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"Ça rend FOU tout le monde": pourquoi les avions survolent-ils tant Molenbeek en ce moment?

Le survol de Bruxelles et les nuisances sonores provoquées par le bruit des avions font encore parler d’eux. Le dossier n’est pas nouveau et fait grincer de nombreuses dents depuis des années. Cette fois, c'est dans le nord de la capitale qu'il resurgit. Depuis plusieurs semaines, le quartier de Damienne à Molenbeek est survolé par beaucoup plus d’avions que d’habitude. Ce qui pose problème: le vent. Tout devrait rentrer dans l’ordre aujourd'hui même.

Damienne habite Molenbeek. Depuis plusieurs jours, ses nuits sont courtes. Ce qui pose problème, ce ne sont pas des soucis d’insomnie, mais bien le bruit des avions. "Depuis trois semaines, les avions survolent à nouveau intensément l'axe Molenbeek-Ganshoren-Jette", se plaint-elle via notre bouton orange Alertez-nous. "Je sais qu'il y a un plan de répartition des vols, mais là on a l'impression que tout le trafic aérien passe par ici". Damienne a déménagé dans le quartier il y a moins d'un an, et c'est la première fois qu'elle est confrontée à cette situation : "J'ai appris que c'était déjà arrivé mais ce qui m'inquiète, c'est que les avions volent très bas."

C'est vraiment infernal, ça rend fou tout le monde, c'est un bruit continu

Elle l'a constaté, le trafic aérien est don beaucoup plus dense que d'habitude sur cet axe. "Je le remarque le soir, parce que je ne suis pas là en journée, mais la nuit de lundi à mardi, il y a eu des avions en continu toutes les 5-6 minutes. Le trafic est tellement intense que vers 23 heures, ils se sont échelonnés toutes les 3 minutes. Ça a duré jusqu'à 2h48, et ça a repris à 4 heures du matin". Impossible donc de dormir des nuits complètes. "C'est vraiment infernal, ça rend fou tout le monde, c'est un bruit continu".

Il y a une raison à ces changements soudains et à cette augmentation des nuisances. L'aéroport et les contrôleurs du ciel sont confrontés à un souci qu'ils connaissent bien. "C’est à cause d'un problème de vent", assure Philippe Touwaide, médiateur de Brussels Airport. Il est depuis plusieurs jours de secteur est-sud-est. Les avions doivent à cause de cela emprunter une autre trajectoire. Voilà qui n'arrange pas Damienne. "Je peux comprendre que c'est pour des raisons de vent. Et c'est normal d'avoir des avions quand on habite tout près de Zaventem, mais là c'est trop", déplore-t-elle.

Après les vols passagers, il y a encore les vols cargo. Et ensuite, ce sont déjà les premiers atterrissages du matin qui commencent

Philippe Touwaide confirme également la densité du trafic aérien décrite par notre alerteuse. "L’aéroport fonctionne très fort en heure de pointe. Il y a souvent un avion toutes les deux minutes à ce moment-là". Et si les nuisances se prolongent même durant la nuit, c’est tout à fait normal. "Les gens sont surpris d’avoir des vols pendant la nuit, mais l’aéroport n’est pas fermé. Après les vols passagers, il y a encore les vols cargo. Et ensuite, ce sont déjà les premiers atterrissages du matin qui commencent, avec les vols transatlantiques après 4h."


Pourquoi les avions empruntent-ils 
une autre trajectoire?

L’orientation et la force du vent ont une réelle influence sur le trafic aérien. Elles se mesurent au sol, mais aussi dans les airs. "Pour des raisons de sécurité, un avion décolle ou atterrit face au vent, pour avoir une meilleure portance", détaille Alain Kniebs, porte-parole de Skeyes (ex-Belgocontrol). "Lors de l’atterrissage, si on a trop de vent arrière, c’est dangereux. Le vent pousserait l’avion. Au contraire, un vent de face permet de le freiner". La direction du vent la plus courante a influencé la mise en place des pistes de l’aéroport de Bruxelles. "En Belgique, et à Brussels Airport, le vent dominant vient du sud-ouest. On a construit les pistes en fonction de cela".

Le système d’utilisation préférentielle des pistes régule la manière dont celles-ci sont exploitées. Les pistes préférentielles 25R, 25L et 19 sont orientées dans la direction du vent dominant (sud-ouest). Les pistes 25 sont utilisées en journée. La piste 19 vient parfois s’ajouter, ou se substituer aux autres, durant la nuit et les week-ends. Ce sont donc ces pistes qui sont utilisées dans des conditions météorologiques classiques.


Le sens des pistes a été inversé

Mais depuis plusieurs jours, l’utilisation normale des pistes n’est plus possible, en raison de vents trop forts de secteur est. "On a dépassé la limite à 7 nœuds", explique Philippe Touwaide, le médiateur de Brussels Airport. Le sens des pistes a été inversé. Les pistes 25R et 25L sont depuis lors empruntées dans l’autre sens, et deviennent respectivement les pistes 07L et 07R. Les avions décollent et atterrissent, logiquement, dans l’autre sens. Cette adaptation est tout à fait normale, et est prévue dans de telles circonstances.

©btac.be - 23 avril 2019

Le phénomène intervient entre 5 et 10 jours par an chaque année 

"Ce n'est pas un nouveau plan"

C’est ce changement qui provoque les nuisances décrites par Damienne. "Plusieurs communes, comme Molenbeek, Anderlecht, Ganshoren, Jette, Laeken et Schaerbeek, sont touchées, puisqu'elles sont dans l'axe de ces pistes", détaille Philippe Touwaide. "Le phénomène intervient entre 5 et 10 jours par an chaque année. Le problème, c’est que les gens font un mélange. Ils disent que c’est le bon temps qui augmente le trafic des avions, mais c’est tout à fait faux".

Le médiateur tient d’ailleurs à rassurer les nombreuses personnes qui lui ont envoyé une plainte ces derniers jours. "Les gens prétendent qu’on ment, que c’est un problème politique. Mais pas du tout. Ce n’est pas une décision politique, ce n’est pas un nouveau plan de vol ou des essais, c’est tout simplement un problème de vent". Il estime d’ailleurs que le calvaire des habitants est arrivé à sa fin. Selon lui, le vent devrait à nouveau souffler dans la bonne direction ce mercredi matin. Les pistes vont donc être exploitées dans le sens préférentiel habituel. Voilà donc un espoir pour Damienne et ses voisins, mais elle veut tout de même rester prudente. "Ils avaient déjà annoncé des changements ces derniers jours, mais finalement rien n'avait bougé".


Un site d'information en temps réel

Pour éviter de se questionner ou de s’inquiéter trop longuement, le site batc.be est mis à disposition des citoyens, pour comprendre ce qu’il se passe dans notre ciel et à l’aéroport de Bruxelles. "Ce site permet d’être informé en temps réel de la situation", explique Alain Kniebs, de Skeyes. "Il est disponible en trois langues, et il monitore l’utilisation des pistes 24h/24". La plateforme fournit notamment toutes les données météorologiques, qui influencent le choix des pistes. Elle présente cela sous forme d'une carte interactive.

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