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Salzbourg: comment fonctionne la fabrique à champions de l'écurie Red Bull?

Le Red Bull Salzbourg ne compte aucune star et en est fier. Le club autrichien s'est hissé en demi-finales de la Ligue Europa, où il affronte Marseille jeudi, en développant des talents recrutés très jeunes et qui font du maillot aux taureaux une marque recherchée par les recruteurs européens.

Premier club autrichien à ce niveau de la compétition depuis 1996, le RB Salzbourg tient là l'occasion d'accrocher une coupe européenne à son palmarès de quadruple champion national et quadruple vainqueur de la coupe d'Autriche, quasi assuré d'un cinquième doublé cette saison.

Pour le milieu de terrain Diadié Samassékou, dont c'est la troisième saison dans l'écurie Red Bull, l'enjeu est double: jeudi, le malien de 22 ans peut en profiter pour faire monter les enchères face aux recruteurs qui se bousculent pour le signer. Surtout que, parmi ces prétendants, figurerait justement l'OM.

Plusieurs anciens du club ont vu leur cote décoller ces dernières années.

L'international guinéen Naby Keita, revendu en 2017 pour 70 millions d'euros à Liverpool, avait été transféré de Salzbourg à Leipzig pour 15 millions d'euros. Le Français Dayot Upamecano, arrivé en Autriche à 16 ans, en 2015, pour 2,2 millions d'euros, a été revendu pour 10 millions à Leipzig, où il fait actuellement des étincelles.

Ces mouvement en direction de l'Allemagne, dans l'autre club vitrine de la galaxie Red Bull, illustrent la stratégie développée par le groupe de boisson énergisante et son charismatique fondateur Dietrich Mateschitz, depuis l'acquisition du club en 2005: repérer des talents prometteurs grâce à un énergique réseau de détection, les former dans son académie à la pointe des innovations sportives et les revendre en misant sur une confortable plus-value.

Car la philosophie sportive du club est aussi un modèle économique: "les revenus issus des transferts sont essentiels au budget", confiait lors de la présentation des résultats 2017 le directeur général Stephan Reiter. Lors de cet exercice, les transferts, après une année exceptionnelle, ont rapporté 70 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 107 millions. Une contribution rondelette même si les budgets des cinq clubs vedettes du foot européen émargent à plus de 500 millions d'euros...

Plusieurs atouts

Pour démarcher les futures pépites, Salzbourg vend davantage que son statut de champion d'une ligue autrichienne au niveau modeste ne le laissait imaginer dans un premier temps: les joueurs sélectionnés intègrent l'univers football de la marque, qui s'est d'abord diversifiée en accolant le nom de la marque à des compétitions de sports extrêmes, avant de s'offrir une écurie de Formule 1 lui rapportant quatre titres mondiaux, et de débarquer dans le football.

Le milliardaire Mateschitz a fait de Salzbourg le vivier du RB Leipzig, parti de rien lors de sa création par la firme en 2009 et vice-champion de Bundesliga la saison dernière, à la surprise générale. Dans ce système pyramidal, Salzbourg recrute aussi parmi les effectifs d'autres petits clubs de la filière Red Bull.

Aux adolescents prometteurs, Salzbourg ouvre les portes de son académie autrichienne, dédié au foot et au hockey, décrite comme l'une des installations les plus modernes du moment.

Autre atout, selon Christoph Freund, directeur sportif: le temps de jeu parmi les pros. "Nous donnons la possibilité à des joueurs de 17, 18 ans de se confronter à des sportifs accomplis", via le championnat autrichien et les compétitions européennes. "Pour le développement d'un joueur, la différence est énorme".

Salzbourg a remporté en 2017 la Youth league, l'équivalent de la Ligue des champions U19.

Reste qu'à l'image de son jumeau Leipzig, le club reste mal-aimé des supporters autrichiens peu sensibles à sa modernité mercantile.

Le public de la vaste Red Bull Arena de la ville, dotée de 30.000 places, plafonne ainsi actuellement à 7.000 spectateurs. Il y en avait en moyenne 15.000 en 2006/07... Au point que la direction du club a décidé de fermer une partie des tribunes l'an prochain pour réduire la jauge. Et d'entamer une campagne de reconquête des fans dont l'engouement frémit depuis le début des exploits européens du Onze aux deux taureaux.

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