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Cet été, la canicule a tué dix fois moins qu'en 2003

Avec 1.500 morts de plus qu'un été normal, en majorité des personnes âgées, la canicule de cet été a tué dix fois moins que lors du record de 2003, selon des chiffres officiels dévoilés vendredi.

"Pour une canicule qui s'est prolongée (16 jours, ndlr) et a touché 40 millions de personnes, c'est une surmortalité qui reste modérée", a jugé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, après avoir réuni les acteurs mobilisés pendant la canicule (agence sanitaire, Météo-France, Samu...).

"Les messages de prévention ont été efficaces et il y a eu une mobilisation très importante des associations, des centres d'action sociale, du milieu hospitalier, des Ehpad ou du monde du travail, en particulier le BTP et la restauration", a-t-elle poursuivi lors d'une conférence de presse au ministère.

"Plus de 50% des décès concernaient les plus de 75 ans, et il y a aussi eu un nombre de décès important chez les 65/74 ans, probablement chez des gens qui avaient d'autres pathologies", a-t-elle indiqué.

La surmortalité (1.480 décès) concerne toutefois "toutes les tranches d'âge, y compris les adultes et les enfants".

La canicule de 2003, qui reste sans équivalent, avait fait entre 15.000 et 20.000 morts.

"En 2003, on ne savait pas ce qu'était une canicule, c'était la mortalité brute d'une société qui n'y était pas préparée", a commenté Mme Buzyn.

En 2015, environ 1.700 décès supplémentaires avaient été enregistrés (un premier bilan des autorités sanitaires, ensuite affiné, avait d'abord fait état de 3.000 décès).

Le nombre de décès supplémentaires se montait à seulement 700 en 2016 et moins de 400 en 2017. En 2006, année de canicule particulièrement sévère, une surmortalité d'environ 2.100 décès avait été constatée.

L'épisode de canicule de cette année a été le plus long depuis 2006 (16 jours, du 24 juillet au 8 août) et a concerné jusqu'à 67 départements (sur 96 en métropole).

Selon le ministère, la canicule n'a eu que peu d'impact sur le système de santé: elle a provoqué 5.676 passages aux urgences et près de 2.000 consultations de SOS Médecins, soit respectivement 0,55% et 1,24% du total.

- "Adapter nos villes" -

Mme Buzyn a assuré qu'il n'y avait eu "quasiment aucune remontée" des Ehpad.

Pour autant, l'association AD-PA, qui représente les directeurs d'Ehpad, a jugé que la surmortalité des personnes âgées due à la canicule était "absolument inacceptable".

"Comment aurait-on réagi à une surmortalité de 1.500 jeunes enfants?", s'est interrogée l'AD-PA (association des directeurs au service des personnes âgées) dans un communiqué.

Elle a réclamé une "véritable prestation autonomie pour augmenter le temps passé auprès des personnes âgées au quotidien, en établissement et à domicile".

De son côté, le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France a pointé un "problème" concernant les personnes âgées en Ehpad.

"L'essentiel des patients que nous voyons arriver aux urgences pendant ces périodes sont des patients qui viennent de ces structures, où ils manquent de personnels, en particulier de personnels infirmiers, de médecins et surtout d'aide-soignantes", a affirmé le Dr Christophe Prudhomme sur RTL.

Par ailleurs, la société va devoir s'adapter à la multiplication et à l'aggravation des phénomènes de canicules liés au réchauffement climatique, a prévenu Agnès Buzyn.

"Aujourd'hui, la canicule fait l'objet d'une gestion de crise", sur des périodes limitées, a-t-elle dit.

"C'est un défi sociétal d'adapter nos villes, de les verdir", a-t-elle ajouté en soulignant que l'impact de la canicule dans les villes était plus important car elles "concentrent la chaleur".

En attendant, un "nouveau défi" se profile avec la période grippale qui s'annonce: "Chaque année, elle fait 10 à 15.000 morts", a rappelé Mme Buzyn, en soulignant l'importance de la vaccination.

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