Accueil Actu

Le ministre de l'Intérieur parle de zones de non-droit à Molenbeek après les violences du Nouvel An: mais existent-elles?

C'est l'une des déclarations politiques de la semaine: celle de Pieter De Crem, ministre de l'Intérieur. Après les débordements survenus la nuit du Nouvel An à Molenbeek-Saint-Jean, il a parlé de "zones de non-droit". Des quartiers peu fréquentés par la police où tout est permis, ou presque, existent-ils vraiment dans la commune? Nous avons mené l'enquête.

Revenons quelques temps en arrière, le 14 novembre 2015. Au lendemain des attentats de Paris, la commune de Molenbeek est pointée du doigt. Jan Jambon (N-VA, nationalistes flamands), à l’époque ministre de l’Intérieur, fait alors une promesse: mettre fin aux "zones de non-droit" dans la commune.

"Je vais faire le ménage à Molenbeek. Je vais voir pourquoi ça ne va pas là-bas, et ce qu'on peut y faire. Mais nous ne pouvons pas l'accepter plus longtemps. Nous devons regarder comment aborder le problème pour trouver une solution une bonne fois pour toute", annonçait-il sur un plateau de télévision flamand.

Des petits quartiers, des squares, des rues, où il est difficile d'entrer, où il y a un problème d'autorité

Nous sommes plus de trois années plus tard et les incidents n’ont pas disparu. Le plan Canal a certes été mis en place pour accentuer la présence policière, mais aujourd’hui, le successeur de Jan Jambon au ministère de l'Intérieur parle encore de "no-go zone". "On m'a informé, ce n'est pas nouveau, qu'il y a en effet peut-être des petits quartiers, qu'il y a des squares, des quartiers, des rues, où il est difficile d'entrer, et où il y a quand même un problème d'autorité. Donc ce problème d'autorité doit être résolu", confie Pieter De Crem (CD&V, chrétiens-démocrates flamands) à notre micro.

Juste quelques endroits où il est effectivement plus difficile d’intervenir

Mais qu’en est-il sur le terrain? Les forces de l’ordre évitent-elles certains quartiers? Hors caméra, un policier de Molenbeek nous explique: "Il n’y a pas de quartiers où nous n’allons pas. Juste quelques endroits où il est effectivement plus difficile d’intervenir et où nous circulons à plusieurs patrouilles par précaution. Mais il n’y a pas de no-go zone".

On les dénonce ceux qui se comportent mal, on n'est pas là pour les excuser, mais en tout cas, on veut soutenir les autres

Et pour certains habitants, parler de zones de non-droit, c’est une nouvelle fois généraliser et rabaisser la commune. Soufiane, 28 ans, habite ici et travaille avec les jeunes de Molenbeek. Les images de dégradations et de violences survenues au Nouvel An, ce ne sont pas celles qu’il connait. "C'est vraiment pas le reflet qu'on a de Molenbeek. Ce n'est vraiment pas le reflet de Molenbeek tout court, parce que tout le monde vit avec ses points forts et ses points faibles, comme dans toutes les autres communes, et on ne sort pas du lot", explique cet éducateur de l'ASBL Avicenne.

Pour faire passer le message, l'association à laquelle participe Soufiane a décidé de réagir avec les 70 jeunes dont elle s'occupe. "On les dénonce ceux qui se comportent mal, on n'est pas là pour les excuser, mais en tout cas, on veut soutenir les autres. Tous les autres qui se comportent bien, tous les autres qui veulent un avenir, tous les autres qui en ont marre que leur commune soit stigmatisée tout le temps", explique Mohamed El Fakiri, assistant social pour l'ASBL Avicenne.

Selon les acteurs de terrain que nous avons rencontrés, ces zones de non-droit n’existent donc pas dans la commune, mais il faut poursuivre la sensibilisation auprès des jeunes.

À lire aussi

Sélectionné pour vous