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Léopold Storme, le tueur des Marolles, filmé dans un bar: il n'a pas violé les conditions de sa libération, selon le parquet

Léopold Storme, le jeune homme qui a tué ses parents et sa soeur dans leur magasin des Marolles (Bruxelles) en 2007, a été vu récemment dans un bar bien connu de Flagey, à Ixelles. Selon les témoins, qui l'ont filmé à son insu, l'homme âgé aujourd'hui de 30 ans était saoul, ce qui lui est pourtant interdit par la justice. Il s'agit d'une des conditions de sa liberté conditionnelle. Mais pour son avocat, se détendre dans un bar n'est pas une violation de cette condition. Explications.

La scène date d'il y a quelques jours. Elle se passe dans le quartier animé de Flagey, à Ixelles. Des témoins y croisent Léopold Storme, condamné à 26 ans de prison en 2010, mais en liberté conditionnelle depuis un an. Selon eux, il était dans un état second, ayant consommé de l'alcool, voire autre chose. Selon un autre témoin, Léopold Storrme serait un habitué du bar en question, mais serait décrit comme "pas méchant".


Il n'a pas violé les conditions de sa libération

Une question se posait donc: le tueur a-t-il violé sa liberté conditionnelle, comme il l'avait déjà fait 4 mois après sa sortie? En juin 2017, il avait réintégré la prison pour une vingtaine de jours après s'être présenté lui-même à police car il avait consommé de l'alcool, mais le tribunal d'application des peines avait jugé cette faute trop peu grave que pour le garder enfermé.

Ce matin, le parquet de Bruxelles apporte la réponse, après avoir visionné les images: le procureur indique que Léopold Storme ne semble pas avoir violé les conditions de sa libération. Il ne voit pas de raison de saisir le tribunal d’application des peines, suite aux images publiées hier montrant le jeune homme de 29 ans dans un bar de la capitale, où il pourrait avoir consommé de l’alcool. Le parquet précise toutefois analyser l'ensemble du plan de réinsertion de Léopold Storme de près.


"Je ne vois pas en quoi il aurait violé aujourd'hui quoi que ce soit"

Pour son avocat Fabian Lovaux, il n'était pas question de parler ici de violation de conditionnelle: "Je pense que Léopold Storme a démontré à quel point il était capable d'embrasser une réinsertion et de respecter le cadre qui lui était imposé. Alors il est évident qu'il est aujourd'hui libéré, sauf erreur, depuis plus d'un an. Des conditions lui sont imposées et il est évident que d'aucuns guettent le moindre faux-pas. Je dirais que cette réinsertion se passe bien de manière générale, qu'il respecte le cadre qui lui est imposé. Alors par rapport à la fréquentation d'un établissement, d'un débit de boisson ou autre et consommer un verre d'alcool, il n'y a aucune difficulté par rapport à cela. Rien ne le lui interdit de se comporter de la sorte. Par contre, ce qui lui est interdit, c'est de mettre en difficulté les autres, ou de se mettre en danger lui-même, en consommant de manière abusive, ou en consommant des produits stupéfiants. Mais je ne vois pas en quoi il aurait violé aujourd'hui quoi que ce soit au niveau de ses conditions."

"C'est quelqu'un qui poursuit ses études, qui poursuit son cursus, qui poursuit son plan de reclassement, et qui ne fait plus parler de lui. Alors, on le voit dans un établissement, je crois que rien ne l'interdit. Si demain, il devait re-commettre une infraction, il sera réincarcéré mais aujourd'hui, rien n'est moins sûr et en tout cas, aucune demande n'a été formulée en ce sens".

"Des juges professionnels se sont penchés sur la situation et plusieurs médecins psychiatres également. Des balises solides ont été posées. Il faut savoir qu'il est en liberté totale aujourd'hui depuis plus d'un an, que bien avant cela, j'avais pu obtenir des congés pénitentiaires et des permissions de sortie qui se sont toujours excessivement bien déroulées. Donc je pense que cela se poursuivra comme cela et comme il faut".


Rappel des faits: un fils se transforme en tueur

Les parents et la soeur de Léopold Storme ont été tués le samedi 16 juin 2007. Son père, François-Xavier Storme (48 ans), sa mère Caroline Van Ooste (48 ans) et sa sœur Carlouchka (22 ans) ont été poignardés de respectivement 23, 33 et 44 coups de couteau. Les corps ont été découverts le lendemain des meurtres. Léopold Storme a été interpellé le lundi, soit deux jours après la mort des membres de sa famille.

Le jeune homme, âgé de 19 ans au moment des faits, avait d'abord affirmé avoir passé le week-end à la mer, du vendredi au dimanche. Confronté aux incohérences de cette version, il est revenu ensuite sur ses déclarations et affirmé avoir été agressé par des inconnus dans le magasin au moment des faits. Les propos de Léopold Storme sont alors confus, disparates et incohérents.

Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, le jeune homme est parti pour La Panne le vendredi 15 juin au matin et il est revenu à Bruxelles le samedi vers 17h. Quelques minutes après son retour, il a téléphoné à sa soeur pour lui donner rendez-vous au magasin familial. Sur son ordinateur, Léopold Storme avait fait des recherches sur le chloroforme et sur des techniques de déguisement pour paraître plus vieux. Il a également demandé à un ami comment obtenir un couteau de combat. Léopold Storme a utilisé plusieurs GSM et différentes cartes SIM. L'appel à sa soeur, le samedi vers 17h10, a été effectué avec une carte SIM différente utilisée uniquement pour cet appel.

Après avoir sauvagement tué son père, sa mère et sa soeur, le jeune meurtrier a formaté son ordinateur, effacé ses traces à l'eau de javel, et il a jeté ses affaires ensanglantées dans des poubelles différentes avant de prendre le train pour Ostende. Il a également fait soigner ses blessures aux mains par un médecin et il a téléphoné plusieurs fois à ses proches, qu'il savait pourtant morts. À son retour de la Côte belge, le jeune homme a feint la surprise.

Plusieurs éléments ont désigné Léopold Storme comme étant le coupable: les traces de chaussures maculées de sang lui appartenant ont été identifiées. Les chaussettes de Léopold Storme ont été retrouvées, maculées du sang de son père, à leur résidence de la mer. Les analyses ADN ont permis d'identifier le sang de Léopold Storme sur les trois victimes. La montre de François-Xavier Storme a été retrouvée sous une palette tachée du sang de Léopold. Des traces de sang de Carlouchka et de Caroline Van Ooste ont également été retrouvées dans les charnières des lunettes de Léopold Storme.


La décision du tribunal en 2010

Seul l'ADN de l'accusé avait été trouvé sur les victimes. Aucune contusion n'était visible sur la tête de l'accusé, qui avait affirmé avoir été frappé à la tempe par les agresseurs de sa famille. Pour la cour d'assises, il était possible que l'accusé ait tué seul les trois victimes puisque les corps ont été trouvés à deux endroits différents. Léopold Storme a été décrit comme un "solide gaillard capable de frapper avec force". 

Le mobile du vol a été écarté, les victimes étant en possession d'argent et de bijoux. Le mobile serait la mésentente entre l'accusé et ses parents, malgré la "tentative" des témoins (de moralité) de donner une image unie de la famille. Léopold Storme était de plus fragilisé par le projet de départ de sa petite amie en Erasmus au Canada, selon le verdict. Pour la cour d'assises, le meurtre de la soeur comme celui des parents étaient prémédités. Le coup de téléphone passé par l'accusé juste avant les faits à sa soeur avait pour seul but de la faire venir sur les lieux du crime.

Léopold Storme avait, deux jours avant les faits, consulté le site de la SNCB pour connaître l'horaire des trains du jour du drame effectuant la liaison Bruxelles-Ostende. Il savait déjà dès lors qu'il allait être ce jour là à Bruxelles, alors qu'il devait passer le week-end à la mer, souligne encore la cour d'assises. Après les faits, l'accusé s'est débarrassé du couteau et de ses vêtements "pour faire disparaître des éléments de preuve importants".

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