Accueil Actu

Pour Bart De Wever, le trafic de cocaïne dans le port d'Anvers menace la société: "Pas loin du point où des politiques peuvent être achetés"

Les déclarations du bourgmestre d'Anvers Bart De Wever au quotidien néerlandais De Volkskrant selon lesquelles "nous ne sommes pas loin à Anvers de voir le monde politique se faire acheter par la mafia de la drogue" ont suscité un tollé parmi ses adversaires politiques, jusque et y compris au sein de sa majorité.

La tête de liste sp.a aux élections communales à Anvers, Jinnih Beels, a été la première à réagir sur les bancs de l'opposition. Elle estime inadmissibles les déclarations de M. De Wever selon qui la mafia de la cocaïne est en position d'influencer les élus locaux. "S'il a connaissance de délits, il doit les dénoncer au parquet", a-t-elle réagi, déplorant l'inquiétude que le bourgmestre fait rejaillir sur le conseil communal.

"Il ne peut se permettre d'affirmer une telle chose sans certitude"

Pour Jinnih Beels, les déclarations du premier magistrat de la métropole laissent à penser que des politiciens sont associés, au moins indirectement, à la criminalité de la drogue, cela sans qu'il donne le moindre nom ou qu'il ne dénonce les faits à la justice, tout en ajoutant que son propre parti, la N-VA, est immunisé. "Malheureusement, la criminalité de la drogue a infiltré toues les couches de la société et dès lors il ne peut se permettre d'affirmer une telle chose sans certitude", a poursuivi la tête de liste socialiste, précisant ne pas avoir elle-même connaissance d'une infiltration du monde politique.

La tête de liste Open Vld aux élections communales, le secrétaire d'Etat fédéral Philippe De Backer a abondé dans le même sens, conviant M. De Wever à saisir la justice s'il dispose d'informations relatives à une potentielle influence politique par la mafia de la drogue. Siégeant au sein de la majorité, le libéral flamand partage en revanche l'analyse du bourgmestre sur l'infiltration et la corruption au port et l'existence de commerces douteux, phénomènes contre lesquels il faudrait lutter en créant un service financier d'élite au sein de la police, chargé d'assécher la masse financière gérée par les bandes criminelles. Il plaide également en faveur de la création d'un poste de fonctionnaire portuaire - un "stadsmarinier" - chargé, en toute autonomie, d'associer les politiques de prévention et de répression, sur le modèle néerlandais existant à Rotterdam. Autre voix de l'opposition, le chef de file de Groen, Wouter Van Besien, a indiqué qu'avec de telles déclarations, Bart De Wever reproduit la campagne électorale de 2012. La seule différence est que la N-VA est aux responsabilités depuis 6 ans, rappelle-t-il.

"Un climat d'angoisse"

"De Wever crée un climat d'angoisse mais il n'est qu'un parangon d'incompétence. Anvers est devenue la capitale de la cocaïne, les enfants roulent à vélo dans des rues où explosent des grenades. Un bourgmestre ne peut se contenter de dénoncer les problèmes, il doit tenter de les résoudre. Bart De Wever ne doit pas se limiter à pointer du doigt, il doit balayer devant sa porte", a réagi le chef de file écologiste, appelant à plus de contrôles douaniers, une politique plus ferme vis-à-vis des dealers et du personnel portuaire et policier corrompu ainsi qu'une plus grande attention pour la prévention et l'accompagnement des consommateurs.

Le président du PTB, Peter Mertens, également tête de liste aux prochaines communales dans la métropole regrette aussi qu'Anvers soit devenue "la capitale européenne de la cocaïne". Il estime que l'opération 'war on drugs' menée par Bart De Wever n'a engendré que plus de violence. Il a accusé le bourgmestre N-VA de mener une campagne électorale "à la colombienne" en misant tout sur la guerre contre la drogue, au détriment des autres enjeux comme le logement, la pauvreté ou la qualité de l'air. Pour le leader d'extrême droite Filip Dewinter, tête de liste VB, par ses déclarations, Bart De Wever s'est lui-même attribué un "diplôme d'incompétence".

À lire aussi

Sélectionné pour vous