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A Saint-Malo, le festival Etonnants voyageurs refait le monde

Dans un monde en turbulence, le festival Étonnants Voyageurs, qui se tient ce week-end à Saint-Malo, se tourne résolument vers l'avenir en plaçant sa 29è édition sous le mot d'ordre "Refaire le monde".

"Le monde se défait mais il y a un nouveau monde qui apparaît et il nous faut opérer un changement de nos coordonnées mentales", estime Michel Le Bris, fondateur et figure emblématique de ce festival du livre et du cinéma.

En présence de près de 300 invités, plus de 300 rencontres, débats, projections, expositions sont programmés de samedi matin à lundi soir.

Quelques grands thèmes structurent la programmation: les migrations, la langue française et le concept de francophonie, comment écrire la guerre, en passant par les "Révolutions" pour évoquer autant mai 68 que le Printemps de Prague ou Woodstock. En apparence plus léger mais thème tout aussi sérieux, on y débattra également de sport et, à travers lui, de la notion d'identité, à un mois de la Coupe du monde de football en Russie.

Avec toujours cette question cruciale: qu'est-ce qui fait tenir ensemble un pays, une communauté? Entre l'effondrement des utopies et une injonction à s’accommoder de l'ordre existant au prétexte qu'il n'y aurait pas d'alternative, "l'opposition n'est pas entre +réalistes+ et +doux rêveurs+", considère Michel Le Bris.

-- "Littérature-monde en français" --

Pour l'écrivain, il s'agit de reconnaître "la puissance de l'imaginaire" et de l’œuvre d'art, car c'est par ce vecteur, "et non simplement par la loi, que se joue la création des communautés humaines vivantes". A l'image d'un poème, "c'est le miracle de l'imaginaire de créer de +l'être ensemble+ à partir de la partie intime de chacun", un imaginaire qui est "une antidote à une mondialisation sans âme".

Dans cette même veine, sera présenté samedi matin le documentaire "La Traversée", de Romain Goupil, road-movie à travers la France, tourné durant la campagne présidentielle et projeté hors compétition à Cannes. La projection sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur et son alter ego pour ce film, Daniel Cohn-Bendit.

En 2007, Tonnants Voyageurs avait initié un "Manifeste pour une littérature-monde en français", signé par des écrivains aussi prestigieux que Jean-Marie Le Clézio ou Édouard Glissant.

Abordée sous divers angles, cette problématique le sera également sous la question économique très concrète de la circulation des œuvres. Comment pallier le prix excessif du livre, la fragilité ou l'inexistence des réseaux de distribution, le manque de librairies? Et pourquoi pas approfondir le tout dans des États généraux de l'édition francophone à venir?

Festival nomade, après avoir essaimé à Bamako et Brazzaville, Port-au-Prince ou Rabat, Tonnants Voyageurs porte dans ses gènes la question des migrations. Il leur consacre un après-midi, avec notamment des documentaires sur la vallée de la Roya et sur SOS Méditerranée.

Un livre, "Osons la fraternité", auquel ont contribué une trentaine d'écrivains et d'intellectuels, vient de paraître aux édition Philippe Rey avec le soutien du festival.

"Pourquoi pas, à l'image de la COP 21 sur le climat, une conférence internationale sur les migrations, un phénomène universel aux causes multiples, dont le climat?", propose Michel Le Bris.

Parmi les nombreux invités figurent le sociologue Edgar Morin, le prix Nobel de littérature Jean-Marie Le Clézio, la physicienne et romancière turque Asli Erdogan, emprisonnée après le coup d’État manqué de l'été 2016 et désormais exilée en Allemagne.

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