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Manuela emmène Flocon, son poney de 3 ans, dans une maison de retraite: "Une façon d'amener un peu de joie et de réconfort"

Par un beau samedi d'automne, les résidents d'une maison de repos à Rhode-Saint-Genèse ont eu la visite de Flocon. Une première pour sa propriétaire, Manuela, qui ne compte pas s'arrêter là.

Débute octobre, les pensionnaires d'une résidence pour personnes âgées ont pu passer d'agréables moments en compagnie de Flocon, un petit poney de 3 ans.

"Nous avons pris l'ascenseur, sommes allés dans la salle à manger et sur la terrasse pour que Flocon apporte sa douceur et sa jeunesse aux résidents", nous a écrit Manuela via le bouton orange Alertez-nous.

Dans son message, elle nous raconte comment son mini poney a été sauvé alors qu'"il vivait dans des conditions misérables, sans contact avec des congénères et ne voyait quasiment jamais personne".

Manuela est une cavalière "passionnée" de 54 ans. Elle monte pour la première fois à l'âge de 38 ans, et depuis, elle a acquis trois chevaux. C'est en organisant des stages d'équitation accompagnés de reportages photos professionnels qu'elle s'épanouit. "Maintenant, je n'en organise plus mais cela m'a permis d'acquérir une certaine expérience dans le domaine équestre", explique-t-elle. L'amoureuse des chevaux continue de monter, tous les jours, mais aussi de se préoccuper du sort des animaux. C'est ce qui s'est passé pour Flocon, qui a été retiré à des propriétaires peu soucieux du bien-être de leur animal.


"Ils l'avaient laissé là, tout seul, sans soin"

"C'était un rêve pour moi d'avoir un autre cheval, raconte Manuela, et plus particulièrement un mini. Mais les minis sont très chers et le budget équitation est assez lourd : je ne pouvais pas me permettre d'en acheter un".

Elle tombe un jour sur une publication Facebook de l'association Help Animals, qui recherche quelqu'un pour adopter un poulain de six mois. "Ils venaient de recueillir un mini dans un piteux état. Les anciens propriétaires étaient des jeunes qui l'avaient acheté dans un élevage. Le père de Flocon est un champion de la race, ce n'était donc pas n'importe quel investissement. Mais ils l'avaient mis dans leur cour et ils l'avaient laissé là, tout seul, sans soin. Il n'avait que six mois et n'a pas bénéficié de tous les soins qu'un poulain devrait avoir, notamment la nourriture, les soins vétérinaires. Il n'avait jamais vu un maréchal ferrant".

Manuela n'est pas la seule à vouloir recueillir le petit poney, "particulièrement petit et mignon", nous explique-t-elle. Mais c'est finalement elle qui est choisie pour assurer un bel avenir au poney. Il reste un petit temps à l'association, le temps de reprendre des forces et parce qu'il doit être castré, puis il se voit doté d'un nouveau foyer.

"Je l'ai récupéré et c'est devenu un magnifique petit poney, qui est la mascotte du manège à Rhode-Saint-Genèse. Tout le monde craque", nous raconte la cavalière.


Un poney de 58 centimètres

Il faut dire que l'animal est particulièrement petit : "Le poney peut généralement mesurer jusqu'à 1 mètre 45, et le mien fait 58 centimètres, pour vous donner une idée". Même en se mettant à genoux à côté de lui, Manuela est plus grande que son poney !

C'est à ce moment une toute autre vie qui s'offre à l'équidé, et sa propriétaire a envie d'en faire profiter d'autres personnes. Elle pense à un home pour personnes âgées, mais n'ayant pas de moyens pour transporter le poney, elle décide d'aller à pied rendre visite aux pensionnaires de la résidence située à un kilomètre du manège.

"Je vais de temps en temps au manège en famille, explique Quentin van Innis, directeur de la résidence Blaret à Rhode-Saint-Genèse, et c'est là que j'ai rencontré Manuela. Elle a proposé de venir avec son petit poney et j'ai trouvé l'idée bonne."

Ce qui a motivé la cavalière, c'est l'envie de donner un peu de bonheur autour d'elle, grâce à son animal.

"Je trouvais que c'était une façon d'amener un peu de joie et de réconfort à des personnes qui sont confinées dans une maison de repos, déclare-t-elle. Puis aussi parce que ma maman était kiné. Elle a travaillé pendant des années dans un CPAS, et je voulais lui rendre hommage, parce qu'elle n'est plus là."


"Ça leur a beaucoup plu"

Les pensionnaires ont vraiment apprécié cette visite hors du commun. "Ils ont trouvé cela sympathique, raconte le directeur de l'établissement. Certains ont trouvé ça très chouette, d'autant que certains ont été cavaliers par le passé. L'un ou l'autre résident a moins apprécié mais généralement, ça leur a beaucoup plu."

Ils ont pu caresser Flocon, lui donner à manger quelques carottes. Comme il faisait beau, la rencontre a pu avoir lieu sur la terrasse et les pensionnaires ont pu poser toutes les questions qu'ils voulaient à la propriétaire du poney.

Les lieux se prêtent particulièrement bien à l'exercice étant donné que la résidence est installée dans une ancienne ferme-château. "C'est un lieu empreint d'histoire et on essaye de le faire revivre, comme par exemple, en faisant venir des animaux, explique Quentin van Innis. Les chiens des résidents viennent leur rendre visite par exemple. Et on a des canards et des oies, des carpes, etc., que les résidents vont nourrir. Cette rencontre les sort un peu de leur quotidien, mais cela s'inscrit dans la logique de ce qu'on essaye de faire tout au long de l'année".


"Elle était aux anges"

Manuela a elle aussi apprécié ce moment de rencontre. Une résidente l'a particulièrement touchée, elle a donc fait en sorte que cette dame puisse profiter de la présence de Flocon.

"Elle était complètement paralysée, sauf la tête, et j'ai passé le plus de temps avec elle, raconte la cavalière, encore émue par ce moment. J'ai pris sa main, je l'ai fait caresser Flocon. Elle était aux anges, et les autres aussi étaient contents. Mais d'après moi, c'était elle qui en a le plus profité".

L'amoureuse des chevaux voudrait réitérer l'expérience à l'avenir. "J'ai envie de le refaire parce que je ne pense pas qu'en Belgique, ça se soit déjà fait. J'ai envie que d'autres personnes puissent le faire, pas seulement en maison de repos. Auprès des enfants par exemple, ou dans les hôpitaux", imagine-t-elle.

L'avantage d'un poney comme Flocon, c'est évidemment sa taille, qui favorise le contact. "Flocon, il passe partout, on a même pris l'ascenseur. Il est tout petit donc les gens n'ont pas peur. En France, il y a une personne parmi mes contacts qui fait ça, mais lui c'est carrément avec son cheval!".

Ce qui facilite aussi la démarche de Manuela, c'est le caractère de son poney, qui s'est adouci après des premières années de vie difficiles. "Il est adorable, lance sa propriétaire. Autant il était difficile quand je l'ai adopté car il n'avait pas été manipulé, autant maintenant, il n'a aucun vice. Il fait des bisous, il lèche comme un petit chien, si je lui demande de se coucher, il se couche. À croire que quelque part, il est reconnaissant".


"Le cheval apporte du bien-être à tout le monde"

Cette démarche d'aller à la rencontre des personnes âgées ou des enfants avec un poney, nous l'avons évoquée auprès d'une spécialiste. Nathalie De Sorgher est hippothérapeute à la Ferme Liberté à Virginal, et elle encourage les rencontres de ce type.

"Pour moi, c'est une évidence. Ça change la vie d'avoir un animal. J'ai moi-même cinq chevaux et poneys", lance-t-elle d'emblée.

Cette spécialiste met en contact des personnes malades avec des chevaux, mais pas seulement ! "Le cheval, dans l'absolu, apporte du bien-être à tout le monde, note-t-elle. Le contact va apporter de la  sérénité, du calme, et permet d'être dans le moment présent."

De par son expérience, elle a pu remarquer que les équidés agissaient tel un médicament. "J'ai des personnes qui souffrent d'autisme par exemple. Et les mettre en contact avec un cheval, ça les calme, raconte la spécialiste. Les parents me disent généralement qu'après une séance, ils n'ont pas besoin de donner de médicament à leur enfant".

Nathalie De Sogher a elle-même fait l'expérience de travailler avec un groupe de personnes âgées et elle en garde un excellent souvenir. "Je rêverais de faire ça, travailler avec ce public-là. C'est quelque chose qui fait un bien fou, d'être près de l'animal, le brosser etc. Ça apporte de la joie, c'est formidable", ajoute l'hippothérapeute.

Un sentiment partagé entre la spécialiste et Manuela, notre amoureuse des chevaux…

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