Accueil Actu

Six mois après sa demande, Fabian attend toujours le raccordement au gaz de sa maison à Liège

Le cas de ce propriétaire est l'occasion de se pencher sur les procédures nécessaires pour raccorder une habitation au réseau de distribution au gaz.

Fabian achète des maisons et des appartements, les rénove et puis les vend. Une activité rentable, mais qui ne lui épargne pas les mauvaises surprises. En août dernier, la maison mitoyenne qu'il a achetée à Liège est terminée. Elle est restée vide pendant dix ans alors Fabian a du faire de nombreux travaux. Finalement, il ne reste plus que la mise en service du gaz, la maison étant déjà raccordée au réseau. Ensuite, Fabian pourra la vendre, comme il le fait toujours.

Fabian appelle Résa, le gestionnaire du réseau d'électricité et de gaz dans la région liégeoise, pour faire venir un technicien, qui va valider l'installation et donner l'autorisation d'ouvrir le gaz. Une première étape à priori simple mais qui ne va pas aboutir. "J'ai fait ma demande fin août. Rien. Fin novembre-début décembre, j'ai fini par aller directement chez Résa. Ils ont enfin envoyé un technicien, fin décembre." A ce moment-là, quatre mois se sont déjà écoulés. 

Contactée, l'intercommunale Résa ne s'explique pas ce retard. Sauf peut-être si Fabian a fait sa demande de mise en service par téléphone. "On recommande toujours de faire une demande par formulaire plutôt que par téléphone, rappelle Patrick Blocry, porte-parole de Résa, car il y a des champs spécifiques à remplir. Pour le gaz et l'électricité, ce sont des champs extrêmement régulés, pour des raisons de sécurité, on a besoin de précisions." S'il manque certaines informations, l'usager doit reprendre contact avec Résa, ce qui peut retarder la visite du technicien.

Et puis, "il peut y avoir des retards, concède Patrick Blocry, ça arrive. Dire qu'il n'y a jamais de retard, ça n'est pas vrai, ça arrive. Mais quand ils s'accumulent, on prend des intérimaires. Avec les équipes techniques, on se réorganise."  

Une procédure simple

A ce jour, impossible donc d'expliquer pourquoi Fabian a dû attendre quatre mois pour recevoir la visite d'un technicien. Dans la majorité des cas, pour mettre en service le gaz dans un bâtiment, la procédure est simple : vous remplissez le formulaire de demande chez le gestionnaire, un technicien regarde les plans cadastraux archivés, vérifie qu'il existe déjà des tuyaux de raccordement, passe sur place pour vérifier que tout est en ordre, puis le gestionnaire du réseau ouvre les vannes et le gaz arrive.

"Le tuyau est bouchonné"

Le technicien de Résa se présente fin décembre 2017. Fabian croit voir la fin de l’attente et pense qu’il va enfin pouvoir vendre. Mais la visite du technicien ne se conclut pas bien : "Apparemment, les plans de Résa n'étaient pas à jour", rapporte Fabian. Quand il arrive, le technicien constate que les tuyaux ne correspondent pas à ce qui est indiqué sur ses plans. Comme si ça ne suffisait pas, "le tuyau est bouchonné." Il faudra comprendre d'où vient le problème puis refaire les raccordements. Le technicien lui dit de compter 3 à 6 mois pour procéder au raccordement. Patrick Blocry confirme:  "C'est minimum 3 mois", même quand tout est en ordre.

Que réclame un raccordement au gaz ?

"Le client envoie un formulaire de demande de raccordement par email. Une offre lui est alors envoyée endéans le mois qui suit (si nous avons toutes les infos nécessaires ; il n’est pas rare qu’il faille demander des infos manquantes). Le client marque son accord sur l’offre.", détaille Patrick Blocry. Arrivent ensuite les étapes les plus longues.

Résa doit demander un permis pour accéder aux sous-sols dans la rue. "La demande d’autorisation de voirie part – délai de 1 à 3 mois en moyenne - ça peut exceptionnellement être plus long." Pendant ce temps-là, "Le client effectue les travaux nécessaires et nous signale quand ils sont terminés, il demande la réception de son installation via un organisme agréé et il doit choisir un fournisseur agréé. Nous procédons alors au raccordement endéans le mois, après avoir effectué les demandes d’impétrants (vérifié ce qui se trouve déjà dans le sous-sol : canalisations, câbles électriques, etc. NDLR). Le délai est donc au minimum d'environ 3 mois pour un raccordement, mais peut être plus long en fonction des délais variables indiqués ci-dessus."

Dans le cas de Fabian, la plupart de ces étapes ont été remplies. Mais s'il doit attendre aussi longtemps, c'est que Résa va devoir ouvrir le trottoir et peut-être même une portion de rue. Et pour ça, le gestionnaire a besoin d'une autorisation de la Ville.

"En moyenne, il faut 30 jours pour obtenir les autorisations de travaux", explique Laurent Balancier, responsable de la cellule Impétrants à la Ville de Liège. Quand il faut ouvrir la chaussée pour accéder aux canalisations, "la police peut imposer des conditions, par exemple, faire les travaux par demi-chaussée pour maintenir la circulation". La Ville doit aussi intégrer des remarques au dossier sur les techniques de reconstruction une fois que la chaussée a été ouverte. La demande doit ensuite faire l'objet d'un arrêté du Collège communal et être votée. Légalement, la Ville a même 60 jours pour réaliser toutes ces étapes.

En revanche, si les travaux se font uniquement sur le trottoir "ou s'ils font moins d'un mètre carré, c'est ce qu'on appelle une 'petite ouverture'", détaille Laurent Balancier, pas besoin d'autorisation, Résa doit prévenir la Ville 5 à 10 jours avant puis elle peut lancer les travaux.

Une fois toutes ces démarches réalisées, Résa pourra envoyer une équipe faire les travaux, changer le tuyau bouchonné et faire les branchements nécessaires. "Dans mon cas, ça fera 7 à 11 mois d'attente totale !", s'emporte Fabian.

À lire aussi

Sélectionné pour vous