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La Wallonie se dote d'un référentiel pour une alimentation durable: manger mieux coûtera-t-il plus cher?

La Wallonie se dote d'un référentiel de l'alimentation durable. Olivier de Schutter, professeur à l’Université catholique de Louvain, a coordonné la rédaction de ce document, Il est aussi l'ancien rapporteur pour le droit à l'alimentation au niveau des Nations Unies. Il était en direct dans le RTL INFO 13H.

Après plus d'un an de rédaction, le Référentiel wallon en Alimentation Durable a été présenté mercredi par le ministre wallon de l'Environnement et de la Transition écologique Carlo Di Antonio. Il s'agit d'un document de base pour tracer les grandes lignes d'un projet alimentaire durable en Wallonie. "Ce référentiel est le résultat de rencontres associant 80 organisations qui travaillent dans les systèmes alimentaires en Wallonie, du pôle des producteurs jusqu'au pôle des consommateurs, avec beaucoup d’investissements à la fois du secteur marchand, du non-marchand, et des pouvoirs publics. C’est une tentative de créer un consensus entre ces acteurs pour aller vers des systèmes alimentaires plus durables, qui doivent non seulement encourager une production plus agroécologique, plus respectueuse de l’environnement et permettant aux producteurs de gagner leur vie décemment mais aussi conduire à une alimentation plus saine. C’est possible, mais il faut que tout le monde se mette ensemble de manière coordonnée, et il faut se doter d’un plan d’action pluriannuel. Ce référentiel sert à préparer ce plan", explique Olivier de Schutter, professeur à l'Université catholique de Louvain, qui a coordonné la rédaction de ce document. 


"Les prix, aujourd'hui, mentent"

Selon une enquête du magazine Moustique, le prix reste le critère déterminant pour les consommateurs. L'alimentation de demain sera-t-elle plus chère? "Très clairement, l’impression que beaucoup ont, c’est que pour bien manger, il faut payer plus. Il faut nuancer ce propos pour deux raisons. D'abord parce que bien manger, par exemple réduire sa consommation de viande, son utilisation de produits préparés, transformés, cela ne coûte pas plus cher. Par contre, ça demande de l’organisation, du temps, ça demande que les savoirs culinaires soient préservés et entretenus, et ceci constitue des obstacles importants. Deuxièmement, ce qui coûte cher, c’est vraiment la production industrielle de produits alimentaires transformés, avec des impacts sur la santé, sur l’environnement, qui sont à payer par la collectivité. C’est vrai que ces produits sont peu chers aux rayons des supermarchés, c’est vrai que le consommateur qui paye, en sortant du supermarché, a l’impression de ne pas payer cher, mais c’est le contribuable ensuite qui va devoir, au fond, payer la facture des dégâts environnementaux, sociaux, de santé publique, que causent nos manières de produire et de consommer. Les prix, aujourd'hui, mentent, et sans doute dans cette démarche d’ensemble du secteur, il faut aller vers un alignement des incitants économiques sur la durabilité de la production et de la consommation", a ajouté Olivier de Schutter. 

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