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"Je suis dégoûté": TOUS les arbres qui protégeaient la maison d'Alexandre ont été coupés à Nivelles

Jusqu'à la semaine dernière, des arbres isolaient les maisons d'Alexandre et d'Ilyas de la grand route. Mais ceux-ci ont été abattus alors qu'ils n'auraient pas dû l'être.

Alexandre a eu une très mauvaise surprise en rentrant chez lui après une journée de travail le mardi 5 février : tous les arbres qui protégeaient son habitation ont été coupés. Ce riverain du contournement sud de Nivelles se retrouve en vis-à-vis avec une grand route à deux fois deux bandes. "Je ne sais pas quoi faire, je suis dégoûté. Il n'y a eu aucune discussion avec le citoyen", nous a-t-il écrit via le bouton orange Alertez-nous.

Le Nivellois de 32 ans n'est pas le seul à être en colère face à cet abattage : son voisin, Ilyas, qui est en train de rénover sa maison achetée il y a peu, se retrouve également face au flot permanent de voitures. "C'est démoralisant", nous lâche l'homme qui a investi des milliers d'euros dans la rénovation de sa maison, et qui y passe tous les week-ends.


"L'achat d'une vie"

"C'est l'achat d'une vie", disent-il tous les deux. Alexandre, qui vit là depuis plusieurs années avec sa compagne et leur enfant, avait choisi cette maison parce qu'elle était à l'écart de la ville. Depuis son habitation, il a une vue dégagée sur les champs et n'a d'autre voisin qu'Ilyas. Grâce aux arbres, la proximité avec le contournement sud de Nivelles n'a jamais posé de gros souci.

Son voisin a acheté sa maison il y a moins longtemps et est toujours occupé à la rénover. "Je remets tout à neuf. J'ai effectué des démarches auprès de l'urbanisme qui ont pris du temps. J'ai dû faire face à des refus, me casser la tête pour rentrer dans les critères et tout à coup, ils débarquent et mettent à nu notre propriété sans rien demander à personne", déplore-t-il.

Les voisins de 32 ans, qui travaillent tous les deux dans le secteur automobile, passent de nombreuses heures à travailler dans leur maison respective, qu'ils aménagent de leurs propres mains. Alors, le retour du boulot le mardi 5 février leur a filé un fameux coup au moral.


"Le bruit des voitures, c'est le jour et la nuit"

"Je suis triste, dépité, nous a confié Alexandre. J'ai directement entendu une différence la première nuit. Le bruit des voitures, c'est le jour et la nuit. J'ai d'ailleurs été étonné, je ne pensais pas que ces arbres nous protégeaient autant du bruit".

Bien décidés à ne pas se laisser faire, les deux voisins se sont renseignés auprès de la commune, qui les a renvoyés vers le SPW, le service public de Wallonie, qui gère les routes comme le contournement sud de la cité aclote. Sur cette route à deux fois deux bandes, les voitures roulent à 90 km/heure. Les deux riverains habitent au niveau de l'un des ronds-points.

En s'adressant à leur administration communale, ils ont obtenu le numéro de téléphone du responsable du chantier, qui leur a donné un début d'explication. "Il m'a répondu que les arbres devenaient dangereux et qu'il fallait les abattre. Je les ai fait contrôler l'an dernier et rien à voir, précise Alexandre, qui n'y croit pas vraiment. Je lui ai demandé ce que ça lui ferait si on venait du jour au lendemain abattre tous les arbres dans le fond de son jardin, sans lui demander son avis", lance le Nivellois, qui ne décolère pas en entendant ces explications. "Si je devais acheter cette maison aujourd'hui, je ne l'achète pas", va même jusqu'à dire son voisin, Ilyas. Tous deux sont persuadés que leur maison a sérieusement perdu de la valeur sans cet écran de végétation.


©Alexandre, via Alertez-nous


"Parfois nécessaire de couper"

Partout en Wallonie, une grande campagne d'abattage a été lancée par le SPW ces derniers mois. "Il s'agit d'une mise à niveau de la végétation sur les axes du SPW, dans le cadre d'un plan", nous explique Pierre Huart, le bourgmestre de Nivelles. Même s'il n'est pas compétent pour cette voirie, il n'est pas insensible au sort de ses deux citoyens lésés. "Je regrette qu'il y ait ce genre d'abattage, mais maintenant, un arbre ça a une durée de vie limitée donc il est parfois nécessaire de les couper. Mais ça n'empêche pas d'en replanter", ajoute-t-il.

Dans ce cas-ci, les arbres n'ont pas été coupés à ras : le but n'était apparemment pas de les condamner. "Au SPW, ils m'ont dit que les arbres devenaient trop grands et que c'était dangereux pour la chaussée. Ils disent que ça va repousser. Les couper à 3 mètres, d'accord, pas à 20 centimètres, déplore Ilyas. J'ai investi des milliers d'euros dans une maison qui est totalement en vis-à-vis avec une 2x2 bandes."


"Une initiative malheureuse"

Le sentiment d'injustice des deux voisins a été entendu : nous avons contacté Jean-Marc Jadot, de la Direction des routes du Brabant wallon, qui reconnait qu'une erreur a bel et bien été commise.

"À cet endroit, le massif était assez étroit par rapport aux habitations mais l'élagueur aurait quand même dû laisser une rangée d'arbres", a-t-il expliqué. En théorie, lorsque des travaux d'abattage ont lieu à proximité de maisons, un rang de végétation est conservé et une concertation avec les habitants doit être prévue.

"Parmi ce arbres, il y a des frênes qui meurent de la chalarose et des arbres qui penchaient vers la route. L'abatteur a pris la décision d'abattre, ce qui n'aurait pas dû être fait", ajoute-t-il, évoquant une "initiative malheureuse du contrôleur des travaux et de l'entrepreneur".

La chalarose est une maladie fongique courante en Belgique ces dernières années. Une fois que le champignon apparait, sa propagation est rapide et ne laisse pas beaucoup de chance à l'arbre touché.


Les solutions trouvées

"On va voir si on sait mettre une palissade, remonter le talus et ajouter des plantations. On essaye d'arranger quelque chose en conciliation avec les riverains", nous assure Jean-Marc Jadot. Un ingénieur s'est d'ailleurs directement rendu sur place pour rencontrer Ilyas, l'un des deux voisins lésés.

Il a également été promis aux riverains que la glissière de sécurité allait être prolongée pour protéger les maisons. En effet, c'était une autre crainte soulevée par Alexandre : "Dernièrement, il y a eu 4 accidents graves, et à chaque fois, les arbres ont arrêtés les voitures. Désormais, ce sera direct dans la maison", avait-il expliqué.

Pour entériner ces solutions évoquées juste après les faits, le bourgmestre de Nivelles a convoqué les deux riverains ainsi que deux responsables du SPW ce mardi 12 février. "Ils se sont engagés, endéans le mois, à prolonger le merlon (NDLR, le talus), à dresser une palissade de 2,5 mètres hors sol sur 30 mètres de long et à prolonger la glissière de sécurité de 50 mètres", confirme Pierre Huart. Pour choisir les modèles de palissades à installer, les deux riverains sont consultés.

Cette décision satisfait l'un des deux riverains : Ilyas. "Ça me convient, un effort a été fait de leur part et ils ont reconnu leur erreur", nous a-t-il expliqué ce mardi.


Alexandre craint pour l'avenir

Quant à Alexandre, il est un peu plus mitigé : même si une solution a été trouvée dans l'immédiat, il craint pour l'avenir et les projets futurs de développement du contournement de Nivelles . "Derrière se cache un plus grand projet ils parlent de faire un tunnel au niveau du rond-point, dans les années à venir. Malheureusement, nous sommes des dommages collatéraux et deux maisons ne peuvent bloquer un projet. En gros, ma maison ne vaut plus rien je pense et j'ai un crédit encore pour 15 ans", regrette le Nivellois.

Le contournement de Nivelles, le R24, est en effet au centre d'une plus vaste chantier. "Il y a un projet de rénovation du ring. Le SPW a donc décidé de faire passer les ronds-points à 2 voies car il y avait jusqu'à aujourd'hui un phénomène de goulot aux entrées des ronds-points. Le ring de Nivelles est saturé à certaines heures", nous confie encore Pierre Huart.


Désengorger le centre

Un à un, les ronds-points du ring passent donc à deux bandes, et le projet est d'aller plus loin encore : des trémies pourraient être creusées. Cette solution a été évoquée par le SPW et la Ville de Nivelles étant donné que, comme dans la plupart des villes, la mobilité doit être améliorée.

La volonté du bourgmestre est donc d'augmenter la capacité du ring de Nivelles pour désengorger les boulevards du centre-ville et les villages avoisinants, actuellement très encombrés en heures de pointe.

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