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Sullivan, 17 ans, ne peut devenir coiffeur… à cause de son poids: la chirurgie peut l’aider mais ce n’est pas sans risque (vidéo)

Ce midi, la problématique du surpoids a été évoquée dans l’émission C’est pas tous les jours dimanche. Selon des chiffres de l’OCDE, un adulte sur deux est en surpoids dans notre pays. Cette même étude montre aussi qu’un Belge sur cinq souffre d’obésité. Les jeunes sont de plus en plus touchés par le phénomène car ils mangent mal et bougent moins.

En Belgique, 41 % des 18-34 ans sont en surpoids, c’est plus que la moyenne belge (33%) et 15 % de ces jeunes sont obèses, selon une étude publiée cette semaine…
Sur le plateau de l’émission, Sullivan, 17 ans, est venu témoigner de ses troubles alimentaires. A 14 ans, il avait dépassé les 100 kilos, il a donc rejoint une institution spécialisée à la mer pour perdre du poids. Cela avait très bien fonctionné, puisqu’il s’était délesté de plus de 50 kilos. Seulement, comme le jeune homme l’a raconté il n’a pas pu se stabiliser et a depuis repris le poids perdu.

Aujourd’hui, Sullivan est bien dans sa peau et il rêve de devenir coiffeur. Un métier qui exige d’être souvent debout, ce qu’il peut difficilement envisager à l’heure actuelle. Ses jambes et son dos souffriraient trop. Il souhaite donc subir une opération de bypass gastrique, à l’âge de 18 ans.

Choix personnel ou raisons médicales, de plus en plus de personnes se tournent vers la chirurgie bariatrique. N’est-on pas face à un phénomène de mode ? N’y a-t-il pas des abus ?


Pas une vraie solution

Le médecin Marc Vertruyen, chef du service de chirurgie abdominale à la cellule obésité des Cliniques de l'Europe, était également en plateau et il a tenu à remettre les choses à leur place: "La chirurgie ne solutionne pas le problème de l’obésité. L’obésité est un problème de comportement… La chirurgie traite essentiellement le symptôme et pour le moment, on est face à un engouement, où les patients arrivent en chirurgie un peu en bout de chaîne, où ils ont déjà été pris en charge par des nutrionnistes, suivis par des psychologues, essayé des tas de produits ‘miracles’ qu’on trouve sur internet. Et puis, ils arrivent avec deux grosses plaintes : d’abord, docteur j’en ai marre de faire des régimes, opérez-moi que ça s’arrête. Deuxième plainte : je ne peux pas m’arrêter de manger, faites quelque chose."

Le problème, c’est que la chirurgie ne résout pas ces problèmes-là : "La chirurgie va essentiellement essayer de calmer ces symptômes mais l’origine même du problème n’est pas pris en charge."

Le docteur rappelle aussi qu’il ne s’agit pas d’un problème d’apparence ou d’aspect physique mais bien d’un problème de santé, on parle d’ailleurs d’obésité morbide. "Debout, vous allez avoir un tassement de colonne. Vous risque de développer du diabète, de l’hypertension, des apnées du sommeil. Il y a aussi un risque accru de développer un cancer. Et vous n’aurez pas le même nombre d’années de vie, que quelqu’un qui a un poids inférieur."


C’est quoi un bypass ?

Il s’agit d’une technique qui consiste à sectionner l’estomac, de façon à laisser un plus petit estomac et avoir ainsi plus rapidement un sentiment de satiété. "Surtout, au lieu d’avoir 6 mètres d’intestin pour tout digérer et bien on va vous laisser une partie beaucoup plus petite : 1m, 1m20. Et donc forcément, on avalise quelque part vos troubles de comportement, c’est-à-dire manger constamment", souligne Marc Vertruyen.


Il y a des effets secondaires

"Avant de proposer une intervention à un patient, il faut que celui-ci soit au courant de comment cela va se passer. Si l’évolution, la création nous a donné six mètres d’intestin, c’est pour une bonne raison. Si maintenant, vous le réduisez à 1m20, ben évidemment il va y avoir des problèmes. Il y a des carences. Vous perdez des sucres, des graisses, mais vous perdez aussi des vitamines, des ions, des tas de choses… Pour moi, avec le bypass, quelque part on abandonne le patient, c’est dire voilà continuez votre comportement, mangez comme vous voulez mais on va traiter le symptôme…

Le chef du service de chirurgie abdominale à la cellule obésité des Cliniques de l'Europe craint que certains patients recourent trop vite à ces procédures assez lourdes et qui ne soignent pas le véritable problème de comportement: "On est en bout de chaîne. Les gens sont en souffrance, il faut les aider mais pour les aider, il faut aussi les informer", y compris sur les risques encourus.

Le dernier mot du débat a été laissé à Alda Greoli, ministre en charge notamment de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui a voulu pointer un chiffre très inquiétant : "30 % de nos enfants de moins de 30 mois sont déjà en surpoids, c’est pour cela qu’il faut agir dès la crèche, dès l’accueillante d’enfant parce que c’est là que l’apprentissage se fait aussi".

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