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Reprise de la campagne militaire contre le dernier carré jihadiste en Syrie

Les forces antijihadistes ont repris vendredi leurs opérations militaires contre les derniers combattants du groupe Etat islamique (EI) acculés au bord du fleuve Euphrate en Syrie, une ultime bataille censée signer la fin du "califat" de l'organisation jihadiste.

Après deux jours de pause, les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les avions d'une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, ont frappé de nouveau les jihadistes à Baghouz, dans la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie, près de la frontière irakienne.

Si des frappes aériennes et des combats au sol ont eu lieu dans la nuit et aux premières heures de vendredi, le calme est ensuite revenu, rompu par quelques tirs d'obus en fin d'après-midi, a constaté une équipe de l'AFP sur place.

Des combattants des FDS étaient visibles sur les toits de bâtisses de Baghouz, accoudés au muret, visiblement désœuvrés, au milieu de l'océan de ruines qu'est devenu le village, selon un journaliste sur le terrain.

En début de soirée, un porte-parole des FDS, Mustafa Bali, a indiqué sur Twitter que des combats se poursuivaient "autour d'une colline de Baghouz pour éliminer ce qui reste de l'EI".

"De petits groupes de l'EI qui refusent de se rendre lancent des attaques et nos forces répliquent", a indiqué un autre porte-parole, Adnane Afrine.

La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a cependant affirmé que "le califat territorial de l'EI a été éliminé en Syrie".

Mercredi et jeudi, les FDS avaient procédé à des ratissages et consolidé les positions prises aux jihadistes, acculés dans un petit bout de terre aux limites de Baghouz, au bord du fleuve Euphrate.

- Tunnels, caves -

Dans le campement où s'étaient regroupés ces dernières semaines les jihadistes, quelques combattants des FDS marchaient sans armes vendredi.

Les FDS y étaient entrées mardi, forçant les jihadistes à reculer jusqu'aux limites du camp et du village de Baghouz.

Selon un porte-parole des FDS, Kino Gabriel, des centaines de jihadistes, dont quelques femmes, se sont repliés dans des cachettes au bord du fleuve ainsi qu'au bas d'une colline surplombant Baghouz.

"Dans un ou deux jours nous finirons nos opérations militaires à moins de développements surprise", a-t-il ajouté.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les derniers jihadistes se cachent dans des tunnels souterrains et des caves dans Baghouz.

Plusieurs combattants de l'EI veulent se rendre mais en sont empêchés par leurs camarades, a indiqué un responsable des FDS, Jiaker Amed.

La perte dans son intégralité du village signerait la fin territoriale de l'EI en Syrie, après sa défaite en Irak en 2017.

L'EI avait proclamé en 2014 un "califat" sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l'Irak, avant que son territoire ne se réduise comme peau de chagrin ces deux dernières années avec la multiplication des assauts contre l'organisation jihadiste.

- Des centaines de morts -

L'offensive contre l'ultime poche de l'EI à Baghouz est la dernière phase d'une opération déclenchée en septembre 2018 pour chasser le groupe des derniers secteurs sous son contrôle en Syrie. Elle a été ralentie par la présence de milliers de civils qui sont sortis du carré de l'EI.

Depuis janvier, plus de 67.000 personnes ont quitté la poche de l'EI, dont 5.000 jihadistes arrêtés après leur reddition, selon les FDS. Les civils parmi elles, la plupart des familles de jihadistes, ont été transférés dans des camps, principalement dans celui d'Al-Hol (nord-est).

Depuis septembre, 750 combattants des FDS ont péri dans les combats et presque le double de jihadistes, selon l'OSDH.

Malgré les défaites et la chute imminente de son "califat", l'EI, un groupe ultraradical responsable d'atrocités et d'attentats meurtriers dans des pays arabes et occidentaux, a semble-t-il déjà entamé sa mue en organisation clandestine, et parvient toujours à mener des attaques sanglantes.

La bataille contre l'EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 370.000 morts depuis mars 2011, le régime syrien de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, ayant reconquis près des deux-tiers du pays.

La guerre en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, s'est complexifiée au fils des ans avec l'implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes.

Dans une vidéo diffusée sur les comptes du groupe jihadiste sur les réseaux sociaux, l'EI a rejeté les déclarations sur la fin imminente du "califat" et appelé ses partisans à mener des attaques contre "les ennemis" en Occident.

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