Accueil Actu

La maison d’Aurore "vibre" au passage des trains à Écaussines: "Notre vie est totalement perturbée"

Aurore habite depuis longtemps près d’un passage à niveau à Écaussines mais ces deniers mois, suite à des travaux effectués sur les voies de chemins de fer, les bruits et vibrations se sont intensifiés. Elle n’est pas la seule à se plaindre. Le gestionnaire du réseau ferroviaire, Infrabel a donc réalisé une première phase d'opérations de correction et des appareils de mesure ont été installés.

La maison d’Aurore tremble depuis la réalisation de travaux survenue au mois d'octobre dernier sur les voies de chemin de fer situées à proximité de chez elle. Cette femme vit à une vingtaine de mètres du passage à niveau de Marche-lez-Ecaussines depuis 40 ans et, d’après ses dires, les vibrations n’ont jamais été aussi fortes. "Le bruit au passage des trains s'est intensifié et les tremblements se font ressentir de plus en plus", nous a écrit Aurore via le bouton orange Alertez-nous.

"Certaines personnes ont du mal à trouver le sommeil, les maisons commencent à se fissurer, un garage s'écroule, la vaisselle tremble et casse. La vie des gens est totalement perturbée", assure la maman, inquiète soucieuse du bien-être de son fils de deux ans. "Sa chambre se trouve du côté du chemin de fer et donc il vit avec les trains", déplore-t-elle.


24 ménages touchés

L’Écaussinnoise n’est pas la seule à vivre cette situation, 24 foyers rapportent des désagréments allant de bruits ou vibrations beaucoup plus forts qu’auparavant à des dégâts matériels causés ou empirés par le passage des trains. Ils estiment également que le trafic et la vitesse des trains ont augmenté. David habite à une quinzaine de mètres de la voie ferrée depuis 20 ans: "Depuis les travaux, il y a énormément de vibrations dans les rues adjacentes. Les murs commencent à se fissurer, les verres tremblent, des décorations tombent. Notre cadre de vie, on le subit".

Des nuisances qui seraient encore plus importantes, la nuit tombée. Celles-ci empêcheraient parfois Michel, qui vit à 100 m du passage à niveau, de dormir: "C'est comme un effet de marteau-pilon, il n’y a jamais eu de telles vibrations. Et la nuit, avec les trains de marchandises, c’est encore pire. C’est difficile de retrouver le sommeil quand on est réveillé au passage d’un convoi", confie-t-il.


Intervention de la commune auprès d'Infrabel

Infrabel, le gestionnaire du réseau, a-t-il constaté des anomalies et si oui, compte-t-il y remédier et comment? C’est ce que nous allons voir dans les lignes qui suivent.

A la demande des riverains, l’échevine de la Mobilité d’Écaussines, Areti Boscoupsios, s’est rendue sur place et elle a également constaté les vibrations évoquées: "Dans certaines habitations, on le ressent très fort. Il y a aussi des fissures. Un garage menace de s’effondrer. Ce n’est probablement pas uniquement dû à cela, mais ça a sûrement empiré le problème".

Et pour l’élue communale, la situation est d’autant plus interpellante qu’il n’y avait jamais eu de plaintes avant. Le bourgmestre a relayé celles-ci par courrier en octobre 2017. Elle aimerait désormais organiser une réunion avec Infrabel et les habitants. "C’est important qu’il y ait un dialogue avant la fin des travaux. Je les soutiens dans cette démarche-là", précise celle-ci.

Car au-delà des nuisances, les riverains déplorent aussi un manque de rapidité de la part d’Infrabel. Il y a bien eu quelques échanges par mails mais pas de nature à les rassurer. "Ils sont conscients et veulent faire quelque chose mais ça prend du temps. On ne sait plus vers qui se tourner pour être entendu", résume David.


"Un affaissement anormal"

De son côté, Infrabel nous explique que les travaux, démarrés en octobre 2016, sont réalisés en plusieurs phases sur la ligne 117 entre Braine-le-Comte, Manage et Luttre. Il s’agit de renouveler toutes les composantes de l’infrastructure, les traverses et les ballasts (les cailloux qui constituent à la fois l’amortisseur et l’assise de la voie) et les revêtements de passages à niveau.

L’une des dernières phases de ces travaux s’est déroulée en octobre 2017, non loin du passage à niveau de Marche-lez-Ecaussines. Suite à ces travaux, Infrabel a commencé à recevoir des plaintes de riverains qui dénonçaient des vibrations.

Le gestionnaire a mené une série d’inspections et a constaté qu’il y avait un affaissement anormal à hauteur du passage à niveau, en amont et en aval. "Cela n’avait pas d’incidence au niveau de l’exploitation ferroviaire et de la sécurité mais on pouvait imaginer que cela pouvait en avoir au niveau des riverains", précise Frédéric Sacré, le porte-parole d’Infrabel.

Est-ce ce tassement de deux centimètres qui est à l’origine des désagréments dénoncés par les riverains? Le gestionnaire du réseau veut rester prudent. Il a entrepris de nouveaux travaux pour corriger cette anomalie. Une première phase a eu lieu les 10 et 11 février. Une autre était prévue pour la fin du mois d’avril mais elle a été reportée au mois de mai.

Infrabel va refaire ce qu’on appelle un bourrage de la voie. Autrement dit, la société va, à l’aide de dispositifs mécaniques, remettre le lit de cailloux, de ballasts, pour le faire revenir dans les normes dans lesquelles il aurait dû être.


La cellule noise & vibration entre en action

Ces derniers jours, après l’apparition de nouvelles plaintes d’habitants de Seneffe résidant le long de la même voie mais donc à quelques kilomètres d’Écaussines, Infrabel a décidé de mettre en œuvre la cellule noise & vibration (bruit et vibration). Concrètement, des appareils de mesure ont été installés chez deux riverains choisis en fonction de leur proximité géographique avec les voies et de leur disponibilité. Ils sont placés à l’intérieur et à l’extérieur des habitations pour mesurer le bruit et les vibrations, durant une semaine. Il faudra ensuite une quinzaine de jours pour analyser les résultats et les mettre en parallèle avec les plans de trafic, pour vérifier si les normes sont respectées et voir, le cas échéant, au niveau de quels passages de trains se situent les problèmes.

Le train de mesure, le EM130, doit également passer sur cette ligne située entre Braine-le-Comte et Manage, dans les prochaines semaines. Grâce à des scanners embarqués, l’engin enregistre des centaines de paramètres, et peut par exemple voir s’il y a une variation de l’écart entre les voies.

En ce qui concerne un éventuel accroissement du trafic, Infrabel estime que les chiffres sont quasiment stables mais note tout de même une augmentation des passages durant la nuit. S’agissant souvent de trains de marchandises, un excès au niveau du tonnage transporté pourrait également générer des vibrations.

Les résultats de ces mesures seront présentés aux habitants.

À lire aussi

Sélectionné pour vous