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Faro et Boutchou, les deux chevaux d’Yveline ÉGORGÉS à Honnelles en janvier: "C’est un traumatisme à vie"

Yveline a vécu un drame le samedi 19 janvier dernier. Ses deux chevaux ont été froidement égorgés. "Il y avait du sang partout", explique-t-elle. Depuis lors, elle ne trouve aucune réponse à ses questions. Selon elle, l’enquête n’avance pas. La police, de son côté, assure qu’elle fait tout pour retrouver le ou les coupable(s).

Cela faisait 14 ans qu’Yveline s’occupait de Faro, la jument qu’elle a adoptée à 5 mois à peine. Elle a également sauvé un poney de l’abattoir, qu’elle a baptisé Boutchou. Les deux animaux ne se quittaient jamais. Le 19 janvier dernier, la propriétaire s’est rendue dans sa prairie au matin, pour voir ses animaux. Tout allait bien. Elle est revenue en début d’après-midi pour les nourrir. Elle les a retrouvés au sol, baignant dans leur sang.

Un reportage d’une vingtaine de minutes, consacré à l’histoire d’Yveline, a été diffusé sur YouTube il y a quelques jours. Son réalisateur, Didier Wirickx, défenseur de la cause animale, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Sa vidéo a été déjà visionnée plus de 4.000 fois depuis le début du mois de mai. Pour lui, son seul objectif est de retrouver les coupables, en diffusant la vidéo sur les réseaux sociaux. "Le bien-être animal est une cause que je défends particulièrement, elle me tient à cœur", explique-t-il.

Je voulais juste qu’on respecte ma propriété

Yveline estime qu’on cherchait à lui nuire. Elle s’est à de nombreuses reprises opposée à des chasseurs qui pénétraient dans sa prairie, ou venaient chasser près de chez elle. Elle a aussi constaté que des fils barbelés de sa clôture étaient souvent sectionnés. Ses chevaux se sont plusieurs fois enfuis. "C’est arrivé 4 à 5 fois en à peine deux ans. C’est dangereux. J’ai décidé de porter plainte, je voulais juste qu’on respecte ma propriété."


"On a pris mes chevaux pour m’atteindre"

Par la suite, Yveline a eu l’occasion de rencontrer le bourgmestre de sa commune, pour lui expliquer ses inquiétudes. Celui-ci a organisé une rencontre avec les comités de chasse belge et français, Meaurain étant située à la frontière entre les deux pays. L’objectif était simple: rappeler en public les droits et devoirs de chacun. Quatre jours plus tard, elle a retrouvé ses chevaux morts, dans leur box.

"On a pris mes chevaux pour m’atteindre", estime-t-elle. La propriétaire a constaté des coups de couteau de 15 centimètres, juste à côté de la carotide. "Ce sont donc des gens compétents, capables d’abattre de gros animaux." Difficile évidemment d’accuser sans preuve, mais elle pense que ses soucis avec les chasseurs sont liés avec ces tristes faits. "Comme je n’ai plus de chevaux, ils peuvent venir chasser tranquillement." Bien entendu, elle ne met pas tout le monde dans le même panier, et elle est bien consciente que de nombreux chasseurs respectent les règles.

Selon elle, le jour du drame, il n’y a pas vraiment eu d’enquête. "Les policiers ont pris une photo des animaux de loin, et n’ont même pas fait le tour du box. Ils n’ont même pas relevé les traces ou d’éventuelles empreintes."

 

Yveline a enquêté de son côté. Elle a fait un appel sur Facebook, pour savoir si des riverains avaient vu quelque chose de suspect le jour du drame. "Dans les commentaires, des sales gamins se sont vantés de l’avoir fait. Je suis allée avec la marraine de ma fille à la police, après avoir fait des captures d’écran. Les policiers ne nous ont pas prises au sérieux." La marraine de sa fille a réussi à identifier ceux qui avaient posté ces commentaires. "C'était un petit gamin qui voulait faire le malin. Mais il n’avait rien fait du tout. Elle l’a sermonné pour qu’il se rende compte de ce qu’il disait, et ça s’est arrêté là. C’était une bêtise à vérifier, mais on a dû le faire nous-mêmes." 


"C’est vraiment un drame humain"

Depuis lors, elle vit un cauchemar. "Je ne vais plus dans la prairie, je l’ai rendue au propriétaire. C’est trop dur pour moi. C’est vraiment un drame humain." Elle ressent aussi un profond sentiment de culpabilité, estimant qu’elle n’a pas réussi à protéger ses animaux. Mais aussi un sentiment d’injustice. "Les personnes qui ont fait ça ne se sentent pas du tout en danger. Dans ce monde c’est uniquement quand on touche à l’argent qu’on est puni. Moi on a tué mes deux bébés, mais tout le monde s’en fiche. C’est très frustrant, il faut vivre avec sa souffrance."

Jusqu’à présent, elle explique que la police ne lui a pas donné de nouvelles. Pour elle, le problème est plus grave que la lenteur des procédures. "Le dossier n’a été attribué à aucun enquêteur. On ne sait même pas où il est."

Ce sont les policiers de la zone des Hauts-Pays qui sont intervenus sur les lieux le jour du drame. Selon eux, tout a été fait dans les règles. "Au niveau de notre zone, l’enquête a été faite, il y a un PV qui a été rédigé", détaille Frédéric Carton, directeur de proximité de la zone de police des Hauts-Pays. 

On est dans de la maltraitance animale, d'une gravité extrême

Il assure que de tels actes de cruauté ne sont pas pris à la légère au sein de sa zone de police. "Ce genre de faits n’est pas du tout courant, et je comprends le désarroi de cette dame. On est dans de la maltraitance animale, d'une gravité extrême. Il y a une nouvelle loi qui est sortie, il y a des organismes de protection à présent. Donc tout cela est pris très au sérieux."


Le dossier transmis au Parquet

Pour le bon déroulement de l’enquête, Frédéric Carton ne peut pas détailler l’ensemble des devoirs qui ont été menés, ni leurs résultats. Mais il assure que les agents ont mené des enquêtes de voisinage, ont analysé des caméras, et ont fait toutes les vérifications qui s’imposaient. "L’enquête a été menée et est prise au sérieux. Malheureusement, il n’y a pas vraiment de suspect en ce moment." Le dossier a ensuite été envoyé au Parquet, comme le veut la procédure. "A ce moment-là, le substitut peut demander des devoirs supplémentaires, à notre zone de police comme à une autre zone, s’il trouve une piste."

Nous avons contacté le Parquet de Mons. Son porte-parole assure ne pas avoir connaissance d’un tel dossier, en tout cas pour le moment. Même indication au Parquet de Tournai. "Il est également possible qu’il n’ait pas encore été entièrement transmis, qu’il ne soit pas encore attribué", précise le porte-parole, Frédéric Bariseau.


La police reste disponible

Le directeur de proximité de la zone de police des Hauts-Pays, Frédéric Carton, conseille à Yveline de recontacter ses agents. "Il lui est tout à fait possible de prendre contact avec nous. Nos enquêteurs l’informeront de ce qui a été fait. C’est un droit de demander quelles sont les suites du dossier", ajoute-t-il.

Tout ce que veut Yveline, c’est évidemment retrouver celui ou ceux qui ont commis de tels actes et enfin connaitre la vérité. "C’est un traumatisme à vie. Que le coupable puisse être puni, ça serait un petit soulagement." Elle veut absolument se battre jusqu’au bout. "On m’a dit qu’il fallait que je commence à me calmer. Moi je prends ça pour de nouvelles menaces… Mais je ne compte pas m’arrêter."

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