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XV de France: "Ca ne compromet pas la suite du Tournoi", insiste l'infectiologue Eric Caumes

L'infectiologue Eric Caumes, membre de la commission médicale de la Fédération française de rugby (FFR), l'assure: la cascade de cas de coronavirus au sein du XV de France qui a conduit au report du match France-Ecosse "ne compromet pas la suite du Tournoi des six nations", a-t-il expliqué vendredi à l'AFP.

Q: Est-ce que le report du match de dimanche était la bonne décision?

R: "Il n'y avait pas d'autre solution que de reporter le match, parce qu'il y avait trop de contacts. Les contacts pouvant se +positiver+, il y avait un risque d'infecter les Ecossais donc il fallait reporter le match."

Q: Comment en est-on arrivé là?

R: "Il y avait une bulle sanitaire dans laquelle personne n'était infecté. Puis des personnes sont entrées dans cette bulle. Ils étaient dépistés, testés négatifs mais, malheureusement, ils se sont +positivés+ après être entrés dans cette bulle. Le genre de choses très compliqué à éviter. Si vous voulez vraiment l'éviter, la seule solution, c'est de demander aux gens, avant de pénétrer dans la bulle sanitaire, de respecter une quarantaine de quatorze jours. C'est-à-dire la durée d'incubation maximum de la maladie."

Q: Mais comment le virus a-t-il pu entrer dans la bulle bleue?

R: "On a une idée: ce serait passé par des joueurs de l'équipe de rugby à sept. Un joueur est rentré négatif mais, malheureusement... On peut se +positiver+ dans les quinze jours qui suivent un contact. C'est un virus assez diabolique. On a parlé de Fabien Galthié ou d'un préparateur physique, parce que c'était les deux premiers cas positifs. On sait que, dans l'équipe de France de rugby à VII, il y a un joueur qui s'est révélé positif et que le contact s'est probablement fait comme ça. C'est pour cette raison que leur positivité s'est révélée quasiment en même temps. On est maintenant à une douzaine de cas au total, parmi les joueurs uniquement."

Q: Il y a donc eu des brèches dans cette bulle sanitaire...

R: "Forcément! A partir du moment où une personne entre dans la bulle et qu'elle est contagieuse, toutes les conditions sont réunies pour que la contamination se fasse facilement: vous vous sentez en sécurité dans une bulle sanitaire, c'est d'ailleurs ça l'intérêt. Et donc il peut y avoir un relâchement des mesures et c'est donc propice à la contamination. C'est logique. Si vous voulez éviter ce genre de choses, il faut être rigoureux et appliquer ce qui a été fait pour l'Open d'Australie à Melbourne. Les joueurs sont restés en quarantaine, pendant quatorze jours, avant de pouvoir rentrer dans la bulle constituée par le circuit."

Q: Est-ce à dire qu'il y a eu des imprudences?

R: "Non, ils ont respecté le protocole à la lettre. Le protocole n'impose pas de quarantaine avant d'entrer dans la bulle parce que c'est impossible et incompatible avec l'exercice en club, avec les exigences professionnelles... L'exemple-clé, c'est l'Open d'Australie en tennis: la rigueur avec laquelle ils ont fait ça, c'est ce qu'il faut faire. C'est ce qu'il faudrait faire pour les Jeux olympiques ou le championnat d'Europe de football aussi, clairement."

Q: Quelle est la suite pour le XV de France? Le Tournoi peut-il s'arrêter là pour les Bleus?

R: "Tous les cas ont été isolés, ils sont testés tous les jours. Pour moi, ça ne compromet pas la suite du Tournoi des six nations. Ils ne jouent pas le week-end prochain, ils auront donc une douzaine de jours de sécurité. On verra le protocole à ce moment-là mais il doit être respecté. Il faut voir comment les choses vont évoluer."

Q: Combien de temps faut-il avant que le cluster disparaisse et que les choses reviennent à la normale?

R: "Ca va dépendre si des cas se révèlent dans les jours qui viennent. C'est la clé. S'il y a zéro cas dans les sept jours qui viennent, a fortiori dans les dix jours, c'est rassurant. Si, par contre, il y a des cas, ce qui serait jouer de profonde malchance, tout dépendra de comment l'isolement, les gestes barrières et les précautions auront été respectés. Le risque zéro n'existe pas."

Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

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