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Canada: les corps de 4 Français, disparus en motoneige, restent introuvables

Pour la quatrième journée d'affilée, une trentaine de policiers ont mené samedi de difficiles recherches dans les eaux glacées près du lac Saint-Jean pour retrouver quatre Français disparus après une expédition en motoneige, au lendemain de la découverte d'un premier corps.

"Le plus terrible, c'est ceux qu'on n'a pas encore retrouvés": dans les Vosges, l'attente des proches des disparus dans un accident de motoneige au Québec se fait de plus en plus "insupportable" alors que les secours canadiens viennent d'identifier un premier corps.

"C'est l'inconnu, les familles attendent du concret, des nouvelles pour savoir où ils vont, où ils sont, ce qu'il en est de leurs proches", explique à l'AFP Claude Abel, 65 ans, le maire de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin).

"Le choc, l'angoisse, l'émotion" se mêlent à "une attente insupportable pour les familles et les proches", poursuit l'élu de cette petite cité du Val d'Argent, sur le versant alsacien des Vosges d'où sont originaires plusieurs des touristes français.

"J'en connaissais deux depuis leur plus jeune âge", qui n'ont malheureusement pas encore été retrouvés, soupire l'élu : Jean-René Dumoulin, 24 ans, et Julien Benoit, 34 ans, "des sportifs aguerris", "habitués à faire de la moto dans des conditions difficiles" et rompus à ce type de "voyages".

"C'est une catastrophe"

"Je les côtoie régulièrement (...) ce sont des gens nés dans la vallée (de Sainte-Marie-aux-Mines), qui (y) habitent, qui (y) travaillent (...) Tout le monde les connaît", poursuit l'élu, visiblement affecté.

"C'est une catastrophe", renchérit Claude Drouillon, 79 ans, vice-président de la communauté de commune du Val d'Argent : "c'est absolument terrible pour les familles : je vous assure que les quelques minutes où vous avez le consulat, les gendarmes ou le maire qui vous indiquent que votre mari, votre enfant (...) est décédé, c'est un choc qui bouleverse complètement une vie".

L'accident s'est produit mardi, à l'embouchure d'une rivière partant du lac Saint-Jean, à 200 km au nord de la ville de Québec: le groupe, composé de huit hommes originaires des Vosges et du Haut-Rhin, circulait "hors piste" sur des motoneiges lorsque la glace a cédé sous le poids de leurs engins.

Trois ont survécu à des blessures légères et à un choc nerveux et ont quitté le Québec pour la France jeudi soir, selon le consulat général de France.




Samedi, le corps d'un des cinq disparus, retrouvé vendredi, a été identifié : il s'agit de Gilles Claude, 58 ans, originaire de Basse-sur-le-Rupt (Vosges) et père de trois biathlètes internationaux. L'un d'eux, Fabien, a dédié à son père le premier podium de sa carrière, jeudi dans une épreuve de Coupe de monde, en Slovénie.

"On ne peut que saluer ce que le Canada met en place" pour retrouver les disparus, a déclaré Claude Abel. "D'importants moyens" ont été déployés dès le début et ont été "renforcés" vendredi, a-t-il souligné.

Sur le terrain, la police a continué de mobiliser d'importants moyens pour ce qui est désormais sa "priorité": retrouver les quatre autres Français. Samedi soir, Yan Thierry, 24 ans, Jean-René Dumoulin, 24 ans, Julien Benoît, 34 ans, et Arnaud Antoine, 25 ans, étaient toujours introuvables.

"Un déni de la réalité"

"C'étaient tous des copains, ils sont partis samedi dernier et il y en a qui ne (reviennent) pas", se lamente Paul Drouillon.

Mais pour l'élu, "le plus terrible, c'est ceux qu'on n'a pas retrouvés. Il y a toujours un espoir qu'ils soient vivants tant qu'on ne les a pas retrouvés (...) Et même, on n'ose pas y croire, il y a un déni de la réalité (...) qui existe même quand vous avez vu le corps", estime-t-il.

Cet ancien professeur de physique à Sainte-Marie-aux-Mines confie avoir connu Paul Klein, 43 ans, qui fait partie des rescapés. "C'était un élève formidable, plein d'initiatives", se rappelle l'élu.



Jointe par téléphone, la mère de Paul, Charlotte Klein, n'a pas souhaité s'exprimer : "Je suis les consignes de mon fils (Paul), je ne peux rien vous dire". Interrogée sur l'état de santé de Paul, elle a simplement expliqué que les trois rescapés étaient "tous ensemble", avant de raccrocher.

"A ma connaissance (...) ils ne sont pas encore en Alsace" mais sont "sûrement sur le point" d'y arriver, a estimé de son côté M. Abel.

Pour l'heure, aucune cérémonie n'est prévue dans la région : il est "trop tôt" et il faut attendre la fin des recherches, estime l'élu. Mais si quelque chose est organisé, "ce sera fait en conformité avec ce que souhaitent les familles", promet-il.

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