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Émue aux larmes, la ministre flamande de l'Environnement démissionne suite à ses propos "complotistes"

La ministre flamande de l'Environnement, l'Agriculture et l'Aménagement du territoire Joke Schauvliege (CD&V) a annoncé mardi, en larmes, sa démission à la suite de ses propos complotistes et mensongers sur les manifestations des citoyens et des jeunes en faveur du climat. Elle devrait toutefois pouvoir se présenter aux élections du 26 mai prochain comme tête de liste.

Le chef de groupe CD&V au parlement flamand Koen Van den Heuvel remplacera Joke Schauvliege au sein du gouvernement flamand, a appris Belga de bonnes sources mercredi. La ministre flamande de l'Environnement avait présenté sa démission mardi en fin d'après-midi. Elle était contestée pour des propos complotistes ayant visé les marches de protestation des jeunes en faveur du climat.

Joke Schauvliege était sous le feu des critiques depuis 24 heures pour avoir affirmé le week-end dernier que les marches pour le climat organisées depuis plusieurs semaines s'apparentaient à un complot, ce que la Sûreté de l'Etat lui aurait confirmé. Selon elle, ces actions sont téléguidées par des organisations environnementales qui voudraient faire payer au CD&V son soutien aux grandes manifestations agricoles ayant conduit, à l'époque, à la démission de Vera Dua (Agalev/Groen).

La ministre est depuis revenue sur ses propos et a présenté des excuses. Son parti avait salué ces excuses, mais la position de la ministre était grandement fragilisée.


"Les attaques étaient dirigées sur ma personne"

Aux barricades, les écologistes de Groen réclamaient sa démission. "On voyait clairement ces dernières semaines que les attaques étaient dirigées sur ma personne. La semaine dernière, j'ai été submergée de milliers d'e-mails et de SMS sur mon téléphone portable, nuit et jour", s'est-elle défendue mardi au cours d'une conférence de presse. "Je ne pouvais plus communiquer normalement, je ne pouvais plus communiquer avec ma famille, avec les députés, etc. Dans ces circonstances, je me suis laissée aller à un dérapage, j'ai pris pour vraie une rumeur non vérifiée, et j'ai d'ailleurs présenté mes excuses pour cela", a expliqué Mme Schauvliege, en larmes.

"Mais le flux des critiques s'est poursuivi, et il était difficile dans ces conditions de travailler en tant que ministre en charge du climat. Il reste des dossiers importants sur la table, comme le stop au béton (l'interdiction de toute forme d'urbanisation d'espaces ouverts en Flandre d'ici 2040, NDLR). C'est pourquoi je pense qu'il est préférable que je démissionne et que la politique climatique soit menée sans que ma personne ne l'hypothèque".


"Reculer pour mieux sauter"

Très populaire en Flandre orientale, Joke Schauvliege peut toutefois rester tête de liste du CD&V pour le parlement flamand aux élections du 26 mai prochain, a estimé le président du parti Wouter Beke. "J'ai toute confiance en elle, et le parti aussi. Si elle fait un pas de côté maintenant, c'est pour poursuivre ensuite ce qu'elle a construit", a-t-il affirmé.

"Reculer pour mieux sauter", a ajouté en français dans le texte la vice-présidente CD&V du gouvernement flamand, Hilde Crevits.

Le nom du successeur de Mme Schauvliege au gouvernement flamand n'a pas encore été annoncé. Le chef de l'exécutif, Geert Bourgeois (N-VA), a dit prendre acte de la démission. "Je comprends la conclusion qu'elle a tirée, sa position était devenue intenable", a-t-il dit, remerciant au passage Mme Schauvliege pour le travail fourni. Il a appelé le CD&V à proposer rapidement un successeur.

Dans l'opposition, Groen a dit espérer que la démission de la ministre signifiera un "nouveau départ" pour la politique climatique de la Flandre, que les Verts jugent largement insuffisante. Le sp.a a vu dans la démission "une décision inévitable" et a réclamé une réponse aux "demandes légitimes" des milliers de manifestants pour le climat.

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