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Crise politique: en toute discrétion, Charles Michel poursuit sa recherche d'un soutien extérieur

Aucune information ne filtrait dimanche soir dans les cercles gouvernementaux, alors que le Premier ministre Charles Michel, à la tête d'une coalition devenue minoritaire après les démissions de ses ministres N-VA, recherchait toujours des soutiens dans l'opposition.

La toute grande majorité de la classe politique affiche sa volonté de ne pas provoquer d'élections anticipées, vu que les citoyens ont déjà voté en octobre (élections locales) et s'apprêtent à retourner aux urnes en mai (au moins pour les régionales et européennes). "Je prévois une semaine houleuse", a prophétisé le ministre de l'Intérieur, Pieter De Crem (CD&V), envoyé du gouvernement sur les plateaux télévisés. "S'il n'y a pas d'élections anticipées, le gouvernement devra travailler dans une sorte de conférence diplomatique permanente". Il assure que le Premier ministre Charles Michel avancera des propositions pour continuer à travailler, mais il n'exclut pas d'en arriver aux affaires courantes dès la semaine prochaine.

L'agenda est relativement balisé: le Premier ministre est attendu mardi après-midi à la Chambre pour répondre à des interpellations de l'opposition. Cette dernière lui avait enjoint mercredi soir, à l'initiative du PS, de présenter un programme et de solliciter la confiance avant cette date, une manœuvre que M. Michel a vue comme une nouvelle tentative de déstabilisation.

Que le Premier ministre demande la confiance, ou que l'un des partis de l'opposition dépose une motion de méfiance, un vote pourrait intervenir jeudi. Les 52 sièges des partis du gouvernement sur les 150 de la Chambre les obligent à rechercher un soutien de l'extérieur, ce à quoi s'employait M. Michel ce week-end encore.


Un "moment de vérité"

L'attitude de la N-VA sera particulièrement scrutée mardi et jeudi, tout comme elle le sera si la plénière de jeudi est appelée comme prévu à se prononcer sur le budget 2019. Les nationalistes flamands avaient déjà approuvé ce budget en commission, avant que leurs ministres ne démissionnent. Ce sera donc "un moment de vérité", avait dit jeudi dernier le Premier ministre.

En attendant, les camps se renvoient la responsabilité de la crise. Les partis gouvernementaux dénoncent une alliance objective du PS et de la N-VA pour faire chuter Michel II. Le PS réfute: MR et N-VA sont seuls responsables, selon le président Elio Di Rupo. Son parti ne prendra aucune initiative pour précipiter des élections anticipées. Mais il pourrait soutenir une motion de méfiance en fonction de la réponse du Premier ministre mardi. "Le moindre mal serait le régime d'affaires courantes", a embrayé sur RTL Paul Magnette, porte-parole du PS pour la campagne électorale.

La N-VA, elle, soufflait le chaud et le froid. Ses ténors ont eu des mots très durs en début de week-end sur un éventuel soutien au gouvernement Michel. L'ex-ministre Jan Jambon a lancé que le Premier ministre devrait devenir une "marionnette" de Bart De Wever s'il voulait le soutien des nationalistes flamands. De la sorte, la N-VA fait monter les enchères, peut-être dans l'espoir d'ouvrir à révision plusieurs articles de la Constitution pour la prochaine législature.


De "gros" dossiers en attente

Dimanche, après une rencontre samedi de son parti avec M. Michel, le député N-VA Jan Spooren affirmait la volonté des nationalistes flamands de soutenir Michel II sur des dossiers que les nationalistes flamands ont contribué à élaborer... tout en interdisant au gouvernement de rechercher des majorités à la carte, dans une sorte de "shopping" politique qui détricoterait l'action de Michel I.

Alors que la population a mis l'accent ces derniers jours sur l'urgence d'une ambition pour le climat, pour le pouvoir d'achat, voire pour la politique migratoire à travers une série de manifestations sur ces thèmes, les employeurs et les représentants des travailleurs ont eux aussi pressé ce week-end le gouvernement à stabiliser la situation. Ils doivent entamer début janvier leurs négociations en vue d'un nouvel accord interprofessionnel. Mais sans gouvernement stable ni budget voté, la menace est réelle qu'il n'y ait ni enveloppe bien-être ni financement pour le troisième volet du virage fiscal ("tax shift"). Selon le patron de la FEB Pieter Timmermans, le gouvernement aurait fixé le montant de cette enveloppe bien-être à 753 millions d'euros.

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