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Revirement de situation à Molenbeek: le PTB se retire des négociations avec le PS

C'est un véritable revirement de situation qui s'opère à Molenbeek: le PTB se retire des négociations avec le PS. Ecolo venait de faire de même il y a quelques jours.

Le PTB se retire des négociations en vue de former une majorité à Molenbeek-Saint-Jean, a-t-il annoncé jeudi. Selon le parti marxiste, "les conditions pour une rupture sociale et démocratique de gauche ne sont malheureusement pas réunies". Les responsables locaux ont fait part de leur décision personnellement à la cheffe de file PS dans la commune bruxelloise, Catherine Moureaux. Le PTB pointe de "sérieuses questions" en matière de gouvernance qui n'ont pas reçu de réponse "sérieuse". Il demandait notamment la création d'un "bureau indépendant d'éthique politique et de transparence" pour éviter le clientélisme et les conflits d'intérêts.

Mardi soir, les écologistes ont annoncé également leur retrait des discussions. Cette décision "déséquilibre grandement une éventuelle coalition PS-PTB-Ecolo, qui avait les faveurs du PTB", souligne ce dernier. "Ce type de coalition permettait des équilibres qu'un duo ne permet pas. Le rapport de forces serait trop défavorable pour le PTB: le PS aurait eu une majorité absolue au collège et aurait pu passer ses points en force".

Le parti épingle aussi la façon dont les négociations se déroulaient, non seulement la pression pour aller vite, mais aussi le fait que deux points seulement de la note PTB ont pu être discutés lors d'une réunion lundi. Ou encore la manière dont Mme Moureaux a opposé PTB et Ecolo deux jours plus tard. Quant à la proposition de baisser le salaire des bourgmestre et échevins, elle a valu le qualificatif de "populiste" au chef de file PTB, Dirk De Block. A ses yeux, l'ouverture faite par Mme Moureaux le soir des élections "semblait feinte".


Moureaux ne compte pas partager le mayorat

Les compteurs de la négociation en vue de la constitution d'une majorité à Molenbeek sont remis à zéro, a indiqué jeudi la cheffe de file de la liste PS-sp.a, Catherine Moureaux, après l'annonce du PTB. Mme Moureaux n'a pas caché sa grande déception et sa frustration face à l'échec de la perspective d'une "situation inédite" de gestion à gauche d'une commune confrontée à d'importants défis sociaux.

Selon elle, la réunion au cours de laquelle le PTB a annoncé son départ a été extrêmement brève. Catherine Moureaux a précisé qu'elle irait voir tour à tour les chefs de file des autres formations politiques de l'échiquier politique molenbeekois. En raison du score électoral de sa liste sortie en tête du dernier scrutin, elle a indiqué qu'elle ne comptait pas partager l'exercice du mayorat avec une autre formation en cours de législature.


Vers une majorité PS-MR?

A l'issue des élections communales, le PS a fini premier parti. La tête de liste socialiste, Catherine Moureaux, avait d'emblée annoncé qu'elle entamerait des discussions avec le PTB. Les communistes ont réalisé une belle percée dans la commune, et la fille de Philippe Moureaux voulait former une majorité PS-PTB pour diriger Molenbeek. L'opportunité pour Catherine Moureaux de pousser vers la sortie Françoise Schepmans (MR), qui avait renversé son père en 2012.

Mais aujourd'hui, sans le PTB et Ecolo, il ne reste plus beaucoup de possibilités au PS pour former une majorité. Pour rappel, le conseil communal est composé de 45 sièges à Molenbeek. Il en faut donc au moins 23 pour former une majorité. Voici la répartition des sièges par parti suite aux élections:

  • PS/sp.a - 31,34% (+2,1%) - 17 sièges (+1)
  • Liste bourgmestre (MR) - 23,96% (-3,4%) - 13 sièges (-2)
  • PTB*PVDA - 13,61% (+9%) - 7 sièges (+6)
  • CDH/cd&V - 8,39% (-3,3%) - 3 sièges (-3)
  • Ecolo - 8,18% (-0,9%) - 3 sièges (-1)
  • DéFI - 4,76% (+0,2%) - 1 siège (=)
  • N-VA - 3,38% (-0,7%) - 1 siège (=)

Le PS pouvait former une majorité avec le PTB en additionnant les 17 sièges socialistes et les 7 sièges d'extrême gauche (24 au total). En revanche, sans le PTB ni Ecolo, il ne reste que DéFI et le CDH comme possibilités. Avec ces deux formations, il n'y aurait cependant pas de majorité (21 sièges au total). A moins qu'Ecolo ne revienne à la table des négociations, il semble donc que Catherine Moureaux n'ait d'autre choix que de tendre la main à Françoise Schepmans.

Celle qui est toujours bourgmestre de la commune serait prête à écouter Catherine Moureaux, d'après des propos relayés par nos confrères de La Libre. "C'est Catherine Moureaux qui a la main et si elle souhaite à un moment donné, elle peut prendre contact avec moi [...] En ce qui me concerne, j'ai pris acte de la défaite et je l'assume", indique-t-elle dans une interview. 

Le parti de Françoise Schepmans, qui dispose de 13 sièges, n'entend toutefois pas "faire de la figuration" face au PS; qui a pris 17 sièges il y a dix jours. "L'essentiel est que le travail que nous avons réalisé ces six dernières années soit respecté. Il n'est pas question que celui-ci soit détricoté", ajoute-t-elle, en citant la gouvernance.

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