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"Ne le mettez pas dans la case terroriste, c’était juste un enfant perdu": un ami d'enfance de Chérif Chekkat témoigne

"Un enfant perdu". Voilà comment Chérif Chekatt est décrit par l'un de ses amis d'enfance. Nos journalistes Mathieu Langer et Samuel Lerate ont rencontré ce jeune homme qui a côtoyé, durant plusieurs années, Chérif Chekatt. "Je connais Chérif depuis mon enfance. J'ai grandi au Neudorf (un quartier de Strasbourg, nldr). On a vu Chérif par intermittence. De temps en temps, il était là", nous confie-t-il.

Avant d'ajouter: "Chérif c'était juste un jeune désorienté. Imaginez-vous, en 6e, un professeur avait peur de lui. De toute manière, son parcours était déjà tracé". 

Né à Strasbourg et fiché "S" ("sûreté de l'État") pour sa radicalisation islamiste, Chérif Chekatt, 29 ans, a un passé judiciaire très lourd avec 27 condamnations. L'assaillant compte 67 antécédents judiciaires, dont des condamnations en France, Allemagne et Suisse pour des faits de droit commun. Il était inscrit au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et faisait l'objet d'un suivi de la DGSI. "Il était tout seul, il a craqué, il a fait n'importe quoi!", remarque l'ami de Chérif.

Le jour de l'attaque, il devait être interpellé par les gendarmes dans le cadre d'une enquête de droit commun. Deux personnes sont mortes mardi soir lors de l'attaque perpétrée dans la zone du marché de Noël de Strasbourg par Chérif Chekkat. Il a finalement été tué par la police après deux jours de cavale, jeudi vers 21H00, au pied d'un immeuble du quartier du Neudorf, là même où sa trace s'était perdue après l'attentat. 


"Un acte de folie"

Selon l'un de ses amis d'enfance, on ne peut qualifier Chérif Chékatt de "terroriste". Celui-ci semble affirmer que Chérif Chékatt n'était pas réellement responsable de ses actes, qu'il est lui aussi en position de victime. Ses actes ont pourtant causé la mort de quatre personnes. Une cinquième reste en état de mort cérébrale.

"Quand on grandit dans une prison qu’on ne côtoie que des meurtriers, des gens qui ont tué des gens, on n’a plus conscience du monde réel (...) Chérif c’était un pauvre gamin, il était toujours dehors, il avait peut-être des problèmes de famille. C’était quelqu’un de bien", assure le jeune homme. Avant de conclure: "Il a eu un acte de folie. Si j'avais un problème à l’école, Chérif me défendait, il était là, c’était comme un grand frère. C’est dommage tout ce qu'il s’est passé. Ne le mettez pas dans la case terroriste, c’était juste un enfant perdu".

À chacun de ses séjours en prison, Chérif Chékatt avait été repéré pour son prosélytisme "parfois agressif". Selon une source proche de l'enquête, il était suivi activement depuis sa sortie de prison, sans que des velléités de passage à l'acte ne soient détectées.

L'homme "faisait partie des soldats" du groupe État islamique, a affirmé Amaq, son média de propagande. Une revendication "totalement opportuniste", a estimé vendredi le ministre de l'Intérieur.

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