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Viridiana refusée dans un bus TEC car elle n'a pas de monnaie: à quand la possibilité d'un paiement par carte?

L'étudiante n'a pas pu embarquer à bord de deux bus. Son billet de 20 euros n'a pas été accepté par les conducteurs. Le recours au paiements par carte bancaire permettrait d'éviter ce genre de déconvenue. Mais est-ce envisageable ?

"C'est scandaleux. Elle m'a téléphoné en pleurs, car elle ne connaît pas la ville et elle va arriver en retard à son premier cours". C’est un père en colère qui nous écrit via le bouton orange Alertez-nous. Originaire de Tournai, sa fille a rencontré une mésaventure lors de sa première journée de cours à Liège. Elle a dû prendre le taxi pour pouvoir arriver à l'heure de sa rentrée scolaire.


Une rentrée mouvementée

Mercredi 26 septembre, c’est la rentrée scolaire pour Viridiana. Cette jeune fille de 22 ans a choisi une formation d’un genre particulier: la restauration de meubles. Seul hic pour elle, les cours ont lieu à Liège, soit à plus de 170 kilomètres de son domicile. Qu’à cela ne tienne. Motivée, Viridiana réalisera ce trajet en transport en commun deux fois par semaine. En ce mercredi de fin de septembre, elle quitte Tournai vers 15 h pour pouvoir être à l’heure à son premier cours qui débute à 18h15 à Liège. Deux heures et vingt minutes de train plus tard, la voilà arrivée à la gare des 'Guillemins'. Elle doit encore prendre un bus TEC pour pouvoir rejoindre son établissement scolaire.


"Là j’ai perdu espoir…"

Une fois dans le bus, elle sort un billet de 20 euros pour se procurer un titre de transport. Le chauffeur lui indique qu’il n’a pas de monnaie. Il invite Viridiana à quitter son véhicule. Elle retente sa chance avec un autre chauffeur, même invitation.

Elle décide de rejoindre son établissement scolaire à pied. Quarante minutes plus tard, elle arrive enfin rue Château Massart au service IFAMPE de Liège, l’organisme d’intérêt public en charge de ses cours où on lui fait savoir que son premier cours en restauration de meubles n’a pas lieu au sein du bâtiment même, mais dans un endroit à l’autre côté de la cité ardente... "Là j’ai perdu espoir…", nous confie la Tournaisienne. Après 2h20 de train, 40 minutes de marche et alors qu’elle est déjà très en retard pour sa rentrée, elle décide de prendre un taxi. Montant de la course: 19 euros. "Est-il normal qu’une fille de 22 ans doive prendre le taxi pour aller à l’école ?", s’interroge son père. "Je n'aimais déjà pas les TEC car ils sont souvent en grève (…) Et quand ils travaillent, ils ne veulent pas prendre les clients parce qu'ils n'ont pas de monnaie", soupire-t-il.


Privilégier les achats des titres de transport en avance

Sur le réseau TEC, les paiements en liquide dans les matériels roulants (bus, tram) sont limités au billet de 10 euros.

Viridiana dit ne pas avoir pensé à faire de la monnaie sur son billet de 20 euros lors de son trajet de 40 minutes à pieds. Cette simple manipulation lui aurait probablement permis de prendre le bus suivant et d’arriver à l’heure à son premier cours. "Avec du recul, oui ça me parait évident", nous dit-elle.

Nous avons soumis la mésaventure de Viridiana à Stéphane Thiery, porte-parole du réseau TEC. Il incite tous les voyageurs à préparer leur voyage en amont, notamment sur le site web des TEC: "Nous invitons tous les voyageurs à y passer du temps avant d’effectuer un voyage et de trouver la meilleure formule possible." Et de rappeler le rôle premier d’un chauffeur et ses missions: "Les priorités du conducteur sont la ponctualité, la sécurité des voyageurs et l’accueil de ceux-ci et non pas de vendre des tickets de bus. Soit le paiement se fait en amont via nos nombreux canaux de vente, 24h/24h en ligne ou dans l’un de nos 1300 points de vente, soit à bord du bus, si par hasard c’est un trajet instantané mais c’est un ticket de dépannage."


"Le but du conducteur est de conduire, pas de réaliser des transactions financières"

Même son de cloche à la STIB, le réseau des transports en commun bruxellois où le change à bord des bus et tram est limité au seul billet de 5 euros. "Le but premier du conducteur est d’assurer son service, c’est-à-dire de conduire et pas de réaliser des transactions financières", indique Cindy Arents, porte-parole des transports en commun bruxellois.

Pour la STIB, les raisons sont évidentes: "Le fonds de caisse serait trop important pour les chauffeurs, c’est une question de sécurité. Mais c’est aussi et surtout une question de fluidité sur le réseau. Si chaque personne qui entre possède un billet et que le chauffeur doit avoir le change, le retard serait trop important sur le réseau. Ce n’est pas un supermarché. Il faut inciter les voyageurs à acheter en amont."   


Paiement par carte: "Inimaginable" pour les TEC

A l’heure où les paiements électroniques prennent de plus en plus de place, pourra-t-on un jour payer en ligne notre ticket de transport directement dans le bus plutôt qu’en liquide ? Pas sûr… "Nous ne pouvons pas installer des terminaux de Bancontact dans tous nos véhicules. Il y a déjà beaucoup de possibilités d’achats tout le long de notre réseau", fait savoir la STIB. Pour les TEC, c’est même "inimaginable sur le plan technique. Faire le lien entre un paiement et un matériel roulant dans des endroits où parfois la 3G ou la 4G est faible, c’est impensable. Nous avons tous déjà vécu des situations dans des commerces classiques ou notre paiement ne passe pas, alors que le terminal est relié par câble à internet. Ce serait une expérience désastreuse pour les clients et peu fiable sur le plan technique." Et Stéphane Thiery évoque également le retard accumulé sur le réseau.


La possibilité existe dans le train mais la situation n'est pas comparable

Pourtant, à la SNCB les accompagnateurs-contrôleurs permettent aux personnes distraites ou celles qui n’ont pas de ticket valide de payer à bord même de leur train en cours de trajet. Elisa Roux, porte-parole de la SNCB explique que "c’est grâce à la 4G. La plupart des lignes bénéficient d’une couverture 4G importante, et dans les années à venir cela sera encore plus le cas grâce aux plans de déploiement du réseau et de la 4G le long des lignes. Nous menons des consultations auprès des opérateurs télécom pour améliorer encore la couverture." 

Précisons de taille: à bord des trains ce n’est pas la personne en charge de la conduite du véhicule qui assure les paiements, mais bien l’accompagnateur ou contrôleur. La situation n’est donc pas du tout identique ou comparable au réseau TEC, STIB où c’est le chauffeur lui-même qui doit assurer à la fois la conduite et la transaction financière. La question de la fluidité du trafic évoquée plus haut prend alors tout son sens.

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