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Décryptage - Bande de Gaza : où en est-on après 6 mois de guerre?

Cela fait 6 mois que le Hamas a mené une violente offensive en Israël, causant la mort de plusieurs centaines d'Israéliens. En riposte, Israël ne cesse de bombarder la bande de Gaza où 1,5 million de Palestiniens ont été déplacés. Comment les choses ont-elles évolué en 6 mois? Combien de personnes ont perdu la vie dans chaque camp? Combien de personnes sont encore retenues en otage à Gaza? Quelles sont les conditions de vie là-bas? On fait le point sur la situation. 

Il y a 6 mois, le 7 octobre 2023, une guerre sans précédent éclatait entre Israël et le Hamas. Elle a débuté lorsque des centaines de combattants du Hamas se sont infiltrés en Israël depuis Gaza et se sont livrés à des massacres dans des localités frontalières et dans un festival de musique. Des dizaines de roquettes ont aussi été tirées depuis la bande de Gaza vers le pays voisin. Les premières sirènes d'alerte ont alors retenti dans plusieurs villes autour du territoire palestinien. C'était la fin d'une trêve plus ou moins respectée entre les deux territoires depuis la guerre de cinq jours en mai 2023. 

Rapidement, l'armée israélienne affirme que des otages - soldats et civils - ont été capturés et emmenés dans la bande de Gaza. Ce que confirme le Hamas en indiquant avoir pris "suffisamment d'Israéliens pour s'assurer qu'Israël libère tous les Palestiniens actuellement détenus en prison".

La riposte d'Israël

Face à cette "puissante invasion terrestre", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis d'"anéantir" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, assurant que l'armée utiliserait "toute sa puissance" pour "détruire les capacités" du mouvement islamiste palestinien.

Après avoir riposté par des bombardements massifs et soumis la bande de Gaza à un siège complet, Israël a appelé le 13 octobre les habitants de la ville de Gaza à évacuer vers le sud, car son armée va "agir partout avec toute notre force." 

L'armée israélienne lance à partir du 27 octobre une campagne terrestre. En décembre, des dizaines de chars sont entrés dans le sud de la bande de Gaza et les raids aériens se sont multipliés. En 6 mois de guerre, le conflit s'est fortement intensifié. 

Le nombre de morts

Il est compliqué d'estimer et de vérifier le nombre exact de personnes décédées en Israël et à Gaza depuis le début de l'attaque en octobre dernier. Les chiffres sont communiqués, d'une part, par le Ministère de la Santé du Hamas, et d'autre part, par l'armée israélienne. De son côté, le Hamas fait état de 33.207 morts palestiniens. Côté israélien, le bilan s'élèverait à 1.170 morts, essentiellement des civils.

Le nombre d'otages

D'après Israël, plus de 250 personnes ont été enlevées lors de l'attaque perpétrée le 7 octobre 2023. Et à ce jour, on estime que 130 personnes sont toujours retenues en otage à Gaza, dont 34 sont mortes. 

Le soutien des pays du monde

Certains pays du monde se positionnent dans ce conflit et marquent clairement leur soutien à l'un ou l'autre camp. Par exemple, on sait que le jour de l'attaque, en Iran, un haut conseiller du guide suprême a exprimé son soutien de manière très tranchée: "Nous soutenons cette fière opération", a-t-il dit. Il en va de même pour les rebelles Houthis au Yémen qui ont déclaré qu'ils soutenaient "l'opération héroïque des jihadistes", une "bataille de la dignité, de la fierté et de la défense."

D'autres pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont appelé à plus de calme. Le Caire, capitale de l'Egypte et médiateur traditionnel dans le conflit israélo-palestinien, a appelé à "faire preuve de la plus extrême retenue." Les Émirats arabes unis ont réclamé "un cessez-le-feu immédiat." L'Arabie Saoudite a aussi demandé "l'arrêt immédiat de l'escalade entre les deux parties, à la protection des civils et à la maîtrise de soi."

Chez nous, la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, avait, au nom de la Belgique, "fermement condamné" les "attaques massives à la roquette contre les civils israéliens". En France, le président Emmanuel Macron a "condamné fermement les attaques terroristes qui frappent Israël", et a exprimé sa "pleine solidarité" avec les victimes. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également condamné des attaques relevant du "terrorisme dans sa forme la plus méprisable", et estimé qu'Israël avait "le droit de se défendre".

Aux États-Unis, Joe Biden a rappelé son soutien "inébranlable" à Israël.

Aide humanitaire

Depuis le début du conflit, plusieurs dizaines de camions d'aide humanitaire ont pu entrer à Gaza via le point de passage de Rafah à la frontière avec l’Egypte. Selon Israël, 419 camions y sont entrés pour le moment. Des médicaments, des vêtements, des fournitures médicales et des produits alimentaires ont notamment été envoyés pour soutenir la population touchée.

D'autres fournitures ont aussi pu être acheminées par avion. La Belgique, par exemple, a envoyé une aide de 500.000 euros en matériel humanitaire: 400.000 euros pour des kits d'hygiène et 100.000 euros pour de l'alimentaire. Les États-Unis, la France, l'Allemagne ou encore l'Espagne aussi ont largué de l'aide humanitaire par voie aérienne. 

On estime qu'un seul bateau est, à ce jour, venu pour apporter de l'aide. Il venait de Chypre avec 200 tonnes de nourriture, soit l'équivalent de 12 camions.

Mais globalement, beaucoup dénoncent le manque d'aide humanitaire dans le petit territoire palestinien. Israël subit d'ailleurs une pression internationale croissante pour en laisser entrer davantage dans la bande de Gaza. Un nouveau point d'acheminement "temporaire" devrait être autorisé dans les prochains jours, au niveau du port israélien d'Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza. 

Les conditions de vie à Gaza

Selon l'ONU, 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats se trouvent entassés à la frontière avec l’Egypte. Dans la bande de Gaza, les conditions de vie sont compliquées: les habitants ont des difficultés financières, ils sont au bord de la famine. "Les gens sont globalement fauchés. Ceux qui avaient de l'argent lorsqu'ils ont été déplacés n'ont plus rien. En plus de la guerre génocidaire, il y a la guerre des marchands. Alors qu'on espérait rentrer chez soi, il n'y a plus de maisons, et en même temps, nous n'avons plus rien pour joindre les deux bouts. Il y a une guerre contre nous, et même nos propres marchands sont contre nous", confie Asmaa al-Najjar, déplacée de la ville de Gaza. 

"Ceux qui avaient des économies sous la forme d'or les ont toutes épuisées en boîtes de fèves et de pois chiches. Nous travaillons de 5 heures du matin jusqu'au coucher du soleil pour gagner environ 30 à 40 shekels, avec lesquels il est pratiquement impossible d'acheter quoi que ce soit de nos jours ; à peine de quoi acheter deux cigarettes et quelque chose d'une valeur de 10 shekels pour remonter le moral de mon fils, et c'est à peu près tout", explique Said Hossam Taha, vendeur habitant à Rafah.

Ce qui est très difficile pour eux, c'est de ne pas savoir combien de temps la guerre va encore durer. "Depuis six mois, les gens espèrent voir arriver une trêve pour le lendemain. Ils vivent de cet espoir, sans trop savoir ce qu'ils espèrent. Allons-nous rentrer chez nous? Vont-ils nous transférer dans le Sinaï? Ou nous jetteront-ils à la mer ? Ou bien les gens vont-ils simplement mourir ici ? Personne ne le sait. Nous souffrons depuis six mois", glisse Oussama al-Nadi, déplacé du camp de Jabalia.

Des restaurants de charité ont été mis en place pour offrir de quoi manger à ces personnes déplacées. "J'ai vendu tout ce que je possédais dans le magasin, et maintenant je n'ai plus d'argent. Je dépends des restaurants de charité pour me fournir les repas d'iftar et de suhoor (les repas durant le mois de ramadan, ndlr). Sans les restaurants de charité, je n'aurais pas eu de repas, car je n'ai pas d'argent", raconte Mourad al-Gharam, déplacé du centre de la bande de Gaza. 

Maï Morchid, une habitante de Gaza, explique qu'elle est "incapable d'élever" ses enfants convenablement à cause de la guerre. Cette mère de quatre enfants se déplace "de jour en jour" depuis que sa maison a été bombardée. "Mes enfants se réveillent terrifiés, de la même manière qu'ils se couchent stressés", dit-elle.

Des négociations qui mèneront à une trêve?

Depuis le début du conflit opposant Israël au Hamas, une seule trêve a pu être négociée: c'était le 24 octobre 2023 et elle a duré 7 jours. Cet accord a permis la libération de 80 otages israéliens ou binationaux, en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens.

Depuis, de nombreux pays appellent à une nouvelle trêve, à un cessez-le-feu immédiat, mais les négociations sont difficiles. Les pays médiateurs - les États-Unis, le Qatar et l'Egypte - sont engagés depuis des semaines pour trouver un accord. Mais selon le Qatar, des pourparlers sont toujours "en cours" entre Israël et le Hamas à Doha. Le but est d'obtenir une trêve à Gaza ainsi qu'un échange d'otages et de prisonniers palestiniens.

Ce lundi, un média pro-gouvernemental égyptien avait fait état de "progrès significatifs" dans ces discussions, mais des responsables israéliens et du Hamas ont rapidement tempéré les espoirs d'une trêve prochaine et d'une libération des otages retenus dans la bande de Gaza. D'ailleurs, les forces israéliennes "se préparent à la poursuite de leurs missions (...) dans la zone de Rafah", à la frontière avec l'Egypte, a déclaré dimanche le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

La guerre la plus meurtrière

Le 25 mars dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu, avec l'abstention des États-Unis qui avaient jusqu'alors mis trois fois leur veto. Et ce vendredi 5 avril, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a exigé l'arrêt de toute vente d'armes à Israël, dans une résolution évoquant les craintes de "génocide" contre les Palestiniens, un terme qui suscite un vif débat. C'est la première prise de position du Conseil des droits de l'homme sur le conflit depuis le 7 octobre 2023.

L'ambassadrice d'Israël, Meirav Eilon Shahar a réagi après ce vote, estimant que "cette résolution est une tache sur le Conseil des droits de l'homme et sur les Nations unies dans leur ensemble." De son côté, l'ambassadeur palestinien, Ibrahim Mohammad Khraishi s'est dit "heureux" : "C'est bien ce qui se passe, nous avons 28 voix pour", mais il a regretté que certains pays européens aient voté contre ou se soient abstenus sur la résolution. 

Bien que les pourparlers soient toujours en cours, on peut déjà dire que cette guerre est, et de très loin, la plus meurtrière des cinq conflits ayant opposé Israël au mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. 

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