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"Je pars d’une histoire notée sur un vieux bout de papier": Lauryan, apprenti archéologue, sur les traces du passé de son village

Lauryan habite Paliseul, une commune située en province du Luxembourg. Depuis son plus jeune âge, il s'intéresse à l'histoire de sa ville et est bien décidé à en percer tous les mystères. Cet étudiant en archéologie nous détaille ses plus belles trouvailles.

12.000 hectares, 5.393 habitants, un territoire à cheval sur le bassin de la Semois et le bassin de la Lesse. Bienvenue à Paliseul, une petite commune située en province du Luxembourg. Ses villages agricoles typiquement ardennais et ses forêts célèbres depuis l'époque carolingienne font de cette commune, un petit "havre de paix".

Parmi ses habitants, Lauryan Ansay, 20 ans. Pour cet étudiant en archéologie, Paliseul est un véritable terrain de jeu. Depuis son plus jeune âge, il se passionne pour l’histoire de sa commune. Et il est bien décidé à en percer tous les mystères. "Quand j’avais 7,8 ans, ma mère m’a expliqué qu’avant, il y avait un village à côté de Paliseul et qu’il a été détruit. Depuis, j’essaie de retrouver ses traces", nous explique ce jeune homme.

La tête dans les bouquins, Lauryan part à la recherche du moindre indice. Ses investigations le mènent aux ruines de Bergimont, un village abandonné. Au XVIIe siècle, la grande peste fait rage dans la région ardennaise. En 1644, ce qu'il reste du bourg est entièrement détruit par les troupes espagnoles, nous explique le jeune homme. Aujourd'hui, ne subsistent que des ruines. "J’ai découvert des traces du village dont on m’avait parlé. Grâce à des cartes, j’arrive à situer où se trouvaient les bâtiments à l’époque", nous explique Lauryan Ansay.

Au départ, on arrive avec une farde de 700 pages.

"Je vais sur le terrain, je me fie aux reliefs mais aussi à des photos. Je consulte aussi des cadastres", souligne-t-il. Grâce à cela, Lauryan est parvenu à localiser l’ancien moulin de l’Agneau. Le moulin et ses dépendances étaient construits dans la petite vallée du ruisseau de Paliseul. Ils ont été détruits. Outre les cartes et les ouvrages, ce que Lauryan préfère, c’est parler avec les anciens, les entendre lui narrer leur histoire, des récits et anecdotes dont ils sont les seuls témoins.

"Je pars d’une histoire notée sur un vieux bout de papier puis je fais des recherches. J’essaie d’établir des liens entre tout ce que je sais déjà", nous explique-t-il. "J’étends mes recherches au fur et à mesure. Au départ, on arrive avec une farde de 700 pages, alors on cherche. Bien sûr, on y passe des heures", nous confie-t-il.


 
Un paquet de café en guise de preuve

"D’une histoire écrite sur un vieux de bout de papier" naissent parfois de réelles découvertes. Lors d’une discussion avec un ancien du village, il apprend que durant la Seconde Guerre mondiale, des soldats américains avaient établi leurs tranchées à Bergimont. Pour ce passionné d’histoire et collectionneur militaire, s’en suit un travail opiniâtre.

Quelques coups de pioches plus tard, il obtient la preuve tant attendue. Un paquet de café, enterré à moins d’un mètre sous terre. Ses connaissances lui permettent une identification rapide du produit. Il s’agit d’un paquet de café ayant appartenu à des soldats américains. Car si durant la Seconde Guerre mondiale, les ventes de Nescafé ont été freinées, elles sont rapidement devenues populaires au sein des forces armées américaines. En conserve, ce produit a très vite été rationné. Il est ainsi devenu une alternative pratique et bon marché au café frais. Tout cela, Lauryan le sait grâce aux livres d'histoire et à ses discussions avec les doyens.


"Les secrets de la guerre", les "non-dits des résistants"

"Je partage mes connaissances avec ceux que ça intéresse. Je leur explique ce que j’ai trouvé et on échange", nous explique Lauryan.

Il y a cependant des mystères que l’étudiant peine à percer. "Les secrets de la guerre", les "non-dits des résistants". "Je sais que je n’aurai jamais le fin mot de l’histoire", nous révèle-t-il. Comme l'histoire de ce quincaillier qui habitait Paliseul. Pendant la Guerre, il aurait fait commerce avec des Allemands. En octobre 1944, après la Libération, deux hommes viennent à sa boutique et le tuent. A-t-il été victime de cette soif de justice et de vengeance qui régnait après la guerre? Le mystère reste entier. "Je sais qu'il y en a qui connaissent le tueur. Mais personne ne dit rien", nous confie Lauryan.


"C’est un peu dur de voir que les gens de mon âge s’en fichent totalement"

Toutes ces découvertes font la fierté de ses proches. "Mes parents sont très contents. Ils sont réceptifs. Y’a des fans de consoles, moi c’est l’histoire. C’est vraiment mon trip !", s’exclame le jeune Paliseulois. Avant de concéder: "C’est un peu dur de voir que les gens de mon âge s’en fichent totalement".

Lauryan compte sur ses études d’archéologie pour approfondir le travail commencé. Il fait également partie du groupe "Archeolo-j" au sein duquel il explore le patrimoine architectural. Déterminé à obtenir les réponses à ces questions, il n’est pas prêt d’abandonner. "C’est le travail de toute une vie. Je le sais. Mais je suis prêt". A terme, l'étudiant aimerait rassembler toutes ses découvertes dans un livre. Et celui qui n’a encore que 20 ans pense déjà à l’avenir. Son rêve ? "Que quelqu’un puisse reprendre le flambeau quand je serai vieux. Je ne veux pas que mon travail se perde. J’adorerai qu’un jeune de 20 ans vienne me voir pour me poser des questions", souffle-t-il.

En attendant, Lauryan a encore de belles années devant lui pour pouvoir concrétiser "le rêve de toute une vie". 


 
 

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