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Edito de Christophe Giltay: Brexit, la perversion du référendum

Les députés britanniques ont rejeté, une fois de plus, l'accord sur le Brexit présenté par Theresa May. Il n'y a donc plus que deux solutions: une sortie de l'Europe sans accord ou le report du Brexit. Cette crise sans fin nous montre à quel point le référendum est loin d'être la meilleure solution aux problèmes complexes. On se plaint souvent, en Belgique, de ne pas disposer du référendum comme arme politique. On oublie que le seul qu'on ait connu, sur le retour de Léopold III en 1950, s'est transformé en crise encore plus grave que le Brexit. Il a donné des résultats asymétriques entre la Flandre et la Wallonie. Au final, alors que la réponse avait été oui, Léopold III a quand même dû abdiquer, après des journées de crise, de manifestations et même des morts.


Un référendum ça se prépare

En fait, un référendum n'est vraiment efficace que quand il confirme un projet de loi déjà mûrement discuté et élaboré par un gouvernement ou un parlement. Alors on peut poser au peuple la question "Approuvez-vous la loi qui décide ceci ou cela?". En clair, les Anglais auraient dû d'abord négocier un accord sur le Brexit, puis le soumettre au référendum. Et là, le peuple aurait dit: "D'accord on sort dans ces conditions" ou "On ne sort pas". Tandis que là on leur a demandé : "Voulez-vous sortir ou non ? On discutera des conditions après."


Une campagne mensongère

Or, ça ne marche pas parce que ceux qui ont voté oui au Brexit ont voté pour des raisons très diverses, et souvent d'ailleurs de fausses raisons, car la campagne pro Brexit a été largement mensongère. Résultat, on n'arrive pas à boucler un accord et les derniers sondages donnent 54% au non, si jamais il devait y avoir un second référendum.


Référendum ou plébiscite ?

Sans oublier que les référendums ont toujours un effet pervers: les électeurs peuvent aussi voter pour ou contre le gouvernement quel que soit la question. On a alors affaire au référendum plébiscite tel que le concevait le général de Gaulle qui posait des questions diverses avec toujours en filigrane cette menace : "Si vous répondez non je m'en vais". En Avril 1969, les Français ont dit non à une réforme très technique sur les régions et le Sénat. Conséquence: le général De Gaulle a démissionné de l'Elysée.


Cameron: l'apprenti sorcier

Maintenant, Thérésa May se retrouve dans une situation impossible, mais le vrai coupable c'est son prédécesseur, David Cameron. Persuadé que le Brexit serait rejeté, il a organisé ce référendum d'apprenti sorcier pour se maintenir au pouvoir, provoquant une catastrophe. Malheureusement, contrairement au poème de Goethe qui a inspiré Paul Dukas et Walt Disney, il n'y a pas ici de magicien qui pourrait tout rétablir d'un coup de baguette magique.

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