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Pollution de l’air: "BRUXELLES NOUS TUE"

Bruxelles serait une ville plus polluée que Pékin ou encore Los Angeles. C’est en tout cas ce que semble montrer un site internet qui reprend des mesures de pollution de l’air dans les grandes villes.

Ronald n’en peut plus de la pollution. Ce banquier d’affaires, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, partage sa vie entre Bruxelles et New-York, et la question de la qualité de l’air est un sujet qui lui tient vraiment à cœur. "Je suis sensible à cela, c’est quelque chose que je suis quasiment quotidiennement", explique-t-il. Pour s’informer, il va, logiquement, sur internet et il est tombé sur un site qui l’a beaucoup interpellé.

Ce site, c’est aqicn.org. Il compile, comme de nombreuses plateformes en ligne, des données sur la pollution de l’air dans les grandes villes. Le banquier de 40 ans décide de rechercher des informations sur le niveau de pollution à New-York, Pékin et Bruxelles. Et il s’inquiète de ce qu’il découvre. "Ce niveau est insensé", constate-t-il. "C’est assez choquant quand on voit que Bruxelles est aussi polluée que Pékin, voire plus". Il sent d’ailleurs une réelle différence lorsqu’il n’est pas en Belgique. "On pourrait penser que New-York est plus polluée que Bruxelles, mais c’est tout à fait l’inverse. A New-York, il y a une diffusion des vents assez importante et c’est pour ça que la ville est moins polluée", dit-il. Et il conclut par une phrase forte: "Bruxelles nous tue".


"On est bien en dessous de ces valeurs"

Nous avons consulté le site en question, et il est vrai que les chiffres sont interpellants. La concentration en particules fines dans notre capitale serait, par moments, doublement supérieure à celle que l’on peut observer à Pékin par exemple. Du côté de la Cellule Interrégionale de l'Environnement (Celine), qui mesure la qualité de l’air en Belgique, on se veut très prudent dans l’analyse de ces chiffres. "On est bien en dessous de ces valeurs chez nous", explique Christophe Degrave, collaborateur scientifique à la Celine.

Autre constat : le site internet que nous a envoyé Ronald utilise directement les données fournies par la Celine. Rien d’illégal, puisque ces informations sont disponibles publiquement en ligne. Mais des questions se posent alors : comment se fait-il que ce ne sont pas les mêmes chiffres que l’on retrouve sur les deux pages ? Et, surtout : d’où vient cette différence ?



Une erreur de calcul

Le phénomène est connu, et a une explication assez simple. "Sur notre site, ce que vous voyez, ce sont des concentrations moyennes sur 24 heures, calculées en microgrammes par mètre cube", détaille Christophe Degrave. Ce sont ces données qui sont utilisées par le site aqicn.org. Mais il y a ensuite une erreur de calcul. "Eux, ils fournissent seulement un indice, une valeur sans dimension, pas des concentrations. Mais ils le calculent de la mauvaise manière. Ils comparent des valeurs horaires avec des concentrations moyennes par 24 heures. C’est pour cela qu’on arrive à un calcul erroné, et complètement fou", explique Christophe Degrave. Ça revient donc un peu à comparer des pommes et des poires.

Mais tout cela pose un problème pour la Cellule Interrégionale de l'Environnement. "Ce n’est pas assez documenté. C’est trompeur de montrer des chiffres sans unité. Et c’est donc difficile de faire une comparaison", se plaint le collaborateur scientifique.


"Cette pollution a un impact sur la longévité"

Quoi qu’il en soit, Ronald veut tirer la sonnette d’alarme, car il craint pour l’avenir. "C’est choquant de se dire que cette pollution a un impact sur la longévité de vie, sur les des personnes âgées, asthmatiques, etc.". Les principales responsables, ce sont les particules fines (les PM2.5, c’est-à-dire, les particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns). Elles sont considérées comme les plus dangereuses pour la santé. Lorsqu’elles sont présentes en trop grand nombre dans l’air, leur inhalation peut causer des problèmes de santé, comme des irritations pulmonaires, à court ou à long terme. 

C’est pour cela que la Celine a son propre indicateur de la qualité de l’air, adapté à la Belgique, le BelAQI. Il varie entre 1 et 10 et s’établit sur une mesure du taux de particules fines. Plus il est élevé, moins l’air est de qualité. C’est pour cette raison que l’on a parfois des alertes aux particules fines ou au SMOG, à certains moments de l’année. Dans ce cas, des mesures sont donc directement prises, comme une limitation de la vitesse sur la route par exemple. La Celine prend également d’autres données en compte pour évaluer la qualité de l’air : l’ozone, le dioxyde de souffre, le dioxyde d’azote, ou les particules inhalables (PM10). Pour connaitre les taux en temps réel, Christophe Degrave conseille de se référer au site internet de la Celine, que vous pouvez consulter en cliquant ici.



"Ça se produit surtout lorsque le temps est calme"

La météo joue aussi un rôle important dans la concentration de particules fines dans l’atmosphère. Le dépassement des taux a souvent lieu en hiver, comme l’explique David Dehenauw, chef du bureau du temps à l’IRM (Institut Royal de Météorologie). "Ça se produit surtout lorsque le temps est calme, à cause d’un anticyclone, et qu’il y a une inversion des températures. Ça veut dire que quand il fait froid dans les basses couches, et que la température augmente avec l’altitude, ça empêche le rafraîchissement de l’air. Tous les polluants restent alors sur place, car il n’y a pas de vent".

Cela peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et ça peut donc causer des soucis pour la santé. Il faut souvent que la pluie soit de retour pour revenir à une situation normale. "Il faut attendre l’arrivée d’un front de précipitations, avec plus de vent. Dès qu’il pleut, les particules vont retomber et ça va diminuer les concentrations de manière assez significative", détaille le météorologue.

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