avant de pouvoir l'arrêter. A son bord, une vingtaine de migrants kurdes, dont 4 enfant. Mawda est décédée dans l'ambulance la transportant à l'hôpital.


"Il n'y avait pas d'armes dans la camionnette" et "un seul coup de feu a été tiré, par un policier", a pour sa part déclaré à l'AFP l'avocat de la famille, Olivier Stein, joint par téléphone.

"Le parquet n'aurait pas fait preuve d'autant de confusion sur la façon dont la petite fille était morte si on avait posé directement la question à mes clients, qui ont été traités plus comme des auteurs d'une infraction que comme des victimes", a-t-il ajouté.

Les autorités judiciaires ont indiqué à l'avocat que "la balle a été tirée en pleine course-poursuite, au moment où la camionnette roulait à 90 km/h, depuis une des voitures de police dont les plus avancées se trouvaient à hauteur de la camionnette.


Police des polices

Mardi, M. De la Serna et le procureur du roi de Mons-Tournai, Christian Henry, sont venus devant la presse fournir quelques éclaircissements à l'affaire qui a provoqué un vif émoi en Belgique.

Dans un premier temps, le parquet de Tournai avait indiqué que le décès n'était pas lié à une balle, en se basant sur un rapport préliminaire d'un urgentiste, avant de se rétracter mais de rester "très prudent" sur l'origine du tir mortel.

Une enquête a été confiée au "Comité P", la police des polices belge. "Nous attendons un rapport balistique et les auditions des autres policiers dont nous n'avons pas encore eu l'accès", a précisé M. Henry, selon des propos rapportés par Belga.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'attention des policiers avait été attirée par les fausses plaques de la camionnette, stationnée sur un parking d'autoroute dans les environs de Namur. Le véhicule a démarré à l'approche des forces de l'ordre, début d'une course-poursuite à vive allure pendant de longs kilomètres.

Le véhicule suspect a tenté à plusieurs reprises de provoquer un accident, selon les premières constatations, et n'a pas répondu aux injonctions des policiers.

Il a finalement été intercepté après l'intervention de renforts, en s'arrêtant de lui-même. Mais le conducteur n'a pas été identifié.

"C'est la loi du silence, personne ne veut dire qui conduisait ce véhicule", a souligné Christian Henry.

Les parents de la fillette étaient à bord du véhicule. La famille était hébergée dans un gymnase de Grande-Synthe, près de Dunkerque dans le nord de la France, selon les autorités françaises.

Les deux magistrats belges ont évoqué la question de l'impact du démantèlement de la "jungle" de Calais, camp de migrants dans le pays voisin, la Belgique, assurant voir "régulièrement des gens qui transportent des migrants dans des conditions inhumaines, voire criminelles" vers l'Angleterre.

Si les parkings d'autoroute en Flandre (ouest) sont particulièrement surveillés, ceux de Wallonie (sud) pourraient l'être moins, a avancé Ignacio de la Serna.

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