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Abattage rituel: le gouvernement autrichien recadre l'extrême droite

Le gouvernement autrichien a catégoriquement rejeté vendredi toute idée d'établir des listes de clients de religion juive habilités à acheter de la viande casher en réponse aux déclarations d'un élu d'extrême droite qui dit vouloir circonscrire les abattages rituels au nom de la protection animale.

"Le gouvernement autrichien rejette toute forme d'enregistrement à caractère personnel en lien avec l'achat de viande casher. Une telle idée est hors de question et ne sera assurément jamais mise en place en Autriche", a écrit sur twitter le porte-parole du gouvernement, Peter Launsky-Tieffenthal.

Un projet de circulaire administrative régionale visant à réguler l'abattage rituel des animaux a suscité ces derniers jours l'émoi des communautés juive et musulmane en Autriche qui y voient l'effet d'une campagne de l'extrême droite pour les stigmatiser.

L'Autriche "protège les libertés et les droits fondamentaux de nos concitoyens juifs et garantit qu'ils sont respectés et nullement entravés", a ajouté le porte-parole.

Le projet controversé émane des services en charge de la protection animale dans l'Etat de Basse-Autriche, placés sous la responsabilité d'un élu FPÖ (extrême droite). Le texte affirme que l'abattage rituel, c'est à dire sans étourdissement préalable des bêtes, ne doit être pratiqué que "dans les proportions strictement nécessaires".

Pour cela, il faudrait prouver que le nombre et la domiciliation des personnes pratiquantes justifient la quantité d'animaux abattus.

Les responsables de la communauté juive autrichienne, destinataires de ce projet, ont dit craindre l'établissement d'une "liste" de juifs habilités à acheter de la viande casher. Juifs et musulmans ont recours à cette méthode d'abattage autorisée dans le cadre du respect des pratiques religieuses.

Gottfried Waldhäusl, l'élu régional FPÖ à l'origine de la circulaire, qui fait campagne de longue date contre l'abattage rituel, a lui-même multiplié cette semaine les interviews où il défend la nécessité d'établir des registres pour contrôler l'abattage rituel qu'il dit vouloir "faire reculer".

La dirigeante de l'Etat de Basse-Autriche (nord-est), issue du parti conservateur ÖVP, avait assuré qu'il n'en était pas question. La communauté juive d'Autriche (IKG) a estimé que ce débat visait notamment à "diaboliser une pratique pour diaboliser des minorités".

La polémique autour de cette initiative a rapidement pris un tour national dans un pays où l'extrême droite gouverne avec les conservateurs (ÖVP) du chancelier Sebastian Kurz depuis décembre 2017. Les controverses autour des accointances de membres du FPÖ avec l'idéologie raciste voire neonazie se sont multipliées depuis l'arrivée au pouvoir de cette formation fondée notamment par d'anciens nazis.

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