Accueil Actu

Trois jeunes tabassent un ado de 16 ans à Herve: "Ils ont été identifiés, ils savent qu'ils sont dans le collimateur"

Un groupe de jeunes terrorise-t-il les rues de Herve? C’est en tout cas la crainte de Lolita, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, pour nous raconter l’histoire de son frère. Ce dernier a été racketté par trois personnes le mois dernier. De son côté, la police se veut rassurante sur ce type de phénomène.

Lolita a bien du mal à s’en remettre. Daniel, son petit frère de 16 ans, a été passé à tabac sans raison, dans la nuit du 16 au 17 novembre à Herve. Hervien d’origine, le jeune homme habite maintenant Wavre avec ses parents. Mais il lui arrive souvent de repartir dans la ville de son enfance, pour retrouver ses copains. "Ce soir-là, il participait à un événement rhéto à Bruyères avec ses amis", raconte Lolita. "A trois heures du matin, j’ai reçu un appel. C’était le papa d’un de ses amis qui voulait me signaler que mon frère avait eu un accident, et qu’il était à la police".


"Ils lui ont mis un coup de pied"

La soirée s’est pourtant déroulée tout à fait normalement. C’est seulement à la fin de celle-ci que les choses se sont gâtées. Daniel décide en fait de rentrer à pied chez son grand frère, qui habite non loin de la salle. "Quand il marchait, il s’est vite rendu compte que trois individus le suivaient", explique Lolita. "Très vite, ils l’ont rattrapé, ils lui ont mis un coup de pied et il s’est retrouvé à terre". S’en suivent alors une série de coups et les trois agresseurs lui demandent son téléphone. "En plus, il n’avait aucune valeur, il était tout cassé. Mon frère avait une montre, de l’argent, ils n’ont rien pris. Tout est allé très vite. Mais leur but était vraiment de frapper".

Après son agression, Daniel repart près de la salle pour appeler ses amis, et on est venu le rechercher. Plusieurs personnes qui ont vu de loin ce qu’il s’est passé lui ont laissé leur numéro de téléphone, pour pouvoir aller témoigner devant la police. Daniel et sa famille ont en effet décidé de porter plainte.


Les agresseurs reconnus sur des photos

Une agression qui a eu pas mal de conséquences pour Daniel. Il a dû rester deux semaines chez lui, car il lui était impossible d’aller en cours. "On a dû lui mettre des points de suture, il ne savait plus lever son bras qu’à 90 degrés", raconte Lolita. "En plus, il avait une commotion, de gros maux de tête et des problèmes de concentration".

Difficile pour elle de digérer une telle violence gratuite. "Mon frère commence à peine à sortir. Il a 16 ans, il est tout gentil, il ne fait pas de crise d’adolescence ni de bêtises. Il n’a jamais demandé à ce que ça lui arrive". C’est pour cela que Lolita n’a pas voulu en rester là. "J’ai décidé de mettre un message sur Facebook, en espérant avoir beaucoup de témoignages et d’informations. Et j’ai eu beaucoup de réactions et de partages. Le photographe de la soirée m’a également envoyé les photos, et mon frère a reconnu les trois jeunes qui l’ont attaqué".


"La police prend ça au sérieux"

Pour l’heure, Lolita, Daniel et toute la famille ne savent plus rien faire. Tout est dans les mains de la police. Mais ils craignent qu’un phénomène de bande ne soit en train de s’installer à Herve. "On m’a dit qu’il y avait aussi eu des bagarres devant des écoles. Des mamans m’ont contactée pour me dire qu’elles ont peur quand leurs enfants sortent le soir. Je pense que la police prend ça au sérieux".

Du côté de la zone de police de Herve, que nous avons contactée, on se veut tout de même rassurant quant à de telles inquiétudes. "Les faits de violence ne sont pas en augmentation. Mais c’est une zone où il y a beaucoup de fêtes, donc il arrive qu’il y ait des incidents", explique Georges Beckers, référent judiciaire pour la zone de police du Pays de Herve. Cela fait trente ans qu’il travaille à la police, et pour lui il s’agit bien d’un cas isolé. "Il y a 15 ou 20 ans, on a connu de réels phénomènes de bande, où c’était la castagne. Il y avait plusieurs bandes adverses, on se cassait la figure, et elles se répondaient l’une à l’autre". Il se rappelle d’ailleurs qu’une trentaine de policiers étaient parfois envoyés sur place pour fouiller chaque personne.


"Ils savent qu’ils sont dans le collimateur"

Rien de comparable donc à ce qu’il s’est passé il y a quelques semaines pour Daniel. "Les bagarres dans les bals sont calmées depuis quelques années, c’est beaucoup plus marginalisé. Mais c’est vrai que ça arrive encore. Et on espère que ça ne va pas s’empirer, car on sait que certains phénomènes sont cycliques et on ne veut pas en arriver là".


Pour le cas de Daniel, la police indique que l’enquête est en cours et qu’elle progresse. "Les trois jeunes ont été identifiés. Il s’agit de trois mineurs", relate Georges Beckers. Si les réseaux sociaux ont été utiles à Lolita pour faire son appel à l’aide, ils l’ont également été pour la police. "Les protagonistes ont eux aussi réagi sur Facebook, donc on sait que c’est eux. Et ils savent bien qu'ils sont dans le collimateur", poursuit-il. Des réseaux sociaux qui sont donc pratiques pour le travail la police, même s’il y a aussi des dérives. "Ils aident à l’identification, mais c’est vrai que tout se mélange. Chacun y va avec sa petite version, et ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver".


Les agresseurs seront poursuivis

Comme il s’agit de mineurs, la procédure à suivre est un peu plus longue que pour des cas impliquant des personnes majeures. "Il faut d’abord soumettre tout cela au Parquet", détaille Georges Beckers. Les trois suspects devront probablement dédommager Daniel, pour les séquelles qu’il a eues suite à son agression. "On ne pense pas toujours à ces aspects civils, mais il faut savoir qu’on peut réclamer ces dus pendant 30 ans". Ces jeunes seront également entendus. "Ensuite, ils passeront probablement devant un juge de la jeunesse, ils auront un suivi par les services sociaux".

De quoi peut-être rassurer Daniel et sa famille, même si de tels événements risquent de laisser des traces. "Il n’en parle pas trop, mais je pense que c’est quelque chose qui traumatise", déplore sa sœur Lolita.

À lire aussi

Sélectionné pour vous