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Qui était Henrik de Danemark, le comte français qui voulait être roi?

Henrik de Danemark, époux d'origine française de la reine Margrethe II mais jamais roi, est décédé mardi à 83 ans, au soir d'une vie princière ombragée par ses relations parfois orageuses avec les Danois.

"Au revoir Henrik", titrait en français le quotidien de référence Politiken, avec une photo du prince jeune faisant un signe de la main.

Né Henri Marie Jean André de Laborde de Monpezat, Henrik s'est éteint mardi à 23h18 entouré de sa femme et de leurs deux fils, Frederik, 49 ans, et Joachim, 48 ans.

Ses funérailles seront célébrées dans l'intimité le 20 février. La moitié de ses cendres seront dispersées en mer, l'autre inhumée dans une urne sur le domaine du château de Fredensborg, à une quarantaine de kilomètres au nord de Copenhague.

Atteint de démence, il avait été hospitalisé fin janvier pour une infection pulmonaire.

"Le prince Henrik a représenté le Danemark avec excellence", a réagi le Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen.

Devant Amalienborg, la résidence d'hiver du couple royal à Copenhague, des anonymes déposaient fleurs et dessins en son souvenir.

Interrogée par un correspondant de l'AFP, Nina Langebaek se souvenait qu'"il aimait l'art, la poésie, la cuisine. Il était intelligent, c'était un grand ambassadeur pour le Danemark".

"C'est un jour triste pour le Danemark, il faisait partie de notre vie depuis 50 ans", résumait Marianne Juul Jensen.

Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage à son implication en faveur de la "longue et inaltérable amitié entre la France et le Danemark, deux nations dont l'alliance ne fut jamais rompue".

Miracle des lignées royales, Henrik et Margrethe avaient tous deux des origines paloises : la reine, ainsi que son cousin le roi Carl XVI Gustav de Suède, descend de Jean-Baptiste Bernadotte, maréchal de France né à Pau (sud-ouest de la France).


Un intellectuel, un artiste

Jovial, un brin grand siècle, le prince avait des manières qui ont pu irriter dans un pays valorisant l'humilité et la discrétion.

"Le Danemark a perdu un intellectuel, un artiste et homme amusant qui, avec son expérience internationale, a fini par gagner le coeur des Danois sceptiques", constatait le quotidien conservateur Jyllands-Posten.

Depuis le 1er janvier 2016, Henrik était retraité, libéré de ces obligations officielles qu'il honorait diversement selon son humeur.

En avril 2015, il s'était fait porter pâle lors des célébrations du 75e anniversaire de la reine, mais avait été aperçu à Venise quelques jours après, s'attirant railleries et foudres de la presse à grand tirage.

Et l'été dernier il avait publiquement fait savoir qu'il refusait d'être inhumé avec sa femme dans la nécropole royale de la cathédrale de Roskilde.

N'ayant pas obtenu le titre de roi, et bien qu'il fût "altesse royale", il arguait qu'il n'était pas son égal dans la vie et ne souhaitait pas l'être dans la mort.

La ministre danoise de la Culture, Mette Bock, a dénoncé mercredi sur sa page Facebook "l'hypocrisie" de ceux des Danois qui lui rendent hommage après l'avoir "maltraité" pendant des décennies. 


Vin, Citröen, tennis

Né le 11 juin 1934 à Talence, près de Bordeaux (sud-ouest de la France), le jeune et fringant comte avait épousé en juin 1967 Margrethe, couronnée en janvier 1972.


Après une enfance indochinoise dépensée sur les plantations familiales, Henri embrasse la carrière diplomatique et c'est à Londres qu'il rencontre Margrethe, alors héritière de la couronne danoise.

En l'épousant, il change de prénom, adopte la nationalité danoise et la religion protestante. Surtout, il se résigne à s'effacer devant Margrethe que ses sujets adorent.

"J'accepte de jouer le jeu. Mais c'est très dur pour un homme de ne pas être considéré sur le même plan que son épouse", admet-il dans ses mémoires.

"Tout ce que je faisais était critiqué. Mon danois était bancal. Je préférais le vin à la bière, les chaussettes en soie aux chaussettes en tricot, les Citroën aux Volvo, le tennis au football".

Ce n'est qu'en 1984, douze ans après l'accession au trône de son épouse qu'il obtient son propre apanage, prélevé sur celui de la Reine.

En 2002, c'est le drame : la reine Margrethe grippée demande au prince héritier, Frederick, de la remplacer pour la lecture des voeux. Ni une ni deux, le prince-consort quitte Copenhague furieux pour se réfugier en France dans sa propriété vinicole de Cayx (ou Caïx) dans le Lot où il était très impliqué.

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