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Une policière sur quatre harcelée par ses collègues: peu de personnes veulent témoigner

Au sein de la police fédérale, une femme sur quatre affirme avoir été victime de comportements inappropriés de la part de ses collègues au moins une fois au cours des six derniers mois. C'est ce qui ressort d'une enquête sur le bien-être au travail dont fait écho vendredi le quotidien Het Laatste Nieuws.

La police fédérale a mené une enquête interne sur le bien-être au travail: il en ressort que les policiers vont mal. Plus de la moitié des agents interrogés envisagent de changer d’emploi: 27% y pensent parfois, 19% régulièrement et 9% y songent sans arrêt. En cause : le stress au travail et l’impact émotionnel lié au métier. 5000 personnes ont été interrogées sur les 12.000 agents de la police fédérale.

Autre facteur de départ : le harcèlement. Une policière sur 4 se dit harcelée par un ou des collègues. Les syndicats confirment les cas de harcèlement. "Ce chiffre est nettement plus élevé qu'attendu", d'après Sarah Frederick, de la police fédérale. "Ces données ne correspondent pas au nombre de plaintes au services de prévention. Nos sommes choqués et prenons cela très au sérieux".


"Ça ne devrait pas arriver à la police"

"Ce sont des chiffres qui sont beaucoup trop élevés, parce que ça ne devrait pas arriver à la police, nous avons une dizaine de cas par an qui nous sont soumis", explique Raoul Moulin, secrétaire permanent à la confédération des syndicats chrétiens (CSC) Police.

Mais il ne s'agit bien que des cas rapportés par les policières qui osent en parler. Car il s'agit d'un sujet tabou. Pour dénoncer les faits, la victime doit pouvoir briser la loi du silence : la procédure est par ailleurs complexe et longue. "Toute la problématique réside dans le fait de pouvoir trouver des personnes qui veulent bien témoigner. Parce que même si en vous regardant, ils vous disent, oui, je constate que, on a beaucoup de mal à trouver des gens qui veulent bien s'impliquer dans la procédure", ajoute Raoul Moulin.

Le ministre de l'intérieur et la police rappellent que des personnes sont là pour gérer les cas de harcèlement au sein même de l'institution. "Il existe une équipe anti-stress, mais le personnel ne connaît pas toujours son existence", explique Sarah Frederickx, porte-parole de la police fédérale.

En 2017, le Comité P, la police des polices, a mené 14 enquêtes judiciaires sur 138 pour harcèlement.


"C'est un vrai choc pour nous"

Il apparaît donc également que la moitié des sondés souhaitent renoncer à leur poste au sein de la police. "C'est un vrai choc pour nous", a réagi le vice-président du syndicat libéral SLFP Police, Vincent Houssin. "Nous nous attendions à ce que les résultats ne soient pas bons, mais personne n'imaginait qu'ils seraient si mauvais". Il appelle dès lors à prendre des mesures, de toute urgence, afin d'améliorer le bien-être du personnel des services de police.

Selon le syndicaliste, la situation est non seulement "dramatique" au sein de la police fédérale, mais également à l'échelon local où plusieurs zones de police obtiennent de piètres résultats en matière de bien-être au travail. Selon le syndicat, il avait été convenu, avec le gouvernement, de se réunir au sein d'un groupe de travail afin de prendre des mesures en vue d'améliorer le bien-être du personnel de police. "Les dirigeants portent à cet égard une responsabilité écrasante", estime M. Houssin.

Mais l'initiative des autorités se fait attendre, dénonce-t-il. "Il faut agir vite. Il est d'ailleurs également urgent de rendre la profession plus attractive, tant aux niveaux local que fédéral. Autrement, la police court droit à la catastrophe". Vincent Houssin espère dès lors que les "responsables politiques ont bien compris le message".

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