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Une Belgique "en retrait" déçoit les experts du climat: "La Flandre fait un calcul à très court terme"

Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele s'est dit "déçu" dimanche, au lendemain de la COP24 à Katowice, que la Belgique soit restée en retrait des pays les plus ambitieux dans la lutte contre le réchauffement climatique. "La Flandre fait un calcul à très court terme", pointe-t-il.

"Je suis déçu que la Belgique, suite à l'opposition de la Flandre, ne se soit pas jointe à la Coalition pour une ambition plus élevée, contrairement à bien d'autres pays voisins, et à la Chine entre autres. Cela montre peu de respect pour les 75.000 citoyens qui ont manifesté le 2 décembre, et peu de respect, là aussi, pour les conclusions du dernier rapport du Giec", a-t-il déclaré.

"C'est un calcul à très court terme que la Flandre fait, alors qu'elle est bien plus menacée par la hausse du niveau des mers que Bruxelles ou la Wallonie. Et si le reste de l'économie mondiale se tourne vers la décarbonation à l'horizon 2050, c'est aussi la compétitivité même de l'économie belge qui pâtira si la Belgique continue à s'accrocher à son manque d'ambition", poursuit l'ancien vice-président du Giec.

Pour le professeur à l'UCLouvain, il est également "très décevant" que cette COP24 n'ait pas donné lieu à un sursaut d'ambition face à l'urgence climatique alors qu'elle devait être un moment-clé pour que des pays annoncent des plans climatiques plus ambitieux que ceux déposés à Paris en 2015, lors de la COP21. "On sait en effet mieux encore aujourd'hui, suite au Rapport spécial du Giec sur un réchauffement de 1,5°C, que les plans actuels sont très insuffisants. Le résultat sur ce point est très décevant: le Giec est juste remercié d'avoir fourni à temps son rapport (demandé par la COP21), sans aucune référence concrète à ses conclusions. Le texte de la COP24 contient de vagues appels à relever le niveau d'ambition, alors que l'urgence est là, devant nous", regrette encore M. van Ypersele.


"Des négociations difficiles auront encore lieu l'an prochain"

Au sujet de l'adoption à Katowice des règles de mise en œuvre de l'Accord de Paris, sorte de "code de la route" qui va pouvoir faire vivre à partir du 1er janvier 2020 cet accord visant à contenir le réchauffement mondial nettement en-deça de +2°C et si possible à 1,5°C, l'ancien vice-président du Giec juge que l'objectif a été partiellement atteint. "Des négociations difficiles auront encore lieu l'an prochain pour finaliser la partie du code qui concerne les marchés du carbone. Il est heureux que cette partie ait été reportée, car les textes actuels étaient loin de garantir l'intégrité environnementale (l'absence de fausses réductions et de tricheries) de ces marchés."

Le climatologue souligne en revanche le "résultat positif" que représente la création, par la COP24, de la Plateforme pour les peuples indigènes, qui était en discussion depuis plusieurs années. "Elle permettra à ces populations souvent très vulnérables aux changements climatiques de pouvoir mieux faire entendre leur voix dans les négociations, ce qui est important", souligne Jean-Pascal van Ypersele, qui félicite au passage la délégation belge, "qui n'a pas ménagé ses efforts pour arriver à ce résultat".

Le scientifique belge se dit également "heureux" d'avoir rencontré à Katowice "beaucoup de jeunes mobilisés pour le climat", dont la jeune Suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, "qui parle de l'urgence climatique avec une force morale peu commune". "Cela me donne beaucoup d'espoir", concède le climatologue, qui a récemment écrit une lettre à ses "arrière-petits-enfants", à lire dans 100 ans.

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