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L'association d'aide alimentaire "Vivres" menacée, son bâtiment va être rasé à Namur: "Peut-on croire à un miracle?"

C’est un appel à l’aide que nous lance Jean-Claude Mantez via notre bouton orange Alertez-nous. L’asbl pour laquelle il se bat depuis plusieurs mois se trouve en difficulté. Son bail locatif se termine et impossible de trouver un nouveau lieu. Si rien n'est fait, l’avenir d’une vingtaine d’associations namuroises serait compromis.

Tout commence en juillet 2018. À cette époque, Jean-Claude œuvre déjà depuis plusieurs années au sein d’une association namuroise. Après un drame familial, il a décidé d’apporter son aide auprès des plus démunis. Il a rejoint alors une association et récolte des denrées alimentaires. Sur le terrain, ce retraité se rend compte que les associations manquent cruellement de produits frais, pourtant indispensables pour une alimentation saine et équilibrée. "85% des associations n’ont pas la logistique nécessaire pour accueillir des produits frais: pas de véhicules pour les transporter, de chambre froide pour les conserver", nous explique-t-il.

De ce constat, naît l’association "Vivres" (Valorisation Intelligente de Vivres Récoltés et Surplus), une plateforme de récoltes d’invendus et de surplus alimentaires. À travers celle-ci, Jean-Claude et une vingtaine de bénévoles tentent de répondre à des besoins croissants car "depuis 2014, le nombre de bénéficiaire augmente entre 3 à 4%". 

Son but est simple: récolter auprès de grandes enseignes les produits frais invendus. La récolte s’organise tous les jours. "Parfois, dans un kilo de carottes, une est pourrie. Donc elle est retirée du marché car les grandes enseignes estiment que ça leur reviendrait trop cher d’ouvrir le filet, retirer la carotte pourrie puis refaire le filet. Donc nous on s’en charge. On récupère les denrées invendues, on jette ce qui n’est plus consommable et on donne le reste", précise Jean-Claude.Pour permettre le lancement de l'association, la Région Wallonne aurait accordé 5.000 euros de fonds, nous assure le bénévole.


409 tonnes de marchandises en 2018

Chaque jour, les bénévoles de "Vivres" collectent 1,5 tonne de denrées. Elles sont ensuite distribuées non pas directement au public précarisé mais à des associations. "Vivres" vend alors ses colis à bas prix, ce qui lui permet de rembourser une partie des frais engagés, notamment concernant le transport. "Notre plateforme est très importante pour ces associations car nos récoltes permettent d’agrémenter leurs colis de produits secs provenant du FEAD ( Fonds européen d'aide aux plus démunis) avec des produits frais", souligne le retraité. Des fruits, légumes, produits laitiers, viandes ou encore charcuteries sont ainsi livrées à une vingtaine d’associations namuroises.

En 2018, 409 tonnes de marchandises ont ainsi été distribuées. 5.000 personnes ont pu en bénéficier. "Nous sommes convaincus que ces actions sont devenues indispensables", assure Jean-Claude.


Un bail qui se termine...

Pourtant, cette belle initiative pourrait disparaître. Le local que loue actuellement l’asbl va être rasé. À Namur, un projet d’envergure prévoit la création de 340 logements dans les quartiers de Bomel et Saint-Servais. Et cela passe inexorablement par la suppression de bâtiments existants. "Quand on a loué le local, on savait que l’on avait un bail précaire. Ça s’est précipité et il ne nous reste plus que quelques mois", déplore Jean-Claude. En septembre prochain, l’association devra avoir quitté les lieux.

Les bénévoles se sont donc lancés dans une quête au local. Mais à pour l’instant, "rien ne se débloque". "Nous recherchons un local de 300m2 dans la région namuroise. Il faut qu’il soit sur un même niveau car nous travaillons avec des chariots hydrauliques", éclaire Jean-Claude. Avant d’ajouter: "Peut-on croire à un miracle ? Peut-être existe-t-il un mécène !"

Parmi les associations qui bénéficient de ce service: Saint-Vincent de Paul à Malonne qui aide chaque mois entre 90 et 100 familles. Sa directrice, Bibiane Vander Elst, regrette qu'une telle initiative puisse être menacée. Cette petite association distribue ses colis une fois par mois. Étant donné que la structure de l'association ne lui permet pas de stocker des produits frais, elle fait appel à "Vivres". "Je vais chercher des colis que je paie un euro chacun. Dedans, il peut y avoir des œufs, des fruits, des légumes, de la charcuterie", nous décrit-elle. 

Celle qui préside l'asbl 'Saint-Vincent de Paul' nous indique bénéficier des denrées distribuées par le FEAD. Cependant, depuis quelques années, soit les commandes ont eu du retard, soit elles arrivent incomplète, faute de denrées suffisantes. "Dans ces cas-là, ça m'arrange bien d'aller chez 'Vivres' car je complète mes colis avec leur marchandise", précise Bibiane Vander Elst. "Ce serait vraiment dommage que cette Asbl tombe à l'eau car les bénévoles font tout ce qu'ils peuvent pour aider les plus démunis malgré les bâtons que l'on nous met dans les roues", lâche-t-elle. 

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