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L'arnaque des aires d’autoroute sévit TOUJOURS: "J’ai décidé de perdre 200 euros supplémentaires pour éviter un plus grave danger"

L'escroquerie subie par Giovanni a débuté à la station-service de Ruisbroek, le long du ring de Bruxelles. L'homme a perdu au total 400 euros.

Le phénomène est connu et nous l'avons rapporté à plusieurs reprises sur RTL info (voir nos articles précédents en bas de page). Pourtant il continue de faire des victimes. Giovanni en est une nouvelle. Le Tarciennois se rendait en voiture à Bruxelles samedi dernier, pour y faire du shopping. Arrivé sur le ring de la capitale, il décide de faire une halte à la station-service de l’aire de Ruisbroek en milieu d’après-midi. Il s’arrête sur le parking, quand tout à coup, on l’interpelle. Et c’est là que tout commence. "Deux jeunes individus m’accostent, au volant de leur Citroën C5 gris métal immatriculée en Irlande. Le conducteur, qui est donc à droite du véhicule, a ouvert sa vitre et m’a demandé de faire de même", nous raconte-t-il via le bouton orange Alertez-nous.


"Ils avaient besoin d’aide"

Giovanni, méfiant, entame tout de même la conversation avec le conducteur. Celui-ci lui indique que lui et son frère, l’autre passager, viennent de tout perdre. Ils ont été victimes d’un vol dans leur voiture à la Gare du Nord. Et ils n’ont plus rien : ni carte de banque, ni papiers d’identité. Le hic, c’est qu’ils doivent repartir le soir-même chez eux, à Dublin, en ferry au départ de Calais. Ils ont besoin d’argent, rapidement. "Il avait la tête d’un bon anglais sympathique et jouait très bien la comédie", explique Giovanni. "Ils m’ont demandé de les mener à un Western Union pour que la femme du conducteur puisse m’envoyer de l’argent que je leur restituerais ensuite". 


"J’ai été touché par leur histoire et j’ai été embobiné"

Pour pousser le vice, et prouver sa "bonne volonté", le conducteur propose à Giovanni de prendre une photo de son ticket de ferry. Et il lui montre même une photo de sa femme sur Facebook, en lui expliquant qu’il est quelqu’un de bien, et qu’il est un bon chrétien, nous rapporte le témoin. Il lui montre pour cela un de ses tatouages, une croix, et le passager fait de même, poursuit Giovanni.

Malgré les doutes et les hésitations, Giovanni commence à baisser la garde. "J’ai été touché par leur histoire et j’ai été embobiné", admet-il. Le conducteur décide tout à coup de grimper à bord de la voiture de Giovanni, et commence à devenir insistant. Il lui demande de suivre l’itinéraire de son application GPS pour se rendre à une banque. "Il devenait insistant, oppressant. Il ne s’agissait plus de Western Union. Si ça femme m’envoyait de l’argent depuis l’Irlande, cela prendrait 48 heures. Il leur fallait 200 euros tout de suite".


"Ils étaient deux, j’étais seul"

Se sentant en danger, Giovanni accepte de se rendre à un distributeur automatique, dit-il. Il débite son compte des 200 euros demandés. Il a pourtant voulu faire marche arrière, garder l’argent et se sortir de ce pétrin. Mais il était trop tard, poursuit-il: "Je ne savais plus quoi faire. Il m’a menacé et m’a demandé 200 euros supplémentaires, car c’était 200 euros par personne. Son complice nous avait suivis. Ils étaient deux, j'étais seul. J’ai décidé de perdre 200 euros supplémentaires pour éviter un plus grave danger". 


Un dispositif connu

L’histoire de Giovanni est loin d’être isolée. Et d’autres automobilistes avant lui ont également été victimes d’une telle arnaque. Le dispositif est à chaque fois le même, et il est bien rodé, comme le confirme Guy Theyskens, porte-parole de la police fédérale. "Ce sont des automobilistes qui sont approchés par des personnes qui veulent rentrer au pays. Ils laissent même une carte de visite pour pouvoir être recontactés. Ils jouent sur la corde sensible et sur l’aspect charitable des gens. On aime bien aider son prochain et on ne se méfie pas toujours". Malgré tout, des tels faits ne sont pas non plus rapportés tous les jours. "On est au courant que ça existe mais ce n’est pas quelque chose de très fréquent". 


Abus de confiance

Une chose à faire dans ce cas : porter plainte, même si les chances de retrouver les arnaqueurs sont assez faibles. C’est en tout cas ce qu’a fait Giovanni, qui a déposé plainte à la police de Bruxelles-Capitale Ixelles. Sa déposition, comme nous le rapporte Olivier Slosse, le porte-parole de la zone de police en question, a été classée dans la catégorie "abus de confiance". Là aussi, difficile de se prononcer sur la fréquence de ce type de faits. "C’est difficile de faire des statistiques, car tout dépend de l’encodage qui est fait lors du dépôt du procès-verbal. Pour la qualification abus de confiance sur autoroute, depuis le 1er janvier 2017, on ne compte qu’une seule plainte. Et ce n’est même pas pour un fait similaire". 

La police ne cesse par contre d’alerter les citoyens sur ce type d’arnaque. "Il ne faut pas être naïf", insiste Guy Theyskens, de la police fédérale. "Ce qu’on conseille dans ce cas-là, c’est d’être relativement prudent, de ne pas croire telle quelle l’histoire que quelqu’un vous raconte". Et si finalement malgré tout, vous vous faites avoir, pensez à ces quelques réflexes : relever la plaque d’immatriculation du véhicule, sa marque et son modèle. Et appeler la police. Ou, s’il est trop tard et que les arnaqueurs ont déjà pris la fuite, vous rendre le plus rapidement possible dans un commissariat. Et il ne faut pas avoir peur ! "Ce n’est pas évident de faire la démarche non plus, car on s’est fait avoir", rapporte le porte-parole. Pourtant, sans aucun témoignage, les arnaqueurs continueront à œuvrer en toute impunité. C’est en tout cas ce qu’a fait Giovanni, qui espère ainsi que, grâce à cela, d’autres personnes ne se feront pas extorquer de la sorte.

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