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Des parents d'élèves de Grez-Doiceau se mobilisent pour empêcher l'expulsion d'une famille afghane

Plusieurs parents d'élèves de l'école communale de Grez-Doiceau, dans le Brabant wallon, ont contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de la situation de la famille Yusufi, une famille d'origine afghane, sous le coup d'une menace d'expulsion. "Ils sont arrivés en Belgique il y a plus de trois ans, et à Grez-Doiceau en janvier 2016. Ils ont reçu un ordre de quitter le territoire et quand je l'ai appris, mon sang n'a fait qu'un tour, on s'est dit qu'on allait se mobiliser", nous explique Leila Belkhir, une maman d'élève qui mène diverses actions de sensibilisation.

Avec l'appui d'autres parents d'élèves et des enseignants, elle a créé une pétition en ligne, qui récolte déjà près de 1500 signatures, afin de tenter d'empêcher cette expulsion. Une marche est également organisée ce dimanche 10 mars à 10h au départ de l'école, afin de soutenir la famille.


Une minorité persécutée en Afghanistan

"Le problème, c'est qu'ils font partie d'une minorité religieuse, ils sont en danger s'ils retournent là-bas", nous explique Rosalie, une autre maman, qui nous a écrit. La minorité dont est issue cette famille est celle des Hazara (majoritairement chiite) en proie aux attaques et aux persécutions, selon des organisations qui luttent pour les droits de l'Homme comme Amnesty International. C'est ce que nous confirme Selma Benkhelifa, l'avocate qui a repris le dossier. En décembre 2017, une attaque suicide dirigée contre un centre d'éducation chiite, dans un quartier majoritairement peuplé de Hazaras à Kaboul, avait fait 41 victimes, principalement de jeunes civils chiites, et plus de 80 blessés, indique un rapport du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO).


Une violence "aveugle" à Kaboul, tant il y a des attentats

Mais même si cette famille ne provenait pas d'une minorité, en cas de retour, elle serait en danger, nous explique l'avocate: "Il y a des éléments objectifs sur l'Afghanistan qui expliquent que la situation s'aggrave. Amnesty a fait un écrit dans lequel il demande de ne plus du tout renvoyer vers l'Afghanistan, et surtout pas les familles. Dans les rapports internationaux, on parle pour Kaboul, ville d'origine des parents, de violence 'indiscriminée', c’est-à-dire aveugle, tant il y a des attentats".

Les parents ont déjà introduit, depuis leur arrivée en Belgique, deux demandes d'asile qui leur ont été refusées et sont désormais sous le coup d'un ordre de quitter le territoire. L'avocate nous dit ne pas comprendre la décision du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA). "Les instances continuent à dire que Kaboul est sûr, alors que c'est contraire au rapport de mai 2018 [du EASO]".


Outre le danger, des enfants qui "se verraient fermer les portes de tout accès à l'éducation"


Fatima, 12 ans, Mahsa, 11 ans, Mohammad, 6 ans, les trois plus jeunes enfants du couple – qui a également deux ados de 16 et 18 ans - sont scolarisés à l'école communale de Grez-Doiceau. Outre le danger qu'encourt la famille qui inquiète les parents d'élèves avec qui nous nous sommes entretenus, ce qui les révolte, c'est d'imaginer que ces enfants "se verraient fermer les portes de tout accès à l'éducation". Leila nous confie que Fatima, l'une des jeunes filles du couple, qui ne parlait pourtant pas le français en arrivant, fait partie des "premiers de classe": "On ne peut décemment pas laisser croire à des enfants qu’ils peuvent espérer un avenir meilleur puis leur dire qu'ils doivent rentrer", déplore-t-elle.


"Difficile d'expliquer à un enfant qu'il faut renvoyer un autre enfant dans un pays qui est en guerre"

Chaque jour, sa fille, qui est dans la classe de Fatima, lui demande combien de signatures ont été récoltées pour la pétition: "Tous les copains et copines ne veulent qu'une chose, c'est que Fatima reste, ils ne comprennent pas. C'est difficile, en tant que parent, d'expliquer à un enfant qu'il faut renvoyer un autre enfant dans un pays qui est en guerre… quand on voit tout ce qu'on fait pour les protéger", nous glisse Leila.

Un recours à l'ordre de quitter le territoire sera prochainement introduit, nous indique l'avocate. De leur côté, les parents d'élèves et enseignants impliqués comptent écrire à la secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration Maggie De Block.

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