Accueil Actu

En Syrie, un centre recueille des laissés pour compte de la guerre

Certains portent sur le corps les stigmates de la guerre qui ravage la Syrie: des brûlures de cigarettes dans le dos, des cicatrices sur le visage. Mais pour d'autres, le conflit a surtout eu un impact psychologique irrémédiable.

Pour les personnes souffrant de troubles psychologiques, les handicapés, les blessés de guerre et les personnes âgées, le centre spécialisé Al-Waalan est d'un secours essentiel.

Dans ce centre situé à al-Dana, dans la province d'Idleb, région du nord-ouest de la Syrie dominée par les jihadistes, ils bénéficient d'un toit et d'un lit, mais aussi d'une assistance médicale.

Les conditions n'y sont pas idéales mais dans cette région où l'aide internationale ne suffit pas à enrayer des conditions de vie parfois désastreuses, le centre est l'une des seules options s'offrant à des patients qui ont perdu toute trace de leur famille et qui ne peuvent subvenir à leurs besoins en raison de leur handicap, physique ou psychique.

Un correspondant de l'AFP a rencontré six hommes recueillis par l'institution, créée il y a un an. Ils ont entre 23 et 55 ans et viennent de différentes régions de Syrie. Certains ont oublié leur nom et leur ville d'origine, l'un d'entre eux se souvient seulement avoir grandi dans la banlieue de Damas.

Ils vivent en retrait de la réalité qui les entoure et dorment dans la même chambre aux murs nus, leurs lits étroits austèrement alignés. Pour se protéger du froid, des couvertures épaisses et des tapis sur le carrelage ont été pourvus.

- Dénuement total -

La province d'Idleb, qui accueille des groupes rebelles et jihadistes, est passée en début d'année sous la tutelle de Hayat Tahrir al-Cham, organisation jihadiste formée par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, à l'issue d'une offensive meurtrière contre les rebelles.

Une famille sur cinq y a à sa charge un proche handicapé ou souffrant d'une maladie chronique et 2,1 millions de personnes y ont besoin d'une assistance humanitaire, selon des données de l'ONU.

La moitié des trois millions d'habitants sont des déplacés, ayant souvent échoué à Idleb après des offensives du pouvoir de Bachar al-Assad contre d'anciens bastions rebelles à travers le pays.

Près de 275.000 d'entre eux vivent dans des camps informels surpeuplés, dans le dénuement le plus total.

Malgré des combats sporadiques entre le régime et les jihadistes ou les rebelles, la province d'Idleb jouit d'un calme relatif, grâce à un accord russo-turc qui a permis d'éloigner la perspective d'une offensive du régime. Un tel assaut aurait pu entraîner la pire crise humanitaire du XXIème siècle selon l'ONU.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés.

À lire aussi

Sélectionné pour vous