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Les mesures de Macron n'ont pas calmé de nombreux gilets jaunes: "Encore 3 mois de samedis dans la rue" (vidéo)

Emmanuel Macron a tenté de calmer la colère des gilets jaunes en annonçant une série de mesures sociales. Mais la colère reste bien présente : des gilets jaunes ont jugé ces mesures insuffisantes pour arrêter leur mobilisation. "Nous serons dans la rue ce samedi", assure déjà une porte-parole officieuse des gilets jaunes français.

Le discours prononcé à l'Élysée par Emmanuel Macron était présenté comme décisif pour le président, confronté à la crise politique la plus grave depuis le début de son quinquennat il y a 18 mois. Mais les mesures annoncées sont un coup dans l'eau si on en croit certains gilets jaunes comme Laëtitia Dewalle.


Macron "manque de sincérité"

Depuis un mois, les gilets jaunes ne cessent de réclamer "Macron démission", en clamant parfois leur "haine" d'un président jugé "arrogant" et "déconnecté" de la vie des Français. "Dans la forme, il nous manque encore un peu de sincérité. On sent qu’il a essayé de travailler son sujet mais voilà, c’est pas un Français lambda et ça se ressent beaucoup. On ne s’attendait pas tellement à plus, en fait. On sait maintenant pourquoi il était absent pendant 4 semaines, il devait d’entraîner un petit peu mais c’est pas quelqu’un du peuple, ça se ressent beaucoup", a regretté Laëtitia Dewalle avant de détailler les mesures annoncées.


Des mesures pourtant "encourageantes"

"En ce qui concerne les 100 euros du Smic, bon, c’est encore un petit peu flou pour nous, on ne sait pas encore exactement comment ça va fonctionner, si c’est la prime d’activité qui va compenser, s’il y a une baisse des charges derrière. Voilà, on l’a bien entendu parler de ces 100 euros mais on ne sait pas encore dans quelle forme elle va survenir. En ce qui concerne la suppression de la CSG pour les retraités de moins de 2000 euros, c’est un début. Maintenant il faut une indexation, aussi, il faut que ça évolue, que ça continue et puis on ne s’occupe toujours pas des toutes petites retraites, qui, elles n’étaient pas concernées par la CSG et pour lesquelles elles ne sont toujours pas revalorisées donc on reste avec des minimas pour celles-ci. En ce qui concerne les heures supplémentaires défiscalisées et socialisées en fait, on revient en arrière à ce qui avait été mis par M. Sarkozy, qui avait été enlevé par M. Hollande. M. Macron le remet. Dans l’absolu, c’est très bien, sous couvert qu’effectivement les salariés puissent faire des heures supplémentaires, ce qui n’est pas toujours le cas."


Toutes les revendications ne sont pas rencontrées

Pour Laëtitia Dewalle, au final "ça reste quelque chose d’encourageant, maintenant ça ne répond pas à l’ensemble des revendications, puisque le mouvement des gilets jaunes est avant tout un mouvement citoyen et solidaire qui concerne des étudiants jusqu’aux retraités en passant par les chômeurs, les handicapés, les travailleurs, la classe moyenne, qui est toujours délaissée et tant qu’en fait tout le monde n’aura pas été entendu, nous serons toujours dans la rue."


La jeune femme n'est pas la seule à refuser l'accalmie

"Macron n'a pas pris la mesure de ce qui se passait", selon Pierre-Gaël Laveder, manifestant à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). "Chaque annonce a été huée et la première réaction a été: 'On se fout de notre gueule'", a-t-il témoigné après avoir regardé l'intervention avec une soixantaine de gilets jaunes.


Les plus modérés satisfaits

Une autre figure des gilets jaunes, la Bretonne Jacline Mouraud, a elle appelé à "une trêve" car "il y a des avancées, une porte ouverte". "Maintenant il faut sortir de cette crise" car "on ne peut pas passer le reste de notre vie sur des ronds-points", a ajouté cette porte-parole des "gilets jaunes libres", un collectif jugé plus modéré.

L'enjeu d'Emmanuel Macron "était de créer une brèche dans l'opinion, en s'adressant surtout à ceux qui soutiennent les gilets jaunes" afin "de marginaliser les jusqu'aux-boutistes", analyse Christian Delporte, expert en communication politique. "Si ceux qui ont soutenu les gilets jaunes disent 'arrêtez', il aura gagné", selon lui.


"Encore 3 mois de samedis dans la rue"

L'urgence du gouvernement français est de tenter d'éviter un "acte V" de la contestation alors que des appels à manifester sont déjà lancés sur les réseaux sociaux pour le 15 décembre. L'acte IV a rassemblé samedi quelque 136.000 manifestants et s'est soldé par un nombre record d'interpellations, plus de 320 blessés et encore des dégâts dans de nombreuses villes, particulièrement à Paris, Bordeaux et Toulouse. Ces "violences inadmissibles (...) ne bénéficieront d'aucune indulgence", a averti le chef de l'État.

"À ce jour le mouvement continue. Nous serons dans la rue ce samedi et comme apparemment le gouvernement se laisse trois mois de réflexion, nous aurons encore trois mois de samedis dans la rue", a assuré Laëtitia Dewalle.


Des mesures pas assez fortes pour la gauche

Dans le monde politique, les premières réactions étaient très négatives à gauche. Pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, "le cap n'est pas modifié!" et "le nouveau monde, c'est 'retour vers le futur' (...) du Sarkozy". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pointé la "réalité bien crue" que "toutes les mesures annoncées" seront "payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes, ni les profits". Les députés socialistes décideront ce mardi s'ils déposent une motion de censure commune avec les Insoumis et les communistes contre le gouvernement.

"On est très très loin du compte", a également estimé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.


Pas de quoi entamer sérieusement le budget

Les mesures annoncées par Emmanuel Macron coûteront entre "8 et 10 milliards d'euros", selon Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des comptes publics. La France a "un peu de marge" budgétaire et les mesures annoncées ne "remettent pas en cause la maîtrise de la dépense publique", a indiqué l'Elysée, sans préciser si la France maintenait son objectif d'un déficit inférieur à 3% de PIB pour 2019.

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