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Les robots sont-ils des artistes ? Réponse au Grand Palais

"Les robots sont-ils des artistes comme les autres ?" C'est l'une des interrogations que suscite, avec beaucoup d'autres, une troublante et spectaculaire exposition au Grand Palais sur l'irruption des algorithmes dans la création artistique.

Mais qu'est ce qu'une oeuvre d'art robotique ? "Une production artistique via un système artificiel doué d'une certaine autonomie de création", explique Jérôme Neutres, commissaire de l'exposition (ouverte jusqu'au 9 juillet) avec Laurence Bertrand Dorléac.

Concevoir des machines "créantes" n'est pas tout récent. Dès 1971, le pionnier Manfred Mohr présentait des tableaux basés sur le concept de l'hypercube au Musée d'art moderne de la Ville de Paris pour la première exposition informatique monographique de l'histoire.

Dix ans plus tard, le Centre Pompidou consacrait une rétrospective à Nicolas Shöffer, autre précurseur, dont on peut admirer une sculpture cybernétique à déplacement autonome "Cysp", la première au monde, qui réagit aux variations sonores, lumineuses et de couleur de son environnement.

"Désormais l'artiste ne crée plus une oeuvre, il crée la création", a dit Nicolas Shöffer. La configuration de la sculpture se modifiant constamment, l'oeuvre n'a plus d'état, elle est en évolution permanente. Le rôle de l'artiste est désormais "d'élaborer un système qui peut produire une forme artistique".

L'exposition s'ouvre sur une série de machines à peindre : minirobots du Portugais Leonel Moura qui communiquent entre eux en se déplaçant sur une feuille blanche ou robot street artist aveugle de So Kanno et Takihiro Yamaguchi .

Plus intriguants, les robots dePar9422111 - un bras, un oeil -, oeuvre de Patrick Tresset qui observent et dessinent une vanité inspirée de celles du XVIIe: corbeau, renard et crâne. Les dessins réalisés sont vendus à la boutique de l'exposition.

- mouches virtuelles -

La combinaison de l'interactivité et des algorithmes a aussi intéressé les musiciens comme Xénakis, toujours à l'avant-garde, ou plus près de nous Jacopo Baboni Schilingi. L'artiste porte un capteur au niveu du plexus solaire et sa respiration est transformée en musique céleste.

A écouter en contemplant Grand Hexanet d'Elas Crespin, assemblage de triangles flottant dans l'espace qui adoptent lentement de nouvelles configurations.

Avec Internet, le design génératif et la montée en puissance des ordinateurs, l'être humain est plongé dans un flot binaire matérialisé par l'oeuvre immersive de Raquel Kogan et les projections mathématiques visuelles et sonores de Ryoji Ikeda.

Joan Foncuberta a choisi de détourner le logiciel. Il utilise une application restituant un paysage à partir d'une carte géographique mais remplace la carte par des tableaux de Turner, Cézanne ou Derain. Résultat : des paysages totalement décalés par rapport aux oeuvres dont ils sont issus.

L'humour a aussi sa place dans ces univers génératifs : Nicolas Darrot met en scène dans une esthétique rétro une marionnette à corps humain et tête de souris qui tente de faire comprendre "les rudiments du langage à un larynx artficiel".

Et les mouches virtuelles des tableaux de Christa Sommerer ou Laurent Mignonneau finissent par dessiner la silhouette de celui ou celle qui les regarde.

"Ces oeuvres toujours en train de se faire nous plongent dans les abysses de l'infinitude, souligne Jérôme Neutres, mais la vie n'est pas répétitive".

fa/ial/cam

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