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"Ce n’est pas le gros nounours qu’il voudrait nous faire croire": le procureur évoque Nacer Bendrer dans le procès du Musée juif

Après son collègue de l'accusation la veille, le procureur Bernard Michel est revenu mardi matin devant la cour d'assises de Bruxelles sur les faits reprochés à Mehdi Nemmouche, démontrant point par point qu'il s'agit bien "de quatre meurtres prémédités et à caractère terroriste". Il s'est également attardé sur la personnalité de Mehdi Nemmouche. "Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi radicalisé que lui."

"Mehdi Nemmouche se tait dans toutes les langues depuis des années. Mais le 7 février dernier, son avocat reconnaît que son client est radicalisé et qu'il s'est rendu en Syrie. Et on nous lâche ça en fin d'audience, entre la soupe et les patates!".

Selon Bernard Michel, Mehdi Nemmouche est même "archi-radicalisé", et depuis longtemps. "Dans sa jeunesse, il justifiait déjà la lapidation d'une femme adultère. A sa sortie de prison, il ne va pas chez sa grand-mère à laquelle il tient soi-disant tant, non. Il va à la mosquée. Chez son ami Hassani, il refuse de manger en présence d'une femme...", a-t-il énuméré, ajoutant qu'il s'était présenté à ses otages en Syrie comme "un criminel devenu un nettoyeur ethnique". "En réalité, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi radicalisé que lui."

Le procureur fédéral était précédemment revenu sur les éléments qui prouvent qu'il s'agit bien de meurtres. "Personne ne va parler d'un accident. Chaque tir vers chaque victime était clairement volontaire. Et pour chaque victime, l'intention de tuer est bel et bien présente", a relevé Bernard Michel. Le caractère prémédité est par ailleurs "une évidence". "Il ne s'agit pas d'une bagarre qui tourne mal, Mehdi Nemmouche est bien venu dans le but de tuer", a-t-il pointé.

"Il partait à la guerre"

De plus, "il n'a pas pris un couteau de cuisine mais une kalachnikov. Il partait à la guerre, il s'était préparé au carnage". Bernard Michel a encore relevé que Mehdi Nemmouche avait téléphoné à Nacer Bendrer un mois et demi avant les faits, qu'il avait fait plus de 1.000 kilomètres pour se procurer les armes et qu'il avait repéré les lieux le 23 mai. "Nous avons là la certitude, au-delà de tout doute raisonnable, qu'il a bien prémédité son acte." Et ce, même s'il ne connaissait pas les victimes. "L'identité des victimes importait peu pour lui. Le but, c'est qu'il y en ait, peu importe combien."

Enfin, le contexte terroriste ne fait aucun doute non plus, de par la violence "aveugle" et "hors-normes" des faits, leur gratuité, le lieu symbolique visé et la personnalité de l'auteur, selon l'accusation. "Les faits doivent donc bien être qualifiés juridiquement d'assassinats commis dans un contexte terroriste", a conclu le ministère public, demandant au jury de répondre "oui" à toutes les questions qui lui seront posées concernant Mehdi Nemmouche.

Nacer Bendrer "savait"

Par la suite, le procureur a évoqué le cas de Nacer Bendrer. "Même ici à l’audience il donne une bonne impression, mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas le gros nounours qu’il voudrait nous faire croire". Le procureur rappelle ses multiples condamnations et souligne le rapport de la prison de Salon de Provence qui le classe parmi les radicalisés.

"Bendrer a fourni les deux armes à Mehdi Nemmouche", affirme le procureur. Le revolver vient du Sud et Mehdi Nemmouche n’a pris aucun contact avec un autre fournisseur éventuel.

Bendrer est donc complice sur le plan juridique. Il ne voulait pas savoir à quoi allaient servir ces armes mais selon la jurisprudence, cela ne change rien. D'autant que Bendrer connaissait le passé délinquant de Mehdi Nemmouche et sa radicalisation. "Les armes, ce n’était pas pour décorer son salon", déclare encore le procureur.

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