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Faut-il accorder le droit de vote à 16 ans? Est-ce vraiment ce que les jeunes veulent? Les avis sont partagés (vidéo)

Les mobilisations de milliers d'étudiants pour le climat relancent la question: faut-il accorder le droit de vote dès 16 ans? Ce système existe déjà en Allemagne, Autriche ou encore en Suisse. Mais est-ce une volonté des jeunes manifestants? Sont-ils assez mûrs pour voter, alors que de nombreux adultes avouent leur désintérêt de la politique? Un thème débattu dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche. En fin d'article, pensez à exprimer votre opinion dans notre sondage.

C'est en premier lieu Youna Marette qui s'est exprimée. Élève au centre scolaire "Ma Campagne", elle est membre de la "Génération climat". "Je suis plutôt pour, mais avec des nuances. Je pense qu'à 16 ans, comme à 18 ans, on n'a pas une culture politique qui n'est pas du tout assez développée. Je pense que ça devrait passer par les écoles, qu'on ait des cours d'éducation civique à la politique pour qu'on nous informe plus. Que ce soit à 16, à 18 ou à 22, il y en a qui vont voter sans savoir, et du coup votent au pif, ils mettent des croix partout. Je serais pour, mais avec des conditions", explique-t-elle. Selon la jeune fille, la forte mobilisation de jeunes qui descendent dans les rues depuis plusieurs semaines pour le climat montre que la jeunesse est suffisamment mûre pour avoir le droit de voter. "Ça montre qu'on a envie d'autre chose, même si le droit de vote ne serait pas la solution à tout ce qu'on demande", précise Youna Marette.

Le 'Je ne m'intéresse pas à la politique'… Ce n'est pas le propre des jeunes

C'est ensuite Saskia Bricmont qui s'est exprimée. La deuxième candidate de la liste Ecolo pour les élections européennes est également pour le droit de vote à 16 ans. "C'est une proposition qui est portée depuis longtemps par le parti Ecolo, c'est pas neuf. Mais ça fait partie d'un ensemble de propositions pour raviver à la fois la démocratie et la participation des citoyens. Comme le disait Youna Marette, ça fait aussi partie d'un apprentissage. Il faut former à l'exercice du droit de vote. Maintenant on a un cours d'éducation à la citoyenneté et à la philosophie, ça pourrait très bien passer par ce cours", estime Saskia Bricmont. "On le voit dans les commentaires: 'Je ne m'intéresse pas à la politique', à 26 ans, à 30, à 50, à 70 ans… Ce n'est pas le propre des jeunes. On le voit ici avec la mobilisation, des jeunes s'intéressent", ajoute-t-elle.

Ils n'ont pas eu besoin qu'on leur donne un droit pour saisir leurs responsabilités

Déborah Géradon, Echevine de l'Urbanisme à Seraing membre du Parti socialiste, ne partage pas la même opinion. "C'est un discours facile. Moi la seule référence que j'ai, la référence officielle de la voix des jeunes, c'est lorsque le Conseil de la jeunesse a fait une étude en 2015 pour savoir si les jeunes souhaitent ou non pouvoir voter à partir de 16 ans. Il y en a quand même 8 sur 10 qui disaient que ce n'était pas le cas. C'est une étude qui date d'il y a cinq ans, elle mériterait d'être actualisée. En tant qu'élue j'ai souvent fait des débats dans des classes de rhéto, et je peux vous dire que pas une fois cette question n'est venue. Ils avaient des questions environnementales, sociales… mais pas sur le droit de vote à 16 ans", affirme-t-elle.

"Ce que je trouve dommage avec le débat qui va revenir, c'est un peu une technique d'enfumage politique. Vous parlez de climat, d'environnement, qu'est-ce qu'on vous répond? On renvoie la balle dans le camp des jeunes en disant: 'Ah bah finalement on va vous donner à vous une réponse de nouvelle démocratie'. Ce que je trouve beau dans ce mouvement de jeunes, c'est qu'ils n'ont pas eu besoin qu'on leur donne un droit pour saisir leurs responsabilités. Ils n'ont aucune leçon à recevoir d'aucun parti politique. Ils ont trouvé le moyen de se faire entendre, c'est certainement bien plus important que de pouvoir voter à 16 ou pas. Le vrai enjeu, c'est la mobilisation", précise Déborah Géradon.


Réaction de Youna Marette

Brève réaction de Youna Marette sur les propos de Déborah Géradon, d'abord à propos de l'enquête du Conseil de la jeunesse: "Je trouve que l'enquête date. Aujourd'hui on n'a jamais autant parlé climat et éducation des jeunes. Je pense que le droit de vote, c'est la base, c'est l'essence de notre démocratie, tout passe par là. Si on refaisait l'étude aujourd'hui, ce serait différent".


L'avis d'un doctorant en Sciences politiques

Robin Lebrun, doctorant en Sciences politiques à l'Université Libre de Bruxelles, rencontre de nombreux étudiants et jeunes dans le cadre de ses recherches. "Disons qu'ils ont un intérêt pour la chose publique. Ils ont un intérêt pour les problématiques. Mais la politique telle qu'elle est médiatisée aujourd'hui, avec un système de partis et un système représentatif, tout ça semble assez éloigné. C'est pas que les jeunes, mais on remarque quand même qu'il y a un schisme. Par rapport à la question du vote, je ne sais pas vous dire, je ne suis pas si convaincu, mais il y a une volonté vraie de vouloir participer. Après, ils ne savent pas forcément comment. J'ai animé un atelier ce mardi, et pendant 1h30, et pas une fois le mot parti politique n'est sorti. Je leur ai demandé si pour changer les choses ça ne les intéresserait pas d'être dans un parti politique, ils m'ont dit: 'On ne savait même pas qu'on pouvait le faire'", explique Robin Lebrun.

Et vous, quel est votre avis?
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