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Les doutes de Garance la "tuent": "Mon bébé ne ressemble à personne, est-ce que la fécondation in vitro est fiable à 100%?"

Il y a un peu plus de trois mois, une Bruxelloise a accouché d’une petite fille grâce à une fécondation in vitro. Mais une question la hante depuis cette naissance tant attendue: pourquoi son bébé ne ressemble à personne ? Une erreur a-t-elle pu être commise ?

Donner naissance à un enfant. C’est un désir fréquent qui n’est pas toujours facile à concrétiser. Actuellement, environ 15% des couples présentent des problèmes de fertilité, selon le Belgian Register for Assisted Reproduction (BELRAP).

C’était le cas pour une Bruxelloise qui nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous. Nous l’appellerons Garance pour respecter sa demande d’anonymat. "Pendant trois ans, on a essayé de faire un enfant, sans résultat. Après avoir consulté des spécialistes, ils m’ont conseillé de faire une procréation médicalement assistée (PMA)", confie-t-elle.


La Belgique, un pays pionnier dans la pratique

Depuis 40 ans, les techniques de PMA se sont beaucoup développées en Belgique. Notre pays est pionner dans la pratique. Garance s’est donc rendue dans un des 18 centres belges de PMA. "On nous a proposé de faire une fécondation in vitro (FIV)", précise-t-elle.

La FIV fait partie des techniques de PMA. "Tout ce qui constitue une aide "extérieure" au couple pour pouvoir avoir un enfant, c’est de la procréation médicale assistée. Le fait de donner des médicaments de stimulation ovarienne à la femme, de faire des inséminations artificielles, de la FIV, du don d’ovocyte ou de sperme", explique Oranite Goldrat, docteur et professeur associé à la clinique de fertilité de l’hôpital Erasme à Bruxelles.


En quoi consiste une FIV ?

La fécondation in vitro signifie la fécondation de l’œuf par le spermatozoïde non pas dans le corps de la femme mais dans une éprouvette au laboratoire. La première étape est de stimuler les ovaires de la femme par des injections pour essayer d’obtenir un nombre raisonnable d’ovocytes, les cellules reproductrices féminines contenues dans ses ovaires.

Ces ovocytes sont ensuite prélevés en salle d’opération par voie vaginale écho-guidée. "Au laboratoire, le biologiste les met alors en fécondation avec les spermatozoïdes du partenaire qui a donné son échantillon. Le lendemain, on regarde si la fécondation a effectivement eu lieu et si un embryon s’est créé. Ensuite, on procède au transfert embryonnaire. En général, on transfère un, deux ou plus d’embryons, mais cela dépend de l’âge de la femme et de son rang de cycle", indique le docteur Goldrat.

Le premier bébé né par FIV a vu le jour en 1978. Depuis ce jour-là, le nombre d’enfants conçus de cette manière s’élève à environ 5,5 millions dans le monde entier. En Belgique, plus de 5.000 nourrissons naissent tous les ans suite à une FIV.

Grâce à cette technique, Garance est rapidement tombée enceinte. "Après la première tentative, cela a marché", précise la Bruxelloise. Sa grossesse se passe bien et elle donne naissance à sa fille cet été, lors d’un mois de juillet plutôt chaud.


Un taux de réussite total d’environ 30%

Pour d'autres couples, cela s'apparente plus à un parcours du combattant. "En Belgique, il y a un taux de réussite total d’environ 30-40% de test de grossesse positif mais finalement que 15-20% d’accouchement. Ce qui n’est pas énorme", souligne le docteur Goldrat. 

Et l’âge de la femme joue un rôle majeur. Environ 20% des femmes de moins de 36 ans donnent la vie, contre environ 12% de chances entre 36 et 39 ans et 5% après 40 ans. "Malheureusement même la FIV, qui va quand même très loin dans ce que l’on peut faire, ne peut pas contourner les effets de l’âge", regrette la spécialiste.


"Elle ne ressemble ni à mon mari, ni à moi, ni à aucun membre de deux familles"

Garance et son mari sont donc comblés par la rencontre avec ce nouveau petit être. Mais peu de temps après la naissance, le couple est toutefois interloqué. "Il y a un problème. Elle ne ressemble ni à mon mari, ni à moi, ni à aucun membre de deux familles. Et pourtant, les médecins ont bien utilisé mes ovules et le sperme de mon mari", assure la Bruxelloise.

D’après elle, le souci n’est pas la couleur de peau de sa fille mais les traits de son visage. "Ils sont complètement différents. Je sais que les enfants ne sont pas toujours la photocopie des parents, mais là la ressemblance est inexistante. Tout le monde me pose d’ailleurs la question", confie la jeune maman. "J’aimerais du coup savoir si la FIV est fiable à 100%", ajoute-t-elle.


"On fait des vérifications à tous les niveaux"

Nous avons donc posé cette question au docteur Goldrat qui travaille depuis une dizaine d’années en fertilité. "Des erreurs sont bien entendu toujours possibles, et ont effectivement eu lieu depuis le début de la FIV à travers le monde. Cependant elles restent rares", assure la spécialiste. Les erreurs pourraient notamment être l’insémination d’une femme avec le sperme d’un homme qui n’est pas le partenaire, ou le transfert d’embryons qui n’appartiennent pas au couple qui les reçoit.

Mais même si ce genre d’erreurs existe, elle n’a personnellement pas entendu de telles erreurs ces dernières années. "Dans la grande majorité des centres et très certainement en Belgique, des vérifications sont réalisées à tous les niveaux. Quand le monsieur vient déposer son échantillon de sperme, son identité est contrôlée avec une carte d’identité ou un passeport et on colle directement une étiquette avec son nom et tous ses détails sur l’échantillon. Il y a deux personnes qui vérifient cela. Pour la patiente, c’est pareil. Elle doit présenter sa carte d’identité, des étiquettes identifiantes sont placées là où c’est nécessaire et deux personnes vérifient tout à chaque étape pour éviter ce genre de problème", assure le docteur Goldrat.

"On ne peut donc pas exclure à 100% une erreur puisque le risque 0 n’existe pas et que cela a déjà existé par le passé. Mais cela reste très exceptionnel", résume-t-elle.


Il faut parfois attendre plusieurs mois 

Ce genre d’interrogation n’est par contre pas exceptionnel. Plusieurs couples lui ont déjà posé ce genre de question, et ont pu être rassurés par les explications sur les vérifications réalisées à chaque étape.

La ressemblance entre un bébé et ses parents n’est effectivement pas toujours frappante dès la naissance. Il faut parfois attendre plusieurs mois avant d’identifier des traits éventuellement similaires. "Par rapport à cette dame, j’aurais tendance à lui conseiller peut-être d'attendre encore un peu. Les premiers mois, les tout-petits changent énormément. Bien entendu, je n’ai pas vu les parents ni le bébé, mais je ne m’inquiéterais pas d’emblée. Si par contre le doute devient insupportable, alors il faudrait qu’elle agisse malgré ses craintes", conseille-t-elle.


"Cela me tue" 

Pour Garance, ce doute engendre en effet un mal-être psychologique important. "Cela me tue. Je n’ai pas envie de sortir parce que j’ai peur que l’on me questionne à ce sujet. Si on a utilisé le sperme de quelqu’un d’autre, ce serait très gênant", confie la Bruxelloise.

"Il est compréhensible que cela soit difficile psychologiquement pour elle d’attendre. Dans son cas, il vaudrait peut-être mieux contacter l’équipe du centre de fertilité où elle a réalisé sa FIV afin de prévoir une visite chez le psychologue pour entendre ses craintes", préconise la spécialiste. D'autant plus qu'en général les couples qui entament une FIV sont déjà fragiles. Ils souffrent depuis longtemps de ne pas pouvoir faire un enfant à deux dans l’amour à la maison. 

Pour le moment, cette démarche reste toutefois difficile pour la jeune maman. "Je n’ai pas le courage d’aller à la clinique pour demander des explications."

Si une interrogation destructrice persiste, ces Bruxellois pourraient également réaliser des analyses génétiques qui peuvent démontrer leur parentalité par rapport à l’enfant. "J’ai peur du résultat. Que le test ADN soit négatif. Si c’est le cas, qu’une erreur s’est produite, je porterai plainte contre la clinique, ça c’est sûr", prévoit Garance.

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