Accueil Actu

Procès Nemmouche: les juges d'instruction présentent la personnalité des accusés, les chaussures de Mehdi Nemmouche l'accusent

Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer sont accusés d'avoir commis l'attentat au Musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014, qui avait coûté la vie à quatre personnes. L'audience est terminée pour ce lundi. Vous retrouvez ci-dessous le déroulement de la journée présentée par nos envoyés spéciaux RTL INFO. Ils suivent en direct le procès.

18h15 - L'audition des enquêteurs s'achève avec les vidéos de "repérage". Les enquêteurs et les juges d'instruction ont terminé, lundi vers 18h15, le rapport de toute leur enquête sur l'attentat au Musée juif de Belgique. Ils ont essentiellement montré et commenté les images de vidéo-surveillance du musée datant de la veille de l'attentat, sur lesquelles est visible un homme ressemblant à Mehdi Nemmouche.

Les enquêteurs et les deux magistrats instructeurs ont fait état, pendant six jours, devant la cour d'assises de Bruxelles, de toutes les phases de l'enquête sur l'attentat au Musée juif de Belgique dont sont accusés Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. 

Lundi après-midi, il a été évoqué essentiellement les images des caméras de vidéo-surveillance du Musée juif de Belgique et d'un commerce situé juste à côté, la veille des faits. Sur ces images, on distingue un homme en costume sombre se rendre dans le musée puis en ressortir peu de temps après. Cet homme, selon les enquêteurs, présente la même physionomie que Mehdi Nemmouche et des vêtements similaires à ceux qu'il portait lorsqu'il a été arrêté. Egalement, les enquêteurs ont relevé que l'heure de la visite de cet homme en costume est à quelques minutes près la même que celle à laquelle l'attentat a eu lieu le lendemain. Cela peut se révéler être un modus spécifique "pour se rendre compte de la situation sur place à une heure donnée", a estimé l'un des enquêteurs.

Fin d'après-midi - La présentation de l'enquête s'achève sur la personnalité des accusés. La présentation de l'enquête sur l'attentat au Musée juif de Belgique, qui aura duré six jours, s'est achevée lundi soir devant la cour d'assises de Bruxelles. Les juges d'instruction Berta Bernardo Mendez et Claire Bruyneel ont conclu leur exposé en dressant le portrait des accusés Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer.

Mehdi Nemmouche ayant refusé de s'exprimer sur son parcours de vie, les enquêteurs se sont basés sur des rapports pénitentiaire et psychiatrique datant de 2006, ainsi que sur quelques témoignages. Abandonné quasiment à la naissance, le principal accusé de la tuerie a été élevé par un couple du nord de la France. A partir de ses huit ans, il a cependant passé un week-end par mois chez ses grand-parents maternels. Selon sa famille d'accueil, il était alors partagé entre ses deux cultures et aurait vécu comme un traumatisme d'être circoncis lors d'un séjour dans sa famille biologique.

A 16 ans, l'accusé a fait son premier passage en prison après avoir agressé des personnes âgées. A sa sortie, il ne sera plus autorisé à retourner dans sa famille d'accueil et ira vivre chez sa grand-mère. Il fera encore deux séjours en prison avant ses 22 ans, âge auquel il est parti dans le sud de la France, où il commettra de nouveaux faits et sera incarcéré jusqu'en 2012, avant de partir pour la Syrie. En prison, Mehdi Nemmouche est décrit comme poli et généralement calme, mais aussi faux et manipulateur. Il n'a jamais bénéficié de remise de peine en raison de son désintérêt pour les audiences et de son absence de projet de sortie.

Quant à Nacer Bendrer, son casier est lourd et sa personnalité est du registre des "états limites" avec des traits narcissiques, selon les deux experts qui l'ont rencontré en février 2016. Il est issu d'une famille nombreuse à laquelle il se dit très lié. Sa compagne, avec qui il est en couple depuis 2012, le décrit comme croyant et pratiquant. S'il avait critiqué le djihadisme lors de ses auditions, il est fiché depuis 2010 et se serait radicalisé en prison, où il a fait la rencontre de Mehdi Nemmouche en 2010.


16h09 - Les chaussures Calvin Klein de Mehdi Nemmouche l'accusent. Ces chaussures ont une semelle claire qui remonte sur le talon. L'homme qui effectue les repérages le 23 et l'assassin ont des chaussures similaires. Mehdi Nemmouche les porte lorsqu'il est arrêté à Marseille.

15h51 - Après la pause, le procès a repris en début d'après-midi pour aborder l'arrestation de Mehdi Nemmouche menée par trois douaniers marseillais le 30 mai 2014. Ils cherchaient de la drogue, comme c'est souvent le cas dans les bus venant d'Amsterdam, expliquent-ils. Mehdi Nemmouche se trouvait alors à bord d'un bus de la compagnie Eurolines en provenance de Bruxelles. Ils ont trouvé une kalachnikov, des munitions, une arme de poing chargée et le principal suspect de la tuerie au musée juif. "Le temps se fige quand j'aperçois un fusil d'assaut dans un sac Décathlon", explique un douanier. Il fait preuve de sang froid et confie le sac à sa collègue pour le mettre en sécurité. "Nous étions soulagés de sortir indemnes du bus. Nous avons eu quelques sueurs froides", poursuit le douanier.

"Mehdi Nemmouche essayait de contenir un stress apparent", a déclaré un douanier. "Ça a commencé quand je l'ai questionné sur d'où il venait. Il s'est montré un peu moins serein qu'il l'avait montré quelques minutes avant", a répondu l'un des douaniers à la question de la présidente sur l'attitude de Mehdi Nemmouche."Oui, quand j'ai eu son passeport en main, j'ai senti qu'un stress était présent. Je l'ai à quelques reprises vu s'agiter, bouger, donner des coups de tête sur la gauche", a poursuivi le témoin ajoutant que "suite au menottage, il a été comme soulagé".

Au moment où son collègue lui tend le sac, la douanière qui est intervenue avec deux autres agents a "senti qu'il se passait quelque chose", a-t-elle témoigné devant la cour. "Je vois l'arme, j'observe les passagers, je me dis qu'il y a quelqu'un de dangereux dans le bus". Interrogé par la présidente, le douanier a précisé que Mehdi Nemmouche n'aurait pas pu atteindre la kalachnikov quand les agents sont montés dans le bus. "Il a peut-être envisagé d'utiliser le revolver, mais il avait mon collègue dans son dos. Mon sentiment est que c'est cela qui l'en a dissuadé". Après expertise, il s'avérera que les deux armes sont celles qui ont servi lors de l'attaque au Musée juif de Belgique. Lors de la fouille des autres bagages de Mehdi Nemmouche, ce dernier avait lancé aux agents: "Vous ouvrez le sac comme ça? Et s'il y avait une bombe dedans?", une réflexion qui avait donné des sueurs froides aux douaniers, se sont-ils rappelé lundi devant la cour.

12h32 - Nacer Bendrer disposait d'une kalachnikov au moment où Mehdi Nemmouche lui en a fait la demande en avril 2014,
a affirmé lundi devant la cour d'assises le chef d'enquête. Le Marseillais a reconnu avoir été sollicité par l'accusé mais nie avoir répondu à sa requête. Selon les enquêteurs, lorsque Mehdi Nemmouche a été arrêté dans la cité phocéenne, il revenait en fait rendre l'arme prêtée à son co-accusé.

11h43 - Les juges d'instruction démentent avoir passé un contrat avec Nacer Bendrer soit sa libération en échange d'accusations contre Mehdi Nemmouche.

11h20 - Beaucoup de témoins se désistent, nous indique notre journaliste sur place Dominique Demoulin. "Ils ont peur", indique la présidente. Avant d'ajouter: "On va tenter d'organiser une prise en charge rassurante". 

10h54 - Le revolver que le tueur du Musée juif de Belgique a utilisé notamment pour abattre les époux Riva avait été acheté sous une fausse identité en Espagne, a expliqué lundi matin devant la cour d'assises de Bruxelles un enquêteur de la police judiciaire fédérale. Cette arme se trouvait dans la poche de Mehdi Nemmouche au moment de son arrestation.

Au total, cinq projectiles issus du revolver ont été retrouvés au Musée juif, dont trois dans les corps d'Emanuel Riva, Miriam Riva et Alexandre Strens. Six jours après l'attaque, il sera retrouvé opérationnel dans la poche du veston de Mehdi Nemmouche lors de son arrestation dans un bus à Marseille. L'arme est aussi visible sur des photos et vidéos qui figuraient dans l'ordinateur portable que transportait l'accusé.

10h06 - L'enquête montre que le site internet du Musée juif de Belgique a été consulté depuis la Chine, la Turquie et la France lorsque l'accusé Mehdi Nemmouche s'y trouvait, a indiqué lundi devant la cour d'assises de Bruxelles la juge d'instruction Claire Bruyneel.

Les enquêteurs ont procédé à des analyses croisées des visites du site internet du Musée juif et des adresses IP utilisées à cette fin. Il en ressort que le site web a été consulté depuis la Turquie entre les 16 et 19 février 2014, alors qu'il est établi que Mehdi Nemmouche a quitté Istanbul le 21 février de la même année.

Le 13 mars, alors que l'accusé était à Hong Kong, l'interface du musée a été visitée depuis une adresse IP basée en Chine. La semaine suivante, tandis que Mehdi Nemmouche se trouvait chez sa grand-mère à Tourcoing, le site a enregistré des visites depuis la France. Si les dates coïncident, ni Hong Kong, ni la Turquie n'ont pu apporter d'éléments supplémentaires permettant d'identifier la ou les personnes ayant consulté le site internet de l'établissement.

RAPPEL DES FAITS:

Quatre meurtres de sang froid en moins de deux minutes: près de cinq ans après les faits, Mehdi Nemmouche est jugé à partir de jeudi devant les assises de la capitale belge pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles. Si la cour d'assises soutient la thèse de l'accusation, cet attentat antisémite, qui avait ému la communauté internationale, restera comme la première attaque commise sur le sol européen par un combattant jihadiste de retour de Syrie.

Jugé avec un complice, un autre Français qui doit aussi répondre d'"assassinat terroriste" et encourt, comme lui, la réclusion à perpétuité, Mehdi Nemmouche, 33 ans, fait figure de principal accusé. Ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison est également connu pour son rôle présumé de geôlier de quatre journalistes français en 2013, à Alep (Syrie). Inculpé fin 2017 à Paris dans ce dossier, il devra faire face à un procès distinct en France.

Le procès doit durer jusqu'au 1er mars.


 
 
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous