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Des voleurs utilisent l'identité d'Adeline pour prendre des abonnements télécom et recevoir des cadeaux: un huissier lui réclame 2.000€

L'usurpation d'identité a de beaux jours devant elle. Tant que des conditions plus strictes pour signer des contrats d'abonnement à des opérateurs ou des fournisseurs ne seront pas imposées, n'importe quelle personne qui vole une carte d'identité semble en mesure de signer à votre place. Adeline se bat actuellement pour faire annuler une dette de 2.000€ que lui réclame un huissier mandaté par Proximus, également lésé dans l'affaire.

On pourrait imaginer qu'avec les nouveaux moyens de vérification de l'identité (carte avec puce électronique, empreintes digitales, application itsme®), il soit de plus en plus difficile d'usurper l'identité d'une personne. L'histoire d'Adeline, 23 ans, nous prouve le contraire. Un sac à main volé, une suppression de la carte d'identité qui traîne, un vendeur peu consciencieux: voilà les ingrédients de la mésaventure de cette jeune mère de famille de la région de Charleroi, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.

Aujourd'hui, Adeline fait face à plusieurs problèmes d'envergure. "Un huissier me réclame 2.094,24€, et je suis sur liste rouge", nous a-t-elle confié, révoltéePre.

Un cambriolage chez son beau-père

Tout a commencé au mois de juillet 2018. "Après une longue journée sur place, on avait décidé de rester dormir chez mon beau-père. Durant la nuit, il y a eu un cambriolage. Ils ont emporté beaucoup de choses: caméra, appareil photo, du matériel, mon sac avec tous nos papiers". Les voleurs avaient trouvé les clés des voitures. "Ils ont tout placé dans le coffre et sont partis" avec leur butin.

Une semaine plus tard, la chance sourit (temporairement) à la famille. "Grâce à un message qu'on avait publié sur Facebook, une dame a reconnu la plaque de la voiture. Elle était à 400 mètres de la maison, encore remplie de tout le matériel volé. On était assez soulagé, on avait tout retrouvé. Sauf mon sac".


Quiproquo au sujet de la carte d'identité

Entretemps, Adeline avait été à la police pour signaler le cambriolage. "La policière qui a pris ma déposition m'a dit qu'elle faisait le nécessaire pour bloquer ma carte d'identité. Mais elle n'a pas été bloquée tout de suite, et pas assez vite, surtout".

Sachez qu'en effet, en cas de perte ou de vol de votre carte d'identité, il est nécessaire de le déclarer à la police (vol) ou l'administration communale (perte). Mais il est également recommandé de bloquer la carte en appelant le numéro 00800 2123 2123, ou le +32 2 518 2123. C'est un service gratuit et disponible 24h/24. Et qui signalera et bloquera immédiatement le document.


Un des abonnements contractés par les escrocs: ils ont imité la signature d'Adeline

A chaque nouvel abonnement, il y avait un cadeau. Une télé écran plat, un Galaxy S9, et des abonnements toutes formules, signés et acceptés avec ma pièce d'identité

Les escrocs ont eu le temps de souscrire trois abonnements pour obtenir les (gros) cadeaux

Les escrocs, qui avaient peut-être réalisé le cambriolage uniquement dans le but de voler des papiers d'identité et de brouiller les pistes par rapport à leurs intentions, ont ensuite réalisé une usurpation en bonne et due forme.

"Le 11 juillet (48 heures après le cambriolage), le 21 juillet et le 20 août, ils ont souscrit trois abonnements en mon nom, dans une boutique Proximus. A chaque nouvel abonnement, il y avait un cadeau. Une télé écran plat, un Galaxy S9, et des abonnements toutes formules, signés et acceptés avec ma pièce d'identité".

Pour ces abonnements, les escrocs avaient renseigné une adresse différente. De telles sortes que les factures de Proximus ont été envoyées durant des mois "dans un appartement soi-disant plus habité depuis longtemps, d'après la police, et dont ils se servaient pour leur magouille". Une fausse adresse, donc, et aucune facture honorée. Hors, à son insu, Adeline s'est liée pour deux ans à plusieurs abonnements Proximus.

Et durant quelques mois, les escrocs ont voyagé, à en croire les factures reçues bien plus tard par Adeline. "Ils ont passé et reçu des appels en Afrique, pour des centaines d'euros". L'une des factures remonte au mois d'août. Montant total: 1.216,39€, dont 348€ pour deux heures d'appels émis en République Démocratique du Congo:

Une lettre d'huissier, une enquête

Lésé, Proximus a lancé la procédure habituelle, faisant appel à un huissier pour un recouvrement à l'amiable dans un premier temps. Ce dernier a pu trouver la véritable adresse d'Adeline pour lui envoyer la note. "Le 22 janvier, j'ai reçu dans ma boite aux lettres une facture (voire la mise en demeure, ci-dessous) me réclamant la somme de 2094,24€, pour divers produits et abonnements venant de chez Proximus".

J'ai fini par apprendre que les contrats avaient été souscrits dans la boutique Proximus de Rive Gauche

Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Adeline a commencé sa petite enquête. Elle est parvenue à trouver la boutique Proximus concernée: "J'habite Couillet et la fausse adresse renseignée était à Charleroi, j'ai donc demandé dans toutes le boutique Proximus, et j'ai fini par apprendre que les contrats avaient été souscrits dans celle de Rive Gauche", un grand centre commercial.

Dans cette boutique, elle est tombée sur un gérant "très collaboratif, et qui a imprimé une copie de tous les contrats, de toutes les factures". Elle a appris que le vendeur qui avait accepté les contrats "était un vendeur volant, qui passait de boutique en boutique, en intérim". Proximus aurait même reconnu, nous dit Adeline, "que des erreurs avaient été commises".

Elle est retournée à la police pour déposer une plainte à l'encontre du vendeur. "Comment a-t-il pu accepter de souscrire des contrats, sans vérifier la photo ou même le genre, le prénom sur la carte d'identité ?". La police aurait voulu se servir des caméras de surveillance, mais "pour des raisons de respect de la vie privée, les images sont effacées après quelques mois".

Adeline a également porté plainte "au niveau de Proximus".

"Je ne paierai pas"

A l'heure actuelle, la situation est assez confuse. "J'ai apporté la preuve auprès de l'huissier, grâce aux plaintes que j'ai déposées, et à la documentation que j'ai rassemblée, que j'étais victime d'une usurpation d'identité".

L'huissier concerné a dit que "le dossier était actuellement bloqué, gelé". Adeline n'est qu'en partie soulagée. "J'attends des nouvelles de Proximus et de la police. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer, j'ai de l'espoir uniquement".

Nous avons contacté le Centre d'expertise juridique sociale (Sam-Tes), et en effet, les rapides démarches d'Adeline auprès de la police et de Proximus plaident en sa faveur. "Il appartient à l'huissier de suspendre le recouvrement dans l’attente d’autres instructions et/ou de clarifications de la part du donneur d’ordre quant au bien-fondé du recouvrement. Il en ira de même si une contestation raisonnable émane de la partie débitrice, pièces à l’appui", nous a expliqué Sylvie Vanmaele. Ce qui a été fait, on l'a dit.

Notre mère de famille carolo est surtout dégoutée. "Je suis fichée rouge au niveau de Proximus, et peut-être ailleurs aussi. Il y a une lettre d'huissier qui menace de saisir le mobilier, ma voiture. J'ai trois enfants, et tout ce pour quoi on se bat tous les jours, on pourrait nous l'enlever comme ça ?".

Les vendeurs en magasin doivent vérifier correctement la carte d'identité

Que dit Proximus ?

Nous avons contacté le gérant de la boutique Proximus concernée, pour vérifier les dires d'Adeline. Mais il ne peut pas s'exprimer à la place de l'opérateur. Le porte-parole officiel de l'opérateur ne s'est pas exprimé sur la cas particulier car une plainte est en cours. Il nous a confirmé que "les vendeurs en magasin doivent vérifier correctement la carte d'identité".

On a tout de même appris qu'effectivement, on peut recevoir les cadeaux liés à la souscription d'abonnement dans un centre Proximus. "Si la commande est faite via le web, c’est d’office livré à l’adresse mentionnée. Si la commande est réalisée en shop, le client a le choix de se faire livrer dans le shop ou à une autre adresse".

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